Malika Sorel-Sutter, membre du Haut Conseil à l'intégration, déboulonne les idées reçues.

L'intervention des Français dans la vie sociale et politique a fortement évolué depuis plusieurs décennies. Leur mobilisation prend de moins en moins la figure d'une action collective rassemblant des personnes proches par leur statut ou leur groupe social au profit d'une mobilisation plus individuelle et plus distanciée à l'égard des organisations. Les formes d'engagement se transforment également et les revendications « post-matérialistes » (droit des femmes, famille, environnement...) occupent une place croissante.

Depuis les années 1990, la laïcité, instaurée en France par la loi du 9 décembre 1905, est redevenue un objet de débat. Pour Jean Baubérot, qui distingue dès le vote de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat une laïcité antireligieuse, une autre gallicane et enfin une laïcité séparatiste mais de nature stricte ou au contraire inclusive, sa définition ne saurait être univoque.

La pauvreté extrême, la déchéance physique et le sentiment d'échec n'entament pas toujours le désir d'intégration collective. Les SDF rencontrés dans les rues parisiennes ou le métro semblent ressentir le besoin d'affirmer leur appartenance à une communauté plus large que celle des seuls mal-logés.

L'intégration des immigrés repose sur la capacité du modèle français à accueillir des populations d'une grande diversité, et le plus souvent, dotées d'un faible capital social. Elle nécessite un effort public supplémentaire pour rompre avec le processus de relégation qui perpétue l'image des classes dangereuses, confondue avec celle des jeunes immigrés.

La victoire de l'équipe de France lors de la Coupe du monde en 1998 a changé la perception du football. Ce sport est devenu un exemple de réussite de l'intégration à la française. Il est temps de briser ce mythe : le football ne peut être le seul avenir des jeunes issus des quartiers défavorisés.

Les événements du début janvier 2015 en France questionnent le rapport entre religion et politique, au-delà de l'intégration de l'islam dans un régime de laïcité. Il en va de la refondation de l'idée de civisme et d'une meilleure dialectique entre ces deux instances. S'ils jouent le jeu de l'ouverture, les chrétiens peuvent apporter une contribution significative.

Fait-il mal vivre en France ? Alors que certains appellent à la quitter ou menacent de le faire, d'autres rentrent au bercail après plusieurs années d'expatriation. Un atterrissage souvent brutal pour ces « impatriés », qui se sentent comme étrangers dans leur propre pays. Et n'épargnent pas l'Hexagone.

Parmi les apprentissages à l'école, il y a celui de l'écoute de l'autre, de la place qui revient à chacun et du sens de la responsabilité. Deux films rendent compte de ce qui se passe "entre les murs".

La France avait un modèle en matière d'accueil des immigrés: l'assimilation; elle n'en a plus. Tel est le constat de départ de Michèle Tribalat dans son dernier livre, « Assimilation. La fin du modèle français » (Éd. du Toucan, 2013). L'assimilation a été dénoncée pour sa brutalité, puisqu'elle demandait la mise à l'écart de leur culture d'origine de la part des nouveaux arrivants. On a préféré parler d'intégration, ou encore d'insertion, notions plus respectueuses de la diversité culturelle.

De manière générale, les revendications identitaires qui peuvent conduire à la rupture djihadiste semblent liées aux difficultés du processus d'intégration. Boualem Sansal apporte son témoignage, en écrivain, sur les écueils de ce processus, les pesanteurs qui s'y opposent et les contrecoups de son échec.

Le séisme provoqué par la tragédie de Toulouse ne fait que commencer. Une semaine après les tueries, reportages de Toulouse à Jérusalem sur des communautés de toutes confessions. Regards de sociologues, de cinéaste et focus sur des candidats à la présidentielle qui poursuivent leur campagne.