50 ? Et pourquoi