Le verbe qui claque et la basket sans chaussette, Jean-Pascal Zadi a plié le game avec "Tout simplement noir", un premier long joyeusement foutraque où il convoquait la fine fleur des artistes noirs de France et de Navarre. Natif de Seine-Saint-Denis, biberonné au rap West Coast et aux comédies ivoiriennes, "Puff Zadi" est revenu d'à peu près tout : le rap, le foot et la Normandie. Un black mic-mac dont il tire aujourd'hui sa force. César en pocha, le voilà propulsé dans la cour des grands, loin des banlieues où Canal+ l'envoyait discuter jardinage avec les "gars du ghetto", il y a dix ans.

Du haut de son mètre 90, Adam Driver pourrait toiser ses contemporains. L'arrogance ne sied pourtant pas à l'un des acteurs les plus intrigants de sa génération. Son animalité brute révulse autant qu'elle séduit un public abondamment nourri d'images de ses abdominaux. De l'enfant de choeur consumé par une rage aveugle au sex-symbol de papier glacé, voici l'histoire incandescente d'un American sniper égaré entre New York et Los Angeles.

Pistolero, chevalier, magistrat, peintre, 'carabiniere', journaliste, il est l'homme aux mille et une vies. A cheval entre le western spaghetti et l''actioner' cheeseburger, Franco « Django » Nero incarne un certain cinéma de quartier où communièrent classe ouvrière et cinéphiles dans les années 60-70. Une filmographie bigarrée, longue de sept décennies, aux côtés de Bunuel, Fassbinder, Chabrol et Tarantino. Les yeux bleus délavés, la peau tannée par le soleil de l'Italie, Django nous offre un duel palpitant comme à ses plus belles heures.

Il y a deux ans, Alec Baldwin tuait la cheffe opératrice Halyna Hutchins d'une balle dans la poitrine sur le tournage de" Rust". L'accident a fait les gros titres de la presse mondiale pendant des jours et généré un flot de questions. Et après ? Armuriers, syndicats et studios se sont longtemps fusillés du regard. Ils ont depuis fait parler la poudre...

James Gray, David Lowery, Martin Scorsese ont tour à tour jeté leur dévolu sur lui. À 56 ans, le journaliste et écrivain David Grann ne peut plus rien publier sans attirer l'attention d'Hollywood. D'aucuns parleront d'un syndrome Stephen King. Ses récits palpitants se nichent dans les plus sombres recoins de l'Histoire, des meurtres des Osages dans "La Note américaine" au naufrage d'un vaisseau britannique du XVIIIe siècle dans "Les Naufragés du Wager". Le premier a donné lieu à "Killers of the Flower Moon", sorti le mois dernier. Le second est déjà promis à une adaptation du même calibre.

Dans les années 60, les studios de Dino De Laurentiis ont appâté Hollywood sur les berges du Tibre. Rattrapé par le jeu politique, le mogul italien poursuivra son odyssée en Amérique, laissant derrière lui une maison fantôme... convertie en parc d'attractions.

Une soixantaine de films et douze Oscars au compteur, de la franchise "Rocky" à Scorsese... Le CV d'Irwin Winkler a peu d'égal et, à 91 ans, il enchaîne encore les uppercuts au box-office avec "Creed III" Il se confie avec une énergie intacte et une gouaille toute new-yorkaise.

Ils sont au centre de la grande famille du cinéma français : deux producteurs de légende, Jean-Pierre Rassam et Claude Berri, amis et beaux-frères Un clan qui a fait les grandes heures du cinéma hexagonal, mais dont le destin est aussi ponctué de tragédies... Sommaire. Dynastie. La grande évasion.

Venir au secours d'un Polanski à la dérive n'était pas une bonne idée. "Les Pirates" fera boire la tasse au Tunisien Tarak Ben Ammar ; et coulera par le fond son petit commerce de cinéma...

Près de trente ans après le premier "Jurassic Park", la vie continue de trouver un chemin pour Jeff Goldblum. Aux côtés de Sam Neill et Laura Dern, il revient semer le chaos dans "Jurassic World : Le Monde d'après", dernier volet d'une saga titanesque, en salles le 8 juin. Pas blasé pour un sou du grand spectacle hollywoodien, l'acteur-jazzman continue de clamer son amour pour les scientifiques et le cinéma de David Lynch. Rencontre au sommet avec le vrai prince du cool.

