Alors que les entreprises françaises, largement aidées par l'Etat, ont plutôt bien absorbé la crise de Covid-19 et repartent de l'avant, la question des salaires revient sur le devant de la scène fin 2021. Pour récompenser les "travailleurs essentiels", qui ont fait tourner le pays pendant la pandémie mais n'ont rien gagné si ce n'est quelques primes, mais également pour faire face aux difficultés de recrutement dans certains secteurs (transport, hôtellerie-restauration, etc.), que les travailleurs ont quitté en partie en raison d'un salaire jugé trop bas.

Les professions "essentielles", qui ont permis à la France de continuer à tourner au plus fort de la crise de Covid-19 en 2020, n'ont pas eu de "récompense" salariale malgré les promesses du président Emmanuel Macron. Au printemps 2021, une étude menée par l'économiste du travail Christine Erhel montrait même que ces professions étaient toujours payées 30 % de moins que la moyenne des Français.

L'exécutif déploie des aides sonnantes et des mécanismes d'indexation pour limiter la perte de pouvoir d'achat des ménages. Mais ces mesures sont-elles suffisantes ? Et, surtout, qui va réellement en profiter ? Car le gouvernement reste cramponné à l'idée que les hausses de salaires pourraient nuire à l'emploi peu qualifié.

Les années 1970 seraient-elles de retour? Un survol distrait de l'actualité pourrait le laisser penser : une inflation qui grimpe mois après mois ; un Smic qui augmente trois fois en 2022 ; un point d'indice des fonctionnaires revalorisé pour la première fois depuis douze ans... Une nouvelle période s'ouvre-t-elle, après des décennies de dégradation des revenus du travail ? La conjugaison de hauts niveaux d'emploi et de pénuries de main-d'oeuvre va-t-elle redonner du« grain à moudre » aux syndicats, selon la formule chère à l'ancien patron de Force ouvrière, André Bergeron ?

Sous les pavés, la paie. Le 5 décembre 2019, les cortèges défileront pour la sauvegarde des retraites. Mais aussi pour un coup de pouce sur les salaires. Plus urgent. Et plus vertueux aussi pour l'économie française. Sommaire. Augmenter les salaires, vite ! Qui augmenter en priorité ? Geoffroy Roux de Bézieux : "On ne pourra pas lutter avec la Chine et le Vietnam sur la rigueur salariale"

Les promesses de revalorisation des rémunérations les plus faibles risquent de se heurter à la réalité du chômage de masse. Explosif ! Sommaire. La bombe à retardement des salaires. "Le mal qui ronge notre pays n'est pas lié aux salaires",entretien entre Patrick Artus et David Thesmar. Le casse-tête de la fonction publique. Les patrons français sont-ils trop payés ? Le débat enflamme aussi les Etats-Unis.

Alors que les chiffres indiquent une poursuite de l'augmentation des salaires, en France, la réalité est différente. Cette hausse profite davantage aux cadres, tandis que les professions intermédiaires sont les plus mal loties. De même, les salariés des PME sont désavantagés par rapport aux grandes entreprises. Dans le même temps, l'inflation grignote le pouvoir d'achat, tout comme certaines dépenses. En conséquence, de plus en plus de salariés sont dépendants des allocations sociales. Une situation aggravée par le recrutement, par les entreprises, à des niveaux de rémunération faibles.

Créé en 1970, le Smic, salaire minimum interprofessionnel de croissance, avait pour ambition de remplacer le Smig, ancien système censé limiter les inégalités salariales mais aux nombreux dysfonctionnements et limites. Depuis son apparition, le Smic n'a cessé de concerner un nombre de plus en plus grand de salariés, notamment dans le secteur des travaux demandant peu ou pas de qualification, où la concurrence entre chômeurs reste rude et où les employeurs ne proposent rien de mieux que ce salaire minimum. En 2017, 10,6 % des salariés français touchaient ainsi le Smic.

Durant trois quinquennats, les mêmes conseillers ont imposé les accords de performance collective (APC), inspirés du droit allemand. La récession annoncée donne un coup d'accélérateur à ce dispositif permettant de baisser les salaires par la négociation.

Hausse des salaires, débats sur les super-profits, meilleur partage de la valeur... Le dividende salarié promis par Macron est-il la bonne réponse ?