A Ajaccio, le Premier ministre s'est contenté de poser des jalons. Et même si la fermeté du propos masque le flou du projet, le dialogue est engagé.

Un "cadeau" de 38 milliars grâce notamment à la diminution de la TVA, mais pour l'impôt sur le revenu il faudra attendre. Contrairement aux conseils de Fabius et aux espoirs de Strauss-Kahn, le Premier ministre a pris le risque de décevoir les classes moyennes.

Le manifeste "néolibéral" publié par les travaillistes britanniques avec le SPD allemand avait allumé la guerre des gauches à la veille des européennes. Depuis, la recherche d'une révolution sociale a pris un tour plus apaisé.

Rien ne va plus entre socialisme à la française et socialisme à l'anglaise. Longtemps occultées pour cause d'unité européenne, les divergences idéologiques des deux Premiers ministres sont aujourd'hui affichées.

On se demandait qui, dans la majorité, allait claquer la porte le premier. Et l'explosion ne s'est pas produite. C'est que Jospin a su maintenir dans son camp la culture du débat.

"Sécurité, valeur de gauche" : la formule est forte, mais depuis les surenchères de Chevènement elle a heurté. Voici comment le Premier ministre, en annonçant des mesures sans précédent, a pu désamorcer une crise interne...

L'un fait patte de velours, cultive le style copain et n'hésite pas à faire l'éloge de ces ministres de gauche que la défaite de 1997 lui a imposés. L'autre respecte scrupuleusement les prérogatives présidentielles et s'en tient pour l'heure à un mot d'ordre : "Je gouverne"...

En retrouvant une place privilégiée dans le système Jospin, le ministre de l'Intérieur apporte au Premier ministre une vision politique et une somme d'expériences irremplaçables.

Echec du Pacs, insécurité dans les transports en commun, agitation lycéenne, le tout sur fond de crise financière mondiale. Alors que la droite claironne la fin de l'état de grâce, le Premier ministre mobilise les siens : après le surf, la course d'obstacles.

"Il n'est plus possible de nier ce que peut provoquer un capitalisme incontrôlé". D'entrée de jeu, le Premier ministre socialiste, Lionel Jospin, annonce la couleur. Son analyse de la crise mondiale, qu'il a réservée en exclusivité aux lecteurs du "Nouvel Observateur", est celle d'un homme politique engagé et celle d'un pédagogue...

Il y avait une "méthode Jospin", il y a désormais une "idéologie Jospin". En quelques phrases, à La Rochelle, le Premier ministre l'a exposée à ses amis du PS, mais son discours était surtout destiné à ses alliés français - Hue et Voynet - et européens - Blair et Schröder.