Dandy nonchalant pour les uns, Brian Ferry français pour les autres, Alain Chamfort cultive un certain goût de la séduction avec une rare délicatesse. Ce charme discret à la Henry Fonda, Serge Bozon en joue dans le "Don Juan" qu'il présente cette année au Festival de Cannes. L'esthète pop y prête ses traits à un Commandeur mélancolique face au libertin cafardeux brillamment interprété par Tahar Rahim. Peu familier des plateaux de tournage, Chamfort trouve là le plus bel écrin pour jouer de son élégance gracile aux côtés de Virginie Efira.

"Connu à Hollywood comme le 'Docteur George Miller' parce qu'il y a deux cinéastes australiens du même nom. A commencé comme médecin. Très discret, très drôle, manifestement gentil. Cinq films, cinq succès. (Les trois 'Mad Max', le seul bon épisode de 'La Quatrième Dimension', 'Les Sorcières d'Eastwick')." Le scénariste William Goldman brossait en ces termes le portrait de son camarade de jury cannois dans "Hype and Glory". George Miller n'a pas beaucoup changé une trentaine d'années plus tard. Une opulente chevelure blanche. Quelques excellents films en plus sous le capot.

À l'orée des années 1980, Robert Evans et Francis Ford Coppola filent un mauvais coton. L'un se noie dans la coke, pendant que l'autre croule sous les dettes. Pour remonter à la surface, les frères ennemis du Parrain s'accrochent à une bouée de sauvetage en plomb, Cotton Club. Investisseurs évoluant en eaux troubles, scénario à la dérive, tournage tempétueux... Le paquebot lancé par Evans, pris dans les filets judiciaires, s'échouera sur les rives du box-office. À bord, arnaques, crimes et spaghettis étaient au menu. Voici l'histoire d'une mauvaise tambouille.

Les yeux brillants, la parole habitée, Ben Foster porte les plaies des personnages qui ont meurtri sa chair depuis bientôt trente ans. Son dernier chemin de croix ? Une histoire vraie, celle du boxeur Harry Haft à Auschwitz, que raconte Barry Levinson dans "The Survivor" (diffusé sur HBO). Sans doute le rôle d'une vie pour un acteur souvent visité par le fantôme des Noëls passés.

Conspuée par une horde de fans toxiques, admirée par ses pairs jusque dans les plus hautes sphères, la super-productrice Kathleen Kennedy porte sur les épaules le poids d'un machisme atavique et corporatiste. A la tête de Lucasfilm, elle paie le tribut de son ascension fulgurante. Trois courtes années lui auront suffi pour passer du rang de secrétaire d'un fou de la gâchette à productrice de l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma.

Il aime se présenter comme un « Aveyronnais, tiraillé entre le Sud-Ouest et l'Auvergne ». Alain Guiraudie est un promeneur de longue haleine. Un cycliste chevronné doublé d'un amoureux de géographie. Un rêveur bavard mais solitaire. Au gré de ses voyages, ses films dessinent une carte de la France rurale où le désir peut jaillir au bord d'un lac comme d'une route. En Occitanie, il passe pour un « rabalaïre ». Comprenez : un type qui bourlingue et s'invite chez les gens.

C'est l'un des auteurs de SF les plus prolifiques de France. Pierre Bordage est tombé dans la marmite cosmique au milieu des années 70 en découvrant les "Chroniques martiennes" de Ray Bradbury, tandis que le jeune Bertrand Mandico dévorait l'histoire d'"Ulysse" revisitée par Lob et Pichard. Mandico (dont le nouveau film-trip "After Blue" ("Paradis sale") sort le 16 février 2022) et Bordage sont chacun à leur façon des hybrides sortis de leurs propres oeuvres. Ils dissertent sur leurs mondes fascinés par l'érotisme, les galaxies lointaines et les batailles homériques.

Décédé le 6 janvier 2022à 82 ans, Peter Bogdanovich a vécu la vie de cent hommes. Metteur en scène ultra-précoce à Broadway, il devient programmateur pour les rétros cinéma du MoMa, puis journaliste pour Esquire. Il passe les années 60 entre New York et Los Angeles où les vieux pionniers de Hollywood le régalent de leurs anecdotes. Il devient réalisateur à 29 ans en intégrant l'écurie Roger Corman.

Sept ans après la petite claque qu'était "Mate-Me por Favor", Anita Rocha da Silveira est de retour avec une nouvelle satire de la société brésilienne gangrénée par la montée du conservatisme religieux. Derrière ses accents pop façon Dario Argento, "Medusa" piétine les milices évangélistes ultra-violentes et les gangs d'influenceuses qui, lorsqu'elles ne sont pas en train de nous apprendre "dix manières de faire un selfie à la gloire de Dieu", mènent des expéditions punitives contre des "pécheresses" à la nuit tombée. Rencontre avec une cinéaste engagée venue pousser un cri de ralliement.

L'histoire derrière le court métrage "Call from Space" est un roman de terroir bigger than life. Le dernier tour de piste improbable d'un géant américain, Richard "Dick" Fleischer, avec deux autres mammouths : Charlton Heston et James Coburn. En son centre, Roger Wielgus, producteur "à l'américaine" de ce film aujourd'hui invisible. Il fallait en effet une sacrée dose de mégalomanie pour imaginer attirer l'Europe entière en Lorraine avec un court métrage hollywoodien projeté dans un parc Schtroumpf...

Imaginez un pays sans "vieux films" ni archives télévisées, où les rares cinémas encore ouverts ne diffusent que des blockbusters récents. Ce pays en manque d'images, c'est le Liban. Comment reconstruire son histoire quand on a la mémoire qui flanche ? Par l'archivage. C'est la mission de l'association Métropolis partie en croisade contre l'amnésie en bâtissant une cinémathèque virtuelle. Enquête au pays du Cèdre.

De ses débuts comme petite amie sexy dans des 'teens movies' devenus cultes à son triomphe récent dans des rôles de créatures indociles, Emma Stone a fait du chemin pour imposer à Hollywood ses grands yeux d'extraterrestre. Son dernier film, "Kinds of Kindness", est en compétition à Cannes et pourrait bien tout rafler. Portrait d'un drôle de spécimen, passé maîtresse dans l'art de la métamorphose.

De la filmographie de Peter Weir émergent des titres populaires ("Le Cercle des poètes disparus", "Master and Commander", "The Truman Show", "Witness") qui occultent des oeuvres mésestimées ("Mosquito Coast"). Rencontre avec un humaniste de la Renaissance australienne, travaillé par le goût du romanesque et de l'artisanat.

Au milieu des années 90, au sommet de sa carrière de cinéaste. Spielberg se lance dans une autre odyssée mêlant deux de ses passions : les fonds marins et la malbouffe. Avec la même réussite ?

Que seraient les tournages sans elles ? Impossible à dire. Parce qu'elles sont, idéalement, un lieu de rencontre et de repos, et parfois même de gourmandise grâce à des chefs comme Antony Cointre, les cantines de cinéma occupent un rôle bien plus stratégique qu'il n'y paraît. Moitié Rabelais, moitié Jean-Pierre Coffe, le "gros" a donc mis un point d'honneur à y relever l'art de la tambouille, depuis une quinzaine d'années. Rencontre avec le meilleur officier de catering du septième art, pour qui les arrière-cuisines du cinéma n'ont plus aucun mystère.

Avec "Vatel", Roland Joffé redonne vie aux somptueux banquets du temps du Roi-Soleil. Poulets engloutis, mystérieuse disparition de parmesan et Depardieu douteux : récit d'une superproduction à la sauce anglaise, qui a pris le bouillon en l'an 2000.

Incorruptible justicier, sex-symbol tartignole, cow-boy renégat ou homme-poisson pilote de catamarans, l'insubmersible Kevin Costner n'a cessé de courir après une certaine idée de l'héroïsme à l'américaine, sans craindre les échecs - parfois colossaux - ou les procès en ringardise. Désormais aux prises avec sa saga "Horizon", énième projet plus gros que le ventre dont Hollywood ne sait quoi faire, l'éphémère roi du box-office aura été boudé par quasiment tous les grands cinéastes de son temps. La faute à un caractère réputé ingérable ?

Actrice ? Boxeuse ? Militante ? Kali Reis est un peu tout ça à la fois. Dix-huit victoires sur le ring. Trois rôles à son actif, pour l'instant. Un poing dressé face à la justice sourde aux assassinats des Amérindiens. La pugiliste la plus prometteuse du cinéma américain crève l'écran dans la saison 4 de "True Detective". Un KO total dont Hollywood n'est pas près de se remettre. Portrait d'une cogneuse à plumes.

On ne présente plus Francis Ford Coppola. Alors que le maître revient avec "Megalopolis", film fou et désarçonnant, il évoque longuement sa carrière, ses démons et ses ambitions. En tout cas, il l'assure, il fera encore du cinéma "dans 20 ans".