L'idée qu'une protéine (le prion) puisse être un agent infectieux continue de heurter certains virologues. La découverte d'acides nucléiques relance le débat.

Il y a un peu plus de dix-huit mois, les vaches folles étaient confinées à l'espace de la santé animale. En quelques semaines, elles ont envahi tous les lieux dévolus à la santé humaine, des tribunes politiques aux médias grand public, en passant par les journaux les plus spécialisés...

Que sait-on vraiment de la biologie du prion ? Cette mystérieuse protéine à deux visages joue un rôle fondamental dans les encéphalopathies spongiformes transmissibles...

La maladie de la vache folle a tué près de 180 000 bovins au Royaume-Uni. Elle s'est aussi propagée à d'autres espèces dans la nature.

Rétention d'informations, lenteur des décisions et surveillance molle de l'application des décrets ont caractérisé cette crise... au moins jusqu'en 1996.

En Suisse, il a permis de déceler dix-huit cas d'ESB qui auraient autrement échappé à la surveillance. Même s'il ne peut garantir une sécurité totale, la mise en place de ce test paraît urgente.

Pour être pratiquement certain d'éviter tous les risques, il aurait fallu attendre encore deux ans avant de recommencer d'importer du boeuf britannique.

Y a-t-il une exception française de l'ESB ? Sur la soixantaine de cas détectés dans notre pays, 32 concernent des vaches nées après l'interdiction totale des farines de viande dans l'alimentation bovine.

Membre de la commission d'enquête du Parlement de Strasbourg, le Belge José Happart dresse un effrayant réquisitoire : coupable, le gouvernement britannique, qui a lontemps parié sur la non-transmission du prion de la vache à l'homme et manipulé la Commission de Bruxelles...

Une récente étude française relance l'hypothèse d'un virus dans la maladie de la vache folle et les encéphalopathies transmissibles. Mais, en l'absence de preuves décisives, la théorie du prion reste la plus convaincante.

En révélant que l'encéphalopathie spongiforme bovine pourrait bien être transmissible à l'homme, le gouvernement britannique n'a pas seulement plongé dans le marasme la "filière viande" : il a déclenché une sorte de séisme culturel.