Eléonore Devevey évoque l'étude que l'américaniste Pierre Déléage a consacrée à l'avant-garde « ethnopoétique » américaine des années 1960 et tout particulièrement au rôle joué par Jerome Rothenberg.

Loin d'être les emmurés décrits par la blague, les poètes prennent au contraire le monde à bras-le-corps, attentifs au " grain même de notre époque " et à tout ce qu'elle a de rugueux, de tragique ou d'euphorisant. Ce faisant, ils préservent la possibilité d'un " nous " que nous arriverions peut-être à mieux cerner si on les lisait mieux, si on les respectait plus.

La poésie est un genre que l'on s'évertue à voir là où il n'est pas - dans un coucher de soleil, dans le slam, dans les convulsions scéniques d'un artiste - et à ne pas voir là où il se trouve : dans un tête-à-tête du poète avec la langue. Son insignifiance économique la condamne à l'obscurité ; pourtant, les recueils, les revues, les sites qui lui sont dédiés continuent de fleurir. Et réservent de belles découvertes à ceux qui prennent la peine d'y accoutumer leur oeil et leur oreille.

Né en 1961 à Alivéri (Eubée), Thanassis Hatzopoulos a suivi une formation de philosophe et de scientifique. Il est psychanalyste de profession et membre de la Société de Psychanalyse Freudienne. Reconnu comme l'un des meilleurs poètes grecs d'aujourd'hui, il a publié une quinzaine de recueils de poèmes et plusieurs essais. Il est également traducteur (Chateaubriand, Jouve, Char, Jaccottet, Bonnefoy...).

Le dernier recueil d'Alain Freixe est un cheminement vers des espaces frontières, qu'il s'agisse d'un cimetière en déshérence, d'une montagne ou d'un port. Un chant du monde impalpable mais ancré là, comme une présence d'un autre temps. Une traversée en équilibre, entre poèmes à vers courts et prose poétique bien cadencée.

L'Amérique de langue espagnole est si fertile en excellents poètes relativement proches chronologiquement les uns des autres, en un espace à la fois immense et analogue, qu'ils semblent s'accorder ou se répondre de génération en génération.

"Les mots m'ont toujours mené loin dans la vie, trop loin pour que j'y renonce jamais car je les emploie désormais strictement dans le sens où ils m'échappent, où leut portée cesse d'être consciemment perçue alors que j'écris les yeux dans le vague et que mes regards se coulent dans le devenir."

Yves di Manno publie un nouveau "traité de poétique", qui paraît en même temps que la réédition de "Champs" chez Flammarion, dont il dirige la collection "Poésie" depuis vingt ans. Cette oeuvre est une nouvelle ramification du travail qu'il poursuit depuis des décennies, entre créations textuelles et recherche théorique, et rassemble ses écrits sur une dizaine d'années, inédits pour certains, mais ponctués de quatre versions d'un poème plus ancien, retravaillé, représentatif de sa démarche.