Avec "Days", tourné juste avant la pandémie, Tsai Ming-Liang propose un cinéma aux antipodes de la sérialisation des plateformes et des studios, et fait de la contemplation un acte de résistance aux histoires industrialisées polluant notre imaginaire.

Un village occitan : sa placette où l'on se retrouve la nuit, ses murs qui forment comme une muraille, son labyrinthe de rues vides. Si le décor paraît familier, dès les premiers plans, Jean-Baptiste Durand se détache d'un strict naturalisme. On dirait le Sud, mais avec une lumière très douce, tamisée, parfois même voilée. D'emblée, "Chien de la casse" impose sa stylisation, qui l'inscrit dans une généalogie remontant à Pagnol, Giono, voire au Renoir de "Toni". Sommaire. Un Hérault très discret, la critique du film. Partir de l'acteur, entretien avec Jean-Baptiste Durand.

Depuis plus de vingt ans, la directrice de la photographie Céline Bozon donne ses couleurs à un cinéma français à la lisière de l'intime et du fantastique, dépoussiérant le film historique avec l'image vibratile de "La France" de son frère Serge Bozon (2007) ou rendant leur étrangeté aux forêts africaines de "Félicité" d'Alain Gomis (2017). Son approche de l'image : une rigueur technique portée par une philosophie du regard.

Il faut un doigté magique pour assembler des chapitres appartenant à autant d’histoires entrecroisées : celle d’un amour ravageant, celle de la Pologne stalinienne des années 1950, celle de la musique, entre les chants et danses des paysans polonais, le jazz des clubs parisiens et le rock and roll, enfin celle du cinéma, captée à travers un sublime noir et blanc et l’éblouissante bande-son dans les arrangements du pianiste Marcin Masecki.

Nous avançons dans un véhicule tout terrain, à la lumière des phares, à travers un espace vierge, pour nous arrêter un peu plus loin, sur une scène de crime. Au loin, le cadavre d'une femme. Elle est nue et sa présence semble inattendue au milieu de ce no man's land Mais au fond pas plus que cela tant l'étrangeté qui nimbe le film s'installe durablement pour ne pas s'en extraire, pour ne pas nous quitter. On croit un moment à un thriller, le cinéma chinois n'étant pas le dernier à proposer quelques joyaux du genre.

Des Lumière à Chaplin et Eisenstein, le cinéma s'est nourri des autres arts autant qu'il les a transformés. De Rouen à Nice, une kyrielle d'expositions explore le phénomène cet automne 2019. /Texte

L'arrivée d'un nouveau film d'Artavazd Pelechian, après vingt-sept ans de silence, constitue en soi un événement. "La Nature", fruit de dix années de travail, est le point d'orgue d'une exposition consacrée au cinéaste arménien à la Fondation Cartier, jusqu'au 7 mars 2021. Parallèlement, la Cinémathèque Française proposera cet hiver une rétrospective de son oeuvre. L'article se poursuit avec "Un miroir de la fragilité humaine", l'entretien avec le cinéaste roumain Andrei Ujica, qui a participé à la production de "La Nature" et a suivi de près son long processus de fabrication.

La sortie en Blu-ray, par les éditions Carlotta, de l'oeuvre cinématographique du photographe et réalisateur indépendant américain Morris Engel, qui a été actif dans le 7e art dans les années cinquante et soixante, constitue un moment fort qui remet en perspective diverses strates de la modernité.

Cette adaptation de "Macbeth", premier film de Joel Coen auquel son frère Ethan n'ait pas participé, est sans conteste un des événements cinématographiques de ce début d'année. « Cinématographique » ? Il est, une fois encore, à déplorer que le film ne soit pas montré dans les salles de cinéma pour lesquelles le projet, avant la pandémie, avait été conçu.

Inexplicablement absent de la dernière compétition cannoise, Tromperie s'impose comme un des meilleurs films français de l'année et une des plus grandes réussites d'Arnaud Desplechin. Du brillant roman de Philip Roth, apparemment impossible à adapter (une longue suite de dialogues aux protagonistes difficiles à identifier dans des lieux non décrits), le cinéaste crée une oeuvre étonnante d'intelligence et de vérité psychologique. Denis Podalydès, dans un rôle inhabituel, est entouré d'une pléiade d'actrices éblouissantes pour donner corps à ces scènes de la vie extraconjugale.

Du 8 juin au 18 septembre 2022, l'exposition « Les pieds dans l'eau » au Jeu de Paume célèbre une oeuvre réjouissante où dialoguent la science et les avant-gardes.