La « gloire des empereurs » est exaltée de multiples façons à Rome, et prétendre en traiter de manière complète serait une gageure... Le présent numéro se limite aux forums de l'Urbs, ce qui constitue déjà une vaste entreprise. Il est le résultat d'un choix scientifique et éditorial simple à formuler : les réaménagements du forum républicain et la création des forums impériaux entre César et Trajan constituent la manifestation la plus éclatante de l'emprise des princes sur la ville et sa société, et les recherches archéologiques récentes en ont renouvelé la connaissance.

La colonne Trajane est une création monumentale nouvelle et extraordinaire, ainsi qu'une nouvelle manière de célébrer l'empereur et ses initiatives. Le message qu'elle transmet, avec ses nombreuses significations, peut être mieux compris si on le met en relation avec le décor sculpté et architectonique du grand forum dont il représente le point d'orgue. Après l'Antiquité, la fortune de la colonne Trajane se poursuit. La volonté de pas moins de trois souverains français d'en faire des copies rend évident l'attrait idéologique et de propagande qu'elle a exercé jusqu'au XXe siècle.

L'apparition d'une personnification de la Dacie semble dater de l'époque des premiers grands contacts des Romains avec les Daces : sur la statue d'Auguste de la Prima Porta, se trouverait une ″Dacia″ assise, tenant une épée courte, avec en face d'elle un loup hurlant. Mais cette allégorie est spécialement représentée suite à la victoire et au triomphe remportés par l'empereur Trajan sur les Daces et à la transformation du royaume dace en province romaine. Elle peut donc être représentée soit comme nation vaincue par Trajan, soit comme province impériale.

Les monnaies en métal précieux, émises sous le contrôle de l'administration impériale, et celles en métal commun, dont la production était autorisée par le Sénat, illustrent la variété du regard romain quant à l'expédition de Trajan contre la Dacie. Utilisées dans les échanges quotidiens, circulant partout dans l'Empire, elles étaient un excellent moyen de diffusion pour les autorités.

Grâce à l'″Histoire romaine″ de Dion Cassius et au déroulé des scènes de la colonne Trajane, on peut reconstituer précisément les événements de la conquête de la Dacie par Trajan. Cette conquête, en deux étapes, illustre les techniques de guerre romaines et les stratégies de défense du roi Décébale.

Depuis le tremblement de terre de l'an 801 qui mit à bas le Forum de Trajan, la colonne Trajane se dresse isolée entre deux églises, les marchés de Trajan et la via dei Fori Imperiali inaugurée en 1932. Ce n'était pas le cas lors de son inauguration le 12 mai 113, mais Marcus Ulpius Traianus n'a pas bénéficié d'un Ovide ou d'un Properce pour décrire, en termes poétiques mais révélateurs, les éléments saillants du décor de cet exceptionnel complexe.

Pour observer cette fascinante colonne, Raphaël montait sur les toits, François 1er et Louis XIV firent exécuter des moulages. Et Napoléon III en possédait des clichés privés. Un beau livre en rend compte.

Après la fin sinistre du règne de Domitien, ponctuée par les persécutions chrétiennes et les troubles politiques, Trajan s'affirme comme un empereur conquérant, bâtisseur et réformateur, qui marque Rome de son empreinte. Le musée des Forums impériaux, situé justement dans les Marchés de Trajan, rend un bel hommage à celui qui inaugura véritablement l'âge d'or de la dynastie des Antonins.

A Rome, la colonne rajane, haute de 38m, raconte au fil de 155 scènes gravées dans le marbre comment l'empereur vainquit un royaume et propagea la culture romaine.

Si, de tous les empereurs romains, Trajan (53-117 après J.-C) est le seul à recevoir le titre d'optimus princeps, c'est qu'il est sans nul doute le meilleur de tous. Ce privilège éminent récompense les nobles actions qu'il mène durant près de vingt ans à la tête de l'Etat : conquêtes, travaux publics, administration et défense de l'Empire. Longtemps considéré comme un souverain modèle, son règne est marqué par une période de paix et de prospérité malgré les guerres qu'il doit mener pour la sauvegarde des frontières.

En 117, l'empereur Trajan mourait et Hadrien lui succédait à la tête de l'Empire romain. L'histoire en a fait des modèles opposés.

Cet article porte sur la réflexion politique grecque au sujet du principat et sur les relations entre le sophiste Dion de Pruse (40-50 après J.-C. - après 110 ?) et le pouvoir impérial. Il propose une analyse des discours de Dion qui concernent les modèles de royauté : les quatre discours Sur la royauté (Or., I à IV), l'Agamemnon (Or., LVI), le discours Sur la royauté et la tyrannie (Or., LXII).