Fidèles à la Couronne britannique, les unionistes sont furieux de l’apparition d’une frontière douanière entre leur province et la Grande-Bretagne depuis le Brexit. Pour eux, c’est une remise en cause de leur place au sein du Royaume-Uni. De quoi pousser certains à reconsidérer l’accord de paix signé en 1998.

En 1998, en Irlande, un traité de paix mettait fin à trente ans de conflit armé entre nationalistes catholiques et loyalistes protestants. Mais pour Margaret, Joseph, Alan ou Ann, traumatisés par la perte d'un proche, la plaie ne s'est jamais refermée. Leur quête de justice et de vérité n'a jamais pu aboutir dans un pays où les investigations ont souvent tourné court. Et leur mince espoir de tourner un jour la page est actuellement menacé par le projet de loi d'amnistie porté par le premier ministre britannique, Boris Johnson.

L'acteur et réalisateur Kenneth Branagh est né en Irlande du Nord en 1960. Lorsque la guerre civile éclate, ses parents doivent se résoudre à quitter le pays. "Belfast", film très personnel, raconte cet épisode tragique à travers les yeux du gamin de 9 ans qu'il était. Comme Branagh, des milliers de jeunes garçons et filles nord-irlandais ont eu le sentiment qu'on leur volait l'innocence et l'espoir. Une douleur encore vive, et qui n'épargne pas les enfants d'aujourd'hui.

Un an après la mise en oeuvre du Brexit, Londres et Bruxelles s’écharpent toujours à propos du statut de la région, qui continue de respecter certaines règles européennes. La fragile économie locale, stimulée par l’essor de l’industrie du cinéma et de la télévision, redoute d’en faire les frais.

Lors des élections législatives nord-irlandaise du 5 mai, le parti nationaliste favorable à la réunification de l'île est arrivé en tête pour la première fois dans l'histoire de cette nation du Royaume-Uni au passé agité. Le Sinn Fein a obtenu 27 députés, contre 25 pour le DUP (Democratic Unionist Party), le principal parti unioniste, attaché au maintient dans le Royaume-Uni. Un résultat aux conséquences politiques et économiques considérables, en Europe comme à l'international.

Les législatives locales du 5 mai 2022 pourraient déboucher sur une victoire du Sinn Féin, parti proréunification de l’île. Une première dans l’histoire de la région.

Les plus virulents de ces Nord-Irlandais, attachés à l’identité britannique et opposés au protocole du Brexit, angoissent à l’idée d’une victoire des nationalistes aux législatives du 5 mai. Mais dans les rangs plus modérés, le calme règne.

Après avoir remporté les législatives locales du 5 mai2022, le Sinn Féin se retrouve en position de diriger l’exécutif nord-irlandais. Une première pour un parti proréunification. Désormais, une période de grande incertitude s’ouvre, déplore ce journal londonien.

Au coeur du conflit nord-irlandais, leur culture contestataire a servi de trait d’union entre catholiques et protestants et redonné vie à une capitale figée par la peur et la haine.

Vingt et un ans après les accords de paix, la nouvelle génération n’imagine pas un retour de la frontière divisant l’île, mais reste influencée malgré elle par les divisions communautaires du passé.

Le meurtre de la journaliste d’investigation Lyra McKee, jeudi 18 avril 2019, par un membre de la Nouvelle IRA, un groupe dissident proréunification, a secoué la population. L’illustration d’une réalité glaçante : vingt et un ans après la fin des Troubles, pour beaucoup, la violence n’a jamais cessé.

Le traité de paix signé en 1921 entre le gouvernement britannique et les indépendantistes a tracé une frontière entre la République d'Irlande et l'Ulster. L'aile dure de l'IRA et les catholiques du nord n'ont jamais accepté cette fracture, que le Brexit risque de rétablir.