Dans son nouveau livre, Emmanuel Todd expose son analyse de la crise mondiale. En exclusivité pour "l'Obs", il revient sur Trump, le Brexit et Macron, et renvoie dos à dos élitisme et populisme. Entretien.

Afin de résumer les termes de son duel avec M. Emmanuel Macron, incarnation selon elle de l’"argent roi", Mme Marine Le Pen a célébré la France "qui protège nos emplois, notre pouvoir d’achat". En matière économique, le Front national se situe volontiers sur un terrain jadis occupé par la gauche. Mais le libéralisme ne lui pose aucun problème dès lors qu’il reste hexagonal.

Pour l'essayiste Gaspard Koenig, seul le marché apporte la liberté aux individus. Pour le philosophe Pierre Zaoui, il faut au contraire le réguler pour lutter contre les inégalités. Débat.

Qui sont les penseurs économiques dont s'inspire le nouveau président ? D'où viennent ses obsessions pour l'"égalité des chances" et les "capacités" ? Analyse.

Les réponses apportées à la crise de 2008 ont déstabilisé l’ordre politique et géopolitique. Longtemps perçues comme la forme ultime de gouvernement, les démocraties libérales sont sur la défensive. Face aux "élites" urbaines, les droites nationalistes mènent une contre-révolution culturelle sur le terrain de l’immigration et des valeurs traditionnelles. Mais elles poursuivent le même projet économique que leurs rivales. La médiatisation à outrance de ce clivage vise à contraindre les populations à choisir l’un de ces deux maux.

"L'homme est un loup pour l'homme" est l'un des refrains du credo libéral. Dans "le Loup dans la bergerie", un nouvel essai décapant, le philosophe Jean-Claude Michéa dénonce la naïveté de la gauche contemporaine.

Cela fait des années que les économistes sont engagés dans ce débat. D'un côté, il y a celles et ceux qui expliquent que la France est devenue un enfer néolibéral aux conséquences désastreuses. De l'autre, on leur rétorque qu'avec un niveau de dépenses publiques et de prélèvements obligatoires régulièrement classé parmi les plus élevés du monde, nous restons dans une économie ultrasocialisée et que le mythe de la France libérale n'est justement que cela : un mythe. Alors, nous avons voulu en avoir le cœur net. La France s'est-elle oui ou non engagée dans la voie libérale ?

Francis Fukuyama s'est fait connaitre à travers un essai best-seller "La Fin de l'histoire et le dernier homme" où, prenant acte de l'effondrement du bloc soviétique en 1989, il avançait que le "monde libre" et la "démocratie libérale" l'avaient emporté sur tous les autres régimes politiques. Nous entrions dans la "fin de l'histoire" et un monde pacifié et plus libre. Vingt-deux ans plus tard, le politiste américain, professeur d'économie politique à l'université Johns-Hopkins (Maryland), déchante.