Coup de tonnerre un mois après le rachat de la revue mythique par un collectif de financiers et de producteurs : craignant pour son indépendance éditoriale, toute la rédaction des « Cahiers du cinéma » a annoncé son départ

Jean Narboni est d’abord un critique de cinéma et un essayiste. Collaborateur des "Cahiers du cinéma" à partir de 1963, il en devient le secrétaire de rédaction puis, en 1968, le co-rédacteur en chef avec Jean-Louis Comolli. En sa qualité d’éditeur aux "Cahiers du cinéma", il publie Roland Barthes, Serge Daney, Jean Louis Schefer dans la collection «Cahiers du cinéma/Gallimard», ainsi que des textes critiques d’André Bazin, Roger Leenhardt et Eric Rohmer.

Dans quelle mesure le fait d'être femme infléchit-il notre démarche critique ? Plutôt que de mettre en spectacle des approches critiques pro- ou antiféministes à des fins polémiques, des rédactrices des "Cahiers" invitent des consoeurs de sensibilités voisines à s'interroger sur leur pratique d'écriture et l'évolution de leur regard : un point d'étape sur ce que les essais féministes et le mouvement #MeToo nous ont apporté, et sur un chemin qui se dessine. Sommaire. Critiques, Fém. pl. Tourner les pages, brève histoire des femmes aux "Cahiers du cinéma".

"Ne pas oublier le passé, mais s'en servir autrement: ne pas être adulte contre ou sans l'enfance mais avec elle, ne pas être seulement enfant ou adulte, mais s'approprier sa propre histoire" : ce programme, Pascal Kané l'énonçait au printemps 1976 en conclusion de son analyse de "La Cecilia" de Jean-Louis Comolli (Cahiers n° 265). Une éthique personnelle qui résume peut-être aujourd'hui le mieux l'itinéraire critique et cinématographique de son auteur, disparu le 31 août 2020 à l'âge de 74 ans.

Il n'aura pas fallu 250 jours de fermeture des cinémas pour que, rédacteurs aux "Cahiers", nous nous en apercevions : en perdant les films sur grand écran, ensemble et dans le noir, nous avons aussi perdu la possibilité d'en parler après, en salle ou hors de la salle. Ce qui nous manque cruellement, ce sont moins les débats que cette élaboration en commun de la critique orale - la tentative bredouillante mais inlassable de prolonger l'oeuvre, de faire « résonner » son « choc », selon les mots souvent cités de Bazin. Sommaire. Serge Daney. Talking cure. Jean Douchet.

Que lecteur qui trouve idiot d’élaborer des listes de films ne lise pas cette page et passe directement à la suivante, en essayant de résister à la tentation de consulter nos tops, d’y réagir, d’imaginer le sien ! Pourquoi ce jeu est-il si inhérent à la cinéphilie ? Peut-être parce que le rapport aux films est inextricablement mêlé à la vie, et que ce qui se joue dans une liste relève alors un peu de l’autoportrait, de l’autobiographie. Cela rejoint le caractère à la fois intime et volatile de l’expérience de spectateur, toujours plus ou moins liée à un lieu, un moment, un état.

Il y a un vingt ans, le 10 juin 2003, Jean-Claude Biette disparaissait brutalement. Figure discrète des "Cahiers", cinéaste et mélomane, cofondateur de "Trafic", il nous semblait important de lui rendre hommage.

Le 13 novembre 2023, une figure éminente de la cinéphilie nous a quittés. Ce brillant érudit, né le 26 mai 1938, était présent dans nombre de festivals (dont il a parfois été membre du jury, tels ceux de Cannes, Venise, Locarno et Berlin), participait à pléthores d'ouvrages et de périodiques (Positif, bien sûr, mais en outre L'Express, Le Monde, Le Point, et aussi Sight and Sound ou American Film), donnait d'innombrables conférences et a écrit l'une des monographies sur un cinéaste parmi les mieux vendues en France (Kubrick, éd. Calmann-Lévy).