Il est des affaires si complexes qu'elles ne peuvent avoir un seul coupable. Depuis longtemps, l'hypothèse de la défaillance isolée de Jérôme Kerviel, "crazy trader" dupant ses supérieurs, piranha boursier passé entre les mailles du filet, soulevait des doutes. Aujourd'hui, le témoignage de Nathalie Le Roy, celle-là même qui mena l'enquête, les transforme en certitudes : la version des faits figée par la justice n'est pas la bonne, en tout cas elle n'est pas suffisante. Au nom de la vérité, il faut tout reprendre au début, il faut un nouveau procès.

Quand le réalisateur des "Choristes" s'attaque à la finance... Notre spécialiste a vu "L'Outsider".

L'ex-tradeur a été condamné à verser 1 million d'euros de dommages et intérêts sur les 4,9 milliards de pertes subies par la banque

Depuis 2008, "l'affaire Kerviel" occupe les médias. Les camps se sont formés : pour certains, la banque savait et a laissé faire, pour d'autres le trader a agi seul. Notre enquête va au-delà pour comprendre ce qu'il s'est passé la semaine du 21 janvier, dans la salle des marchés, une fois Kerviel renvoyé chez lui. Les 4,9 milliards que le trader est supposé rembourser ont-ils vraiment été perdus ? Quel a été le rôle exact de Daniel Bouton, pdg de la banque ? L'Etat français a-t-il eu raison d'accorder un crédit d'impôt de 2,2 milliards à la banque ?

C'est l'histoire d'un petit trader, entré par la petite porte dans la prestigieuse salle des marchés d'une des plus illustres institutions financières et qui lui a finalement fait perdre 5 milliards d'euros.

Moussa Bakir n'ignorait rien des pratiques de son ami, avec lequel il partageait les joies et les peines. Leur correspondance cachée, révélée par "Le Nouvel Obs", jette une lumière crue sur la plus grande fraude de l'histoire.

Lors de sa garde à vue dans les locaux de la brigade financière, Jérôme Kerviel, le trader soupçonné d'être à l'origine d'une perte de 4.9 milliards d'euros de la Société générale, a parlé. Il a crânement assumé ses prises de position risquées.

Un rapport de la brigade financière dément fermement les dires d'une ancienne commandante de police évoquant une erreur judiciaire. L'éventuelle révision du procès Kerviel s'annonce plus difficile encore.

Christophe Barratier, le réalisateur des "Choristes", raconte par le menu l'ascension et la chute du trader de la Société générale, Jérôme Kerviel.