C'est la deuxième rentrée scolaire qu'il supervise en tant que ministre d'Education nationale. Grèves programmées pour septembre, suppressions de postes, polémiques sur la mastérisation des maîtres : cette année, l'ambiance s'annonce morose. Cela n'empêche pas Luc Chatel de croire en sa bonne étoile. Depuis le début du quinquennat, son propre parcours ministériel n'a cessé de lui attirer les félicitations du professeur Sarkozy. Mais il reste évidemment sur ses gardes, tant il sait que la classe politique - comme les autres - n'aime pas les chouchous.

La plume des propositions socialistes sur l'enseignement, c'est lui. Cet ancien leader de l'Unef, vedette de la lutte contre le CPE, a su faire bouger le parti sur des sujets sensibles.

Dans ″Le Pacte immoral″, Sophie Coignard passe l'Education nationale au lance-flammes.

L'augmentation surprise des salaires en début de carrière, annoncée par Luc Chatel, n'y changera rien : de plus en plus d'enseignants choisissent de changer de métier.

Quoi de mieux que les questions d'enseignement pour souligner le clivage droite-gauche ? Face à la câlinothérapie de Hollande, le candidat Sarkozy promet une cure radicale.

Le nouveau ministre connaît parfaitement son sujet. Un atout et un risque : il est très attendu ct devra faire bouger une maison ô combien difficile à réformer.

La loi sur l'autonomie, bon point du quinquennat Sarkozy, embarrasse l'exécutif. Il veut en maintenir l'esprit, mais subit la pression des syndicats pour une remise en question radicale.

Les premières semaines du ministre de l'Education surprennent. Il joue la concertation mais multiplie les annonces. Une façon d'éviter de se faire avaler tout cru par les syndicats.

Des centaines d'heures de consultation, d'experts sollicités... et, finalement, des propositions assez timides. La refondation lancée par Vincent Peillon a plus libéré la parole que les idées.

C'est son heure de vérité. Une réforme des rythmes scolaires et, plus largement, de l'école, qui figure au coeur des priorités présidentielles ; un domaine, l'éducation, particulièrement sensible, et plus encore pour une personnalité politique de gauche ; un face-à-face avec les collectivités locales qui n'est pas gagné d'avance. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, n'a pas le droit à l'erreur. Au moment où il publie ″Refondons l'école″ (Seuil), il ne doit pas seulement s'expliquer ou se justifier. Il doit convaincre.

Des élèves qui font la plonge, des mairies qui revendent le matériel scolaire, des profs à la retraite qui reprennent du service : quand le budget de l'Education diminue, c'est le règne de la débrouille. Jusqu'à quand?

Leçon de morale et polémique sur la théorie du genre : deux pare-feux créés par la majorité pour cacher la misère d'une école sacrifiée par quatre ans de sarkozysme.