Face au confinement, le voyage dans le temps permet à l'humanité de réactiver une mémoire commune.

Rescapée de la Shoah, où elle perdit ses parents et son frère, Simone Veil pensait chaque jour à eux. Ce souvenir imprégnera tous ses combats.

Après Oradour-sur-Glane, c'est le plus important massacre de civils de la seconde guerre mondiale. Le 25 août 1944, 124 hommes, femmes et enfants du village de Maillé, en Indre-et-Loire, étaient abattus par la Waffen-SS. Mais la France n'a retenu de cette date que celle de la Libération de Paris. Aujourd'hui, les habitants se préparent à commémorer dans l'indifférence de l'État le triste anniversaire de la tragédie qui s'y déroula il y a quatre-vingts ans.

Avec ses quelque 5 millions d’entrées en salle et ses innombrables rediffusions à la télévision, le film de René Clément Paris brûle-t-il ?, sorti en 1966, a ancré chez les Français un imaginaire de la Libération qui a fini par se confondre avec l’événement lui-même. Le grand vainqueur politique de cette affaire, Charles de Gaulle, étant encore au pouvoir lors du tournage, se rejouaient les tensions avec les anciens résistants communistes. Au-delà du mythe et pour son 80e anniversaire, les historiens reviennent, jour par jour, sur cette folle semaine où rien n’était joué d’avance.

On est frappé, à relire les numéros de notre revue depuis quarante ans, de voir à quel point l’histoire est vivante. Elle accompagne les turbulences du monde, les découvertes de la science, les tragédies ou les interrogations sur l'identité. Elle s'attaque, inlassable, aux massifs d'archives abandonnés par les dictatures en déroute, pour y trouver des réponses aux questions laissées béantes, aux drames inexpliqués, aux aveuglements devenus incompréhensibles.

En 1953, avec la mort de Staline, de grandes révoltes éclatent dans des camps, déstabilisant le système. Les amnisties se multiplient et l’on met fin à l’administration du Goulag. Mais des colonies pénitentiaires sont créées, où sont encore emprisonnés des opposants politiques. Quand ils ne sont pas internés dans des hôpitaux psychiatriques. Sommaire. Le virus de la révolte. 1953-1964. Les revenants. Pourquoi on ne les a pas crus. Psychiatrie punitive. Les paradoxes de la mémoire russe. Bibliographie.

Cinq ans après les attentats de Paris et Saint-Denis, trois ouvrages proposent autant de manières d’en écrire l’histoire.

Quand tout s'embrase autour de lui, le Liban se fait plutôt discret. Jusqu'au jour où, sans crier gare, une crise politique éclate comme pour rappeler, s'il le fallait, l'équilibre fragile de ce petit pays. Pendant quinze ans, de 1975 à 1990, les Libanais se sont déchirés, d'abord entre confessions puis au sein des communautés. Dans les esprits, les blessures n'ont pas cicatrisé. Derrière le mantra du "vivre-ensemble", répété à l'envi par la classe politique, Beyrouth reste tantôt sunnite, chiite, druze ou maronite, selon le quartier que l'on traverse.

Le 31 mars 1964 le Brésil subissait un coup d’État qui allait le faire plonger dans plus de vingt ans de dictature jusqu’en 1985. Soixante ans plus tard, et alors qu’une tentative de putsch a secoué le pays en janvier 2023, la mémoire de la dictature reste un enjeu disputé.

Comment expliquer que les crimes du franquisme n’aient jamais été jugés, dans une Espagne pourtant acquise aux valeurs démocratiques depuis les années 1980 ? Sophie Baby mène une passionnante enquête sur la longue marche du pays vers la sortie d’un conflit l’ayant durablement déchiré.

La mémoire collective est une construction qui varie au gré des époques, des rapports de forces, des intérêts du moment.