Inexplicablement absent de la dernière compétition cannoise, Tromperie s'impose comme un des meilleurs films français de l'année et une des plus grandes réussites d'Arnaud Desplechin. Du brillant roman de Philip Roth, apparemment impossible à adapter (une longue suite de dialogues aux protagonistes difficiles à identifier dans des lieux non décrits), le cinéaste crée une oeuvre étonnante d'intelligence et de vérité psychologique. Denis Podalydès, dans un rôle inhabituel, est entouré d'une pléiade d'actrices éblouissantes pour donner corps à ces scènes de la vie extraconjugale.

La beauté de "Frère et soeur", en compétition dans la Sélection officielle cannoise et en salles le 20 mai, a rendu urgent notre désir de rencontrer Arnaud Desplechin, avec qui les "Cahiers" ne s'étaient pas entretenus depuis 2008. C'était au moment d'"Un conte de Noël", jalon de la veine familiale de son cinéma avec laquelle son dernier film renoue tout en y apportant une frontalité et une luminosité inédites.

"Frère et soeur" s'avance en montrant son masque : son titre annonce un retour du cinéaste à un thème de prédilection, tout en pointant le danger conscient que sa filmographe constitue elle-même une fratrie obsédante, enfermée dans un ressentiment recuit, rassurée par la position démiurgique que s'assigne l'auteur dans ce huis clos reconduit, cette cousinade d'histoires croisées.

Quelques mois après la sortie de "Tromperie", audacieuse et brillante adaptation de l'univers de Philip Roth, Arnaud Desplechin revient à l'exploration du roman familial et des haines qui le traversent, veine très féconde de son oeuvre. Faisant écho à "Rois et Reine" et à "Un conte de noël", "Frère et Soeur" innove par la clarté d'une ligne épurée qui ouvre sur un apaisement possible. Poursuivant un dialogue engagé par Positif il y a trente ans avec l'un des plus passionnants réalisateurs en activité, nous sommes remontés jusqu'à son premier souvenir d'un désir de cinéma. Sommaire.

Le cinéaste de "Roubaix, une lumière" met en scène "Angels in America", la pièce culte de Tony Kushner sur les années sida, à la Comédie-française. Entretien.