Malgré une censure impitoyable, le cinéma iranien indépendant s'est ménagé une place privilégiée dans les plus grands festivals, Cannes en tête. Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, Asghar Farhadi... Dès les année 1990, les cinéphiles français ont déroulé le tapis rouge à ces réalisateurs plus ou moins critiques du pouvoir, dont les oeuvres ouvraient une fenêtre sur ce pays corseté. Aujourd'hui, ce septième art s'est normalisé au contact du grand public international, mais la révolte actuelle devrait faire émerger des films toujours plus contestataires.

Comme chaque année, les nombreux tops reçus à la rédaction permettent plusieurs constats fructueux. Le premier est une bonne nouvelle : pour les lecteurs des "Cahiers du cinéma", 2022 a été un si bon cru que 225 titres au total ont été mentionnés dans les listes. Soit plus du double de ceux cités en 2021.

Dans un plan de "L'Inconsolable" (2011), Jean-Marie Straub regarde soudain le ciel. "Je regardais les nuages, le soleil qui sortait derrière les nuages. Et je pensais à Danièle. En fait je pleurais", expliquera-t-il plus tard. Straub est mort seize ans après Danièle Huillet. Tous les films qu'il a réalisés depuis sont cités par les amateurs comme l'oeuvre "sans elle". C'est dire jusqu'à quel point cette collaboration était techniquement, matériellement, sensiblement, spirituellement indivisible.

Parmi les grandes cinématographies mondiales, le cinéma d'Inde, aussi divers que les régions qui forment ce pays, est l'un de ceux que nous connaissons le moins en France. Entre Satyajit Ray et la découverte tardive des productions classiques de Bollywood (les géniaux Raj Kapoor et Guru Dutt, notamment), seul le grand Ritwik Ghatak est vraiment parvenu à se frayer un chemin dans la cinéphilie française.

Du carré d'as d'acteurs français qui ont dominé notre cinéma pendant plus d'un demi-siècle, Piccoli, Belmondo, Delon, Trintignant, ce dernier fut le plus discret, le plus énigmatique, n'hésitant pas à choisir des personnages ingrats, ambigus, auxquels il apportait son sens de la nuance. Dans un recueil de réflexions sur son métier, "Un homme à sa fenêtre" (Jean-Claude Simoën, 1977), il déclarait : « Je déteste les numéros d 'épate, la grande scène. » A sa disparition l'an dernier, on a admiré unanimement sa riche carrière, la complexité de son jeu, l'intégrité de l'artiste.

Il aura attendu ses 76 ans pour affronter frontalement les traumatismes de sa jeunesse et la naissance de sa vocation artistique. "The Fabelmans", fiction inspirée, cocasse et émouvante, nous offre de nombreuses clés pour revisiter son oeuvre colossale. Bienvenue dans l'intimité d'un grand cinéaste.

De quoi parle-t-on quand on évoque Disney ? De la fabrique à cartoons lancée par deux jeunes frères il y a un siècle dans les collines de Hollywood ? Ou de l'énorme machine à divertir qui englobe désormais Marvel, Pixar, Star Wars, et se déploie sur tous les écrans et toutes les plates-formes de cette planète ? Disney, ce n'est plus seulement l'histoire d'un succès en famille, c'est désormais un monstre industriel en situation de (quasi-)monopole ! Avec un "projet" éditorial qui n'a évidemment jamais été neutre... Et si on reprenait depuis le commencement ?

Des biopics en cascade, dont le mastodonte "Oppenheimer", mais aussi des films à l'approche plus atypique, comme les récents "la Voie royale" et "le Théorème de Marguerite" : le cinéma a le coeur tendre pour les sciences dures. Un intérêt récent qui implique de trouver la bonne mise au point avec ces sujets ardus pour éviter de perdre le public. Plusieurs cinéastes nous détaillent leurs techniques d'approche.

Il est d'usage pour les « Cahiers », en début d'année, de donner à leurs lecteurs un aperçu des « films les plus attendus ». Pour 2023, nous avons préféré, en lieu et place de ce teaser, prendre des nouvelles des cinéastes alors qu'ils sont encore en pleine préparation.

Avec Paul Vecchiali, mort le 18 janvier, ce n'est pas seulement un grand cinéaste français qui s'éteint mais aussi son ambitieuse idée, à la fois populaire et marginale, du cinéma. Sommaire. La passion de l'inégalité. Vecchiali, prince et principe. Entrées dans la danse avec Fabienne Babe, Marianne Basler, Françoise Lebrun et Pascal Cervo.

Auteur de plusieurs best-sellers, Prix Interallié en 2004 pour son roman "La Fascination du pire", c'est au théâtre que l'écrivain français s'est fait un nom. Montées avec des acteurs prestigieux, ses pièces "Le Père", "La Mère" et "Le Fils" lui ont valu une reconnaissance internationale. Depuis "The Father", film qu'il a lui-même adapté au cinéma et qui a été oscarisé en 2021, Florian Zeller s'est ouvert les portes des studios hollywoodiens. Aujourd'hui installé à Los Angeles, il réitère avec The Son", en salle le 1er mars 2023.

Britannique de naissance et de formation, Sam Mendes, après une importante carrière au théâtre (surtout pour des mises en scène de pièces de William Shakespeare et d'Anton Tchekhov) a fait ses brillants débuts de réalisateur dans le cinéma américain ("American Beauty", 1999 ; "Les Sentiers de la perdition", 2002 ; "Jarhead", 2005 ; "Les Noces rebelles", 2008). C'est avec deux films de la franchise James Bond, le remarquable "Skyfall" (2002) et "007 Spectre" (2015) qu'il redécouvre la Grande-Bretagne, deux grosses machines mais pas moins personnelles.