La stagnation du pouvoir d'achat alors que les profits flambent n'explique pas à elle seule la vague de mécontentement qui monte dans le pays.

Sont-ils à contresens de l'histoire, ces Français qui se rebiffent ? Ont-ils perdu d'avance ? Entre cheminots et étudiants, il n'y a pas convergence des luttes, mais le même sentiment d'être flouées, victimes d'une arnaque.

Proposer une vue synthétique de la conjoncture sociale en ce début de 2002 relève de la gageure. S'il fut un temps où l'on pouvait clairement identifier et localiser ce que l'on appelait "question sociale", cela semble impossible aujourd'hui tant le social revêt de formes diverses et tant les problèmes sociaux se diffusent sur l'ensemble de la société.

Si personne ne se risque à des pronostics pour la rentrée, chacun -gouvernants, ex-grévistes sévèrement frappés au portefeuille, opposition, syndicats- sait qu'aucune des questions posées au printemps n'a reçu de réponse satisfaisante.

Le mouvement social (mal)mené en 2003 a déçu les enseignants. Et malgré les problèmes qui émergent dans de nombreux domaines, peu d'entre eux sont prêts à s'engager dans un nouveau conflit.

Depuis les grèves de novembre et décembre 1995 en France, les interventions de Pierre Bourdieu ont été l'objet de critiques, souvent violentes, notamment de la part des journalistes et des intellectuels médiatiques dont il avait analysé le rôle social.

Que peut faire un gouvernement socialiste pour bloquer les suppressions d'emplois ? Rien ou presque. Il est impuissant face aux plans sociaux de confort. Les salariés ne peuvent compter que sur eux-mêmes et... l'opinion publique.