La Franco-Sénégalaise de 42 ans a remporté en février dernier l'Ours d'or à la Berlinale avec "Dahomey", un documentaire politique sur la restitution des oeuvres d'art africain où le fantastique vient se lover dans le réel. Itinéraire d'une cinéaste puissante.

Dix-sept ans déjà depuis "La Graine et le Mulet". Dix-sept ans qu'Hafsia Herzi multiplie les rôles exigeants dans le cinéma d'auteur et réalise ses propres films, loin de tout plan de carrière tracé à l'avance. Aujourd'hui à l'affiche de "La Prisonnière de Bordeaux", de Patricia Mazuy, l'ancienne ado des quartiers nord de Marseille fait le bilan.

Mohammad Rasoulof met magistralement en scène un violent conflit familial directement lié à l’opposition entre le régime iranien et le mouvement « Femme, vie, liberté ».

Une foultitude de films nous ont fait visiter les coulisses d'un tournage, partager les affres d'un cinéaste en proie au doute ou à l’incompréhension de ses comédiens. Nombreuses également sont les oeuvres qui nous ont fait entrer dans les loges d'un théâtre au moment où le rideau va être levé pour vibrer à l'unisson de ceux qui s'apprêtent à monter sur scène. Et nous ne dirons rien de ces innombrables films mettant en scène un peintre, ses pinceaux à la main, face à son inspiration. Ce sont des moments magiques.

Il y a évidemment autant de façon de s approprier les films qu'il existe de spectateurs. Il n'y a aucune honte à ne considérer le cinéma que comme seul outil de divertissement. Mais il n'est pas interdit non plus de lui accorder un statut qui l'élève au rang de ce qui nous est essentiel dans nos vies. Les films nous accompagnent dans notre connaissance du monde et des êtres, ils cristallisent aussi nos émotions les plus intimes.

A la fin du siècle dernier, Wim Wenders faisait remarquer avec dans la voix une pointe d'ironie qu'"Independence day" (un film catastrophe dans lequel le président des Etats-Unis, incarné par Bill Pullman. sauvait la planète à lui tout seul) et "Air Force One" (un thriller mettant en scène le président des Etats-Unis, incarné par Harrison Ford, alors qu'il vient à bout à la force des poignets d'un groupe de terroristes ayant détourné l'avion présidentiel) avaient en commun d'avoir été tournés par des cinéastes allemands, des compatriotes.

En revisitant en 2023, l'un des événements judiciaires majeurs du XXe siècle, l'affaire Pierre Goldman, Cédric Kahn affronte à la fois un personnage, une époque, mythifiés et donc, forcément, opaques : celle de l'après 68 où le procès, pour le meurtre de deux pharmaciennes, d'un homme à la fois militant gauchiste et petit gangster, devint une cause médiatique et politique incontournable, à gauche et à droite.

Suite à la mort suspecte de son mari, retrouvé sans vie au pied de leur chalet isolé en pleine montagne, une écrivaine reconnue se retrouve accusée de meurtre. Sous couvert de mettre au jour la vérité, son procès, auquel assiste leur fils malvoyant de 11 ans, devient rapidement une plongée brute et quasiment chirurgicale dans la relation intime du couple, dont tous les secrets sont étalés au grand jour.

Pour installer le spectateur au coeur du drame, Agnieszka Holland met en question le titre de son film dès les premières secondes. Un drone filme la cime des arbres immenses et magnifiques de la frontière orientale de la Pologne. C'est la "green border". Le vert disparaît et laisse place au noir et blanc qui durera les deux heures trente-deux du récit. Au coeur du drame, donc, Holland nous parle d'urgence, de catastrophe.