Psychologue et psychanalyste, Céline Masson s'intéresse depuis longtemps à la mémoire, aux images et à la création. Elle a fait paraître l'an dernier "Les Images vestiges de temps. La mémoire et l'oubli". Elle y assimile la psychanalyse au travail des archéologues, l'objectif étant, dans les deux cas, de construire ou reconstruire du sens à partir des traces du passé. "Le Journal des Psychologues" l'a interrogée sur cette correspondance, sur sa conception du rêve comme « lieu de fouille », ainsi que sur les liens entre le temps, les images et la mémoire.

Plus de quarante ans après les guerres d’indépendance du Mozambique et d’Angola, le pays reste hanté par la perte de ses possessions africaines, qui imprègne, entre autres, toute sa littérature de la fin du XXe siècle. En complément, l'interview d'Isabela Figueiredo intitulée : "Mon pays natal, c'est le colonialisme".

Il y a vingt-cinq ans, le Rwanda basculait dans l’horreur : au moins 800000 Tutsi furent exterminés. Un anéantissement dont les femmes ont été les proies singulières, victimes de viols systématiques. En 2006, le photographe Jonathan Torgovnik est allé à la rencontre des survivantes et de leurs enfants, fruits de ces atrocités. Puis il les a retrouvés en 2016. Entre-temps, filles et fils avaient appris le secret de leur naissance. Son travail, baptisé "Intended Consequences", porte un regard à la fois cru et sensible sur l’après-génocide.

Très beau roman de la rentrée, "Le grand royaume des ombres" nous fait vivre une année auprès d'un soldat reclus dans un village, en 1944. Rencontre avec Arno Geiger, le plus délicat des écrivains de langue allemande.

Avec "Le Ghetto intérieur" Santiago H. Amigorena revient sur la tragédie de la vie de son grand-père, et sur la façon dont l'onde de choc de la Shoah n'en finit pas de se ressentir sur générations. Le roman le plus fort de la rentrée littéraire 2019.

Le sacre de Jair Bolsonaro est la conséquence de la colère des Brésiliens face au délitement de leur système politique et économique. Mais il révèle surtout le poids des traumatismes historiques qui, de la Découverte en passant par la dictature militaire, affectent la psyché de ce pays.

La romancière Simone Schwarz-Bart, épouse d'André, Prix Goncourt 1959 pour "Le Dernier des Justes" publie "Nous n'avons pas vu passer les jours", dans lequel elle revient sur près de cinquante ans de complicité. Emouvant.

Un livre de dialogue et un essai de Georges Didi-Huberman sur les images recueillies par un groupe de résistants juifs du ghetto de Varsovie reviennent chacun sur la généalogie possible des prises de parole et des actes, dont les images gardent les traces en les étoilant.

Dans un premier long-métrage enlevé, "Un Divan à Tunis", la réalisatrice Manele Labidi réussit à se pencher avec humour sur les névroses que la révolution a réveillées au Pays du jasmin.

Avec son troisième roman, Leïla Slimani fait preuve d'une nouvelle maîtrise. Dans "Le Pays des autres - La guerre, la guerre, la guerre", premier volet d'une trilogie, l'autrice entrecroise l'histoire du Maroc, de la France et de sa famille. Un récit virtuose, à hauteur d'être humain, sur la décolonisation.

A la veille de la sortie, le 18 mars 2020, du film tiré de son roman, l'écrivain-chanteur revient sur le parcours qui fit de lui un témoin privilégié de l'Histoire dans le chaudron incandescent des Grands Lacs.

Le philosophe vient de s'éteindre à 89 ans. En ouvrant l'histoire de l'art à la psychanalyse, la sémiologie et l'anthropologie, il a développé une pensée originale sur la manière dont les oeuvres d'art agissent sur nous.