Plus de dix ans après la répression, le régime est toujours en place et réaffirme son rôle sur la scène internationale. L'événement de 1989 n'a-t-il été qu'un épisode parmi d'autres ? N'a-t-il pas marqué un grand tournant dans l'histoire chinoise de la période ouverte en 76 par la mort de Mao.

Vingt ans de propagande ont effacé les traces du massacre du 4 juin 1989

Dans la République populaire, catholiques et protestants croissent et se multiplient à un rythme... infernal. Pris au dépourvu, le régime tente de réagir. Par tous les moyens.

Tibet, Mongolie-Intérieure, Xinjiang... Aux mouvements de contestation violente qui agitent périodiquement les marches de la République populaire, ses dirigeants opposent une implacable fermeté. Et la liste des victimes s'allonge...

Le PCC panique à l'idée d'une contamination du pays par les ″révolutions du jasmin″ arabes. Ces dernières semaines, tout ce qui bouge et ne pense pas dans la ligne est incarcéré préventivement.

En 1966, Mao lançait la Révolution culturelle, qui s'est officiellement terminée dix ans plus tard avec l'arrestation de la Bande des quatre. En Chine, cette époque sanglante demeure taboue.

Le Parti communiste chinois ne tolère toujours pas la moindre concurrence dans la sphère idéologique. La meilleure preuve : la répression féroce qui frappe le Falungong.

Après les événements de Tian'anmen, le Parti communiste a reconstruit sa légitimité sur la croissance, sans faire de concession sérieuse en matière de démocratisation. Des opinions peuvent s'exprimer, mais la prison guette encore les dissidents. Soucieux de maintenir la stabilité à tout prix, il n'hésite pas à recourir à la violence pour mater les troubles sociaux. Mais ce désir d'immobilisme risque de mener au déclin de la société chinoise, estime le sociologue Sun Liping

L'attribution de cette récompense au dissident emprisonné est un encouragement pour les démocrates chinois et une claque pour le gouvernement. Celui-ci n'a pas tardé à parler de complot occidental et fait jouer la censure. Cela n'empêche pas les citoyens de manifester leur joie sur le Net et de soutenir le travail de tous ceux qui veulent faire triompher la liberté d'expression dans le pays.

Pour éviter toute contagion des révolutions arabes, le gouvernement chinois réprime. La Chine connaît la pire vague d'arrestations depuis dix ans. La société civile est visée. En 2008, le Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo espérait justement que cette société civile ferait bouger le régime...

Avec l'arrestation de l'artiste Ai Weiwei, un cap a été franchi, estime un éditorialiste hongkongais. Il ne s'agit plus de faire taire l'opposition politique, mais de réprimer toute critique.