Il y a tout juste cent cinquante ans, au printemps 1874, s’exposent, au coeur de Paris, des peintures d’un genre inédit. Avant de devenir les oeuvres-phares de la modernité, elles vont faire scandale… et pas qu’un peu !

Alors que la Fondation Beyeler et la brillante Anna Szech, conservatrice associée, consacrent une exposition à Paul Klee, le Kunstmuseum de Bâle a choisi de montrer pour sa part« Chagall.1911-1919, les années charnières». Franz Meyer, le gendre du peintre,fut, deux décennies durant, de 1961 à 1980, le directeur du musée, ce qui l'empêcha sans doute de lui dédier une exposition, et ses successeurs directs n'en ont pas eu l'opportunité. Les deux artistes furent contemporains, Klee étant né en 1879 et Chagall en 1887.

Écrire, noter par écrit un ensemble de sensations ressenties dans une architecture, devant une peinture, un film, peu importe le médium, est l'essence même du métier de critique d'art. Mais pourquoi le besoin d'inscrire ce travail dans un genre académique comme la thèse peut-il se faire sentir ? Est-ce l'envie d'élever la critique au niveau de la recherche ? Ou la volonté de démontrer que la critique d'art est en soi de la recherche ? Témoignage de Christophe Le Gac.

L'immense artiste Miquel Barcelo confronte son regard, son érudition et son savoir-faire aux trésors de l'exposition consacrée aux natures mortes par le musée du Louvre. Passionnant.

Philosophe de l'art et du langage, Jean-Marie Schaeffer est l'auteur d'ouvrages portant autant sur des objets spécifiques comme la photographie ("l'Image précaire", son premier livre, Seuil, 1987) et le récit (son plus récent, "les Troubles du récit", Thierry Marchaise, 2020) que sur le champ plus large de l'esthétique et de son histoire ("l'Art de l'âge moderne. L'esthétique et la philosophie de l'art du 18e siècle à nos jours", Gallimard, 1992).

Hector Obalk triomphe en scène selon la formule consacrée présentant en alternance deux spectacles qui parcourent, selon un cheminement différent, mais en moins de deux heures chacun, "Toute l'histoire de la peinture". S'y ajoute, depuis le festival d'Avignon 2022, un troisième spectacle, "Toute l'histoire de l'art moderne". Celui qui a longtemps tenu une rubrique dans "Elle", réalisé de très nombreux documentaires sur l'art pour Arte, a peut-être autant la passion de l'art que la passion de le faire découvrir à un grand public.

« Son histoire vraie est celle de son esprit, de ses goûts », disait de lui une amie. Mais qui était l'énigmatique Félix Fénéon ? Deux expositions parisiennes tentent de cerner la personnalité de celui qui fut un prodigieux promoteur de l'art moderne.

Médecin psychiatre, musicien, homme de vaste culture et d'érudition impeccable, Jean Starobinski est, dans son indéniable singularité, une des figures majeures de la critique de notre temps. Une extrême rigueur et une extrême liberté caractérisent à la fois ce contemporain capital. Clarté et profondeur vont l'amble chez lui et le signalent, en notre XXIe siècle, comme un homme des Lumières.

L'art brut est à la mode. Jean Dubuffet, l’inventeur du concept, fait l’objet d’une exposition au Mucem de Marseille, "Un barbare en Europe" (24 avril - 2 septembre 2019). A la Halle Saint-Pierre, "l’Art brut japonais II" (septembre 2018 - mars 2019) a connu un franc succès, conduisant sa directrice, Martine Lusardy, à se féliciter « de l’accueil positif réservé à l’art brut au Japon, de la volonté politique d’offrir une meilleure reconnaissance sociale aux handicapés et de la réflexion menée depuis plusieurs années pour protéger des artistes souvent vulnérables ».

Comme certains, nombreux peut-être, Eric Marty est, un jour, entré dans l’oeuvre de Georges Didi-Huberman pris par la certitude anticipée de pénétrer dans un univers très silencieux. Il ne se rappelle plus bien de quel livre il s’agissait. Peut-être "Devant l’image" ou "Ce que nous voyons, ce qui nous regarde". Les livres qui touchent à l’image se lisent avec lenteur. C’est que nous nous assourdissons nous-mêmes au moment de les ouvrir, comme certains ferment parfois les yeux en écoutant la musique. C’est peut-être une bonne méthode.