La crise déclenchée en 2008 est fondamentalement une crise de surendettement, qui n'a pas été résolue par l'intervention des Etats. Ceux-ci ont maintenant pris en charge les dettes privées, réduisant d'autant leurs futures marges de manoeuvre. Une nouvelle crise est-elle enclenchée ?

Si l'euro échoue, annonçait la chancelière allemande Angel Merkel, le 13 mai 2010, c'est l'Europe qui échoue. Onze ans après la création de l'euro, la Banque centrale européenne a renoncé à tous ses principes pour tenter d'enrayer la crise financière. Un seul mot d'ordre : sauver la monnaie unique. Enquête sur les fondements de volontarisme europhile. Et sur ses bénéficiaires.

A la veille d'un Conseil européen consacré à la crise de la dette, le Parlement portugais rejetait, le 23 mars 2011, un plan destiné à réduire le déficit en rognant sur les dépenses sociales. Inébranlables, les gouvernements de la zone euro continuent à prescrire la pilule amère de la rigueur.

La crise de la dette qui balaie certains pays européens prend une tournure inédite : née du choix des Etats d'emprunter pour sauver les banques, elle place des pouvoirs publics exsangues sous la tutelle d'institutions soustraites au suffrage universel. Le destin des peuples de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande ne se forge plus dans les Parlements, mais dans les bureaux de la Banque centrale, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international. En attendant une convergence des mouvements sociaux ?

″Pression salutaire″ pour l'Allemagne notamment, mais aussi l'Autriche ou la Finlande, l'euro fort est cependant vécu comme un réel handicap par d'autres Etats membres de l'Euroland (Grèce, Espagne, Irlande, Portugal...), affaiblis par la crise économique et financière, et bien incapables de respecter le Pacte de stabilité et de croissance, adopté en 1997 afin d'éviter l'apparition de déficits publics excessifs.

Lumière, début 2011, sur la question de la dette des Etats membres de l'Union européenne au sortir de la crise économique mondiale. Une dette disparate en fonction des Etats : de nombreux pays ont dû accroître leur endettement au cours de la crise afin d'aider les citoyens et acteurs économiques. Mais alors que certains en ont payé le prix fort d'autres, comme la France, continuent à accroître leur déficit public. Points abordés : la boule de neige du déficit, une contrainte forte pour la décennie à venir ; l'opposition, en France, serait-elle plus efficace ? ; les remèdes possibles.

Pour que les citoyens ne soient pas les seuls à supporter le fardeau de l'austérité, les Européens ont décidé en urgence que les créanciers partageraient le coût de la crise à partir de 2013.

La crise de la dette a mis à mal le fragile édifice européen. Elle a accentué le divorce entre les pays du Nord et ceux du Sud, mais aussi entre les banques centrales et les dirigeants politiques... Sous l'oeil inquiet des marchés financiers.

Surendettement européen, risque de stagflation outre-Atlantique, bulle financière et immobilière en Chine et dans les pays émergents : la fragilité des trois grandes zones économiques mondiales rend urgent le sauvetage de la zone euro. En attendant les prémices d'une véritable intégration économique...

Sommée par ses partenaires de dénouer la crise de la dette, l'Allemagne hésite entre ses intérêts et ses responsabilités. En imposant ses diktats, au risque de mettre en danger l'Union...

Plans de rigueur en Italie et en Grèce, nouvelles mesures d'austérité en France, la crise de l'euro débouche sur un contrôle renforcé des pays endettés. Partager la même monnaie que les pays du nord de l'Europe impliquera de partager aussi leurs convictions économiques.