Les travaux de la Ligne à Grande Vitesse "L'Océane" reliant Paris à Bordeaux en deux heures, qui s'étendent sur 300 km, ont permis la plus grande opération d'archéologie préventive de ces dernières années en France. L'exposition que lui consacre le musée d'Aquitaine est labellisée d'intérêt national.

Pendant plus de vingt ans, entre la fin des années 1980 et le début des années 2000, le forum gallo-romain de Bavay a fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles programmées menées par l’université de Lille. Si ces recherches ont permis de fixer la chronologie des états du monument et ont posé les bases de la réflexion sur la fonction de ses différents espaces, ce sont désormais les opérations d’archéologie préventive qui renouvèlent et enrichissent la connaissance du centre civique de ce chef-lieu de la cité des Nerviens.

A travers cette question, l'occasion est donnée de faire le point sur l'émergence de l'archéologie de prévention en France. Mais bien des trésors archéologiques sont perdus à la suite de catastrophes naturelles ou bien par le pillage.

La fouille archéologique préventive, prescrite par l’Etat et financée par le Conseil départemental de l’Isère dans le cadre du contournement routier d’Aoste, a permis de dévoiler un pan de l’histoire de l’agglomération depuis sa création jusqu’à l’aube du Moyen Age. Menée par le bureau d’études d’Eveha en 2017, cette première opération réalisée dans le bourg actuel a conduit à l’exploration des franges occidentales du vicus Augustus et offert de riches données sur les modalités de l’organisation spatiale et topographique de la ville antique.

Dans le département du Nord, une importante campagne de fouille est en cours depuis juin 2019 à l’emplacement du Technopôle Transalley. Au total, 9,5 hectares ont été investigués, mettant au jour huit mille aménagements : la majorité d’entre eux appartient à la période gallo-romaine, entre le Ier et le IVe siècle, dévoilant un aspect inédit de la cité de Fanum Martis.

Depuis 2018, à Pontarlier en Franche-Comté, une équipe de l’Inrap fouille la zone des Gravilliers. Prescrite par l’Etat (Drac Bourgogne-Franche-Comté), préalablement à l’aménagement du parc d’activités économiques du Grand Pontarlier, l’opération s’est étendue sur 21,5 ha et a révélé un site rare conservant des vestiges à la fois mésolithiques et mérovingiens. Une découverte d’autant plus exceptionnelle que les structures du village médiéval, ses abords et sa nécropole sont remarquablement conservés.

Située au nord-ouest du département de l’Aisne, à une dizaine de kilomètres de Saint-Quentin, la commune de Montescourt-Lizerolles s’inscrit à l’époque antique dans la "civitas" des Viromanduens. Le site occupe alors le rebord d’un plateau limoneux bordant une vallée qui se déverse dans la Somme. Avant le diagnostic de 2018, très peu de données nous renseignaient sur son occupation gallo-romaine. Mais un projet de lotissement a motivé une intervention préventive.

En amont d’un projet d’aménagement des bords de Seine à Clichy-la-Garenne par COGEDIM, et sur prescription de l’Etat (Drac Île-de-France), a été déclenchée une fouille préventive : exceptionnelle par son ampleur, elle a livré trois ensembles de vestiges préhistoriques qui vont permettre aux archéologues de mieux comprendre les paléo-environnements, la faune et le mode de vie des hommes du Paléolithique.

Près de trente ans après la découverte d’un ensemble monumental antique, de nouvelles fouilles préventives menées au sein de l’école des Arts et Métiers à Angers ont mis au jour deux logis médiévaux successifs qui accompagnent l’urbanisation progressive de la berge de la Maine. Les latrines du second logis, dont l’occupation se prolonge jusqu’au début du XXe siècle, livrent des informations archéologiques rares sur la vie quotidienne d’un immeuble de rapport dans un quartier populaire d’Angers.

En pleine période de confinement, la sauvegarde de vestiges archéologiques et l’application de la règlementation de protection du Patrimoine sont plus que jamais d’actualité. À Namur, se joue un face-à-face inédit et dramatique entre archéologues, citoyens et pouvoir politique, au pied du Parlement de Wallonie.

L’archéologie au sens moderne du terme apparaît à la Renaissance. D’abord préventive, elle se développe au gré des découvertes fortuites, notamment à Rome, encouragée par la création de cabinets de curiosités et d’antiques dans les demeures de l’élite cultivée. Les véritables fouilles programmées commencent au XVIIIe siècle, avec la découverte des ruines de Pompéi. En France, l’archéologie préventive, appelée autrefois « archéologie de sauvetage », qui permet la fouille préalable de sites avant des travaux d’aménagements, représente 90 % des opérations menées chaque année.

Accompagnant un projet immobilier du groupe Cogedim rue Pelloutier, une fouille préventive a été menée entre septembre 2020 et février 2021 par l’Inrap au coeur de Nîmes. Elle a permis de revisiter un secteur où les découvertes sont nombreuses depuis le XVIIIe siècle. Ainsi, en 1873, lors de la mise au jour d’une belle statue en marbre blanc d’une Vénus anadyomène, on notait la présence de mosaïques « dans presque toutes les caves des maisons environnantes ».