Douze ans après "Les Bienveillantes", Jonathan Littell revient à la forme longue avec "Une vieille histoire" : un roman labyrinthe dont les portes mènent à la violence, à la guerre, au sexe. Cauchemar ou réalité ? Un pari ambitieux et une réussite. Interview.

Au mois de mai, l’auteur des "Bienveillantes", Jonathan Littell, s’est rendu en reportage en Ukraine, pays qu’il connaît bien, accompagné du photographe Antoine D’Agata. L’écrivain franco-américain a vu paysages de désolation et charniers et a recueilli de terribles témoignages.

Son documentaire sur d'ex-enfants-soldats de la LRA, organisation politico-religieuse ougandaise qui sévit depuis la fin des années 1990, fera certainement moins de bruit que ses "Bienveillantes". Il n'empêche qu'avec "Wrong Element"s, Jonathan Littell continue d'analyser les pulsions les plus viles de l'être humain.

La scène se passe quelque part aux confins de l'Ouganda et du Soudan du Sud, trois jeunes gens qui déambulent dans le bush - une sorte de terrain vague à l'échelle d'une prairie entière. C'est une scène du film de Jonathan Littell, "Wrong Elements", dix ans après la parution spectaculaire des "Bienveillantes". Changement de décor - hors fiction : ici trois jeunes gens, kidnappés à la fin des années 80 par les membres d'une secte, la Lord's Resistance Army, l'Armée de résistance du Seigneur. Ils avaient quinze ans, on a fait d'eux des tueurs, des tortionnaires.

Jonathan Littell a passé quinze jours dans la ville syrienne assiégée. Il livre un témoignage brut de l'horreur qui s'y joue à huit clos. Récit d'un carnage.

L’auteur des "Bienveillantes" laissait planer le doute sur la poursuite de son oeuvre romanesque. Tout à trac, il publie un récit où, dans un espace cubiste, un narrateur se métamorphose et reprend tout à zéro, à sept reprises.

L'écrivain appelle à ne pas avoir peur face aux menaces nucléaires de Vladimir Poutine. Et à tout faire pour provoquer sa défaite militaire en Ukraine.

Applebaum, Littell, Khodorkovski, BHL ... Ces intellectuels, artistes ou opposants tirent les leçons d'un an de guerre et appellent les pays occidentaux à renforcer leur engagement. Sommaire. Anne Applebaum : « Si la Russie l'avait emporté... ». Sviatoslav Vakartchouk : « La guerre nous a rendus plus mûrs, plus forts ». Rouslan Stefantchouk : « Notre pays peut devenir l'Amérique de ce siècle ». Jonathan Littell : « La Troisième Guerre mondiale est là, il faut la gagner ». Mikhaïl Khodorkovski : « Ne laissons pas la tyrannie gagner ». BHL : « Un jour, les somnambules russes se réveilleront...

Les nazis qui déshumanisaient leurs victimes étaient-ils inhumains ? Pas forcément, objectait Jonathan Littell dans ce roman qui a fait date. Et la psychologie pose à son tour la question : si la tendance à déshumaniser était au contraire typiquement humaine ?

Douze ans après ses débuts triomphaux, l'auteur des "Bienveillantes" revient au roman. Il nous parle ici de nazisme et de pronographie, de Barcelone, où il vit, de la Syrie, et des questions de genre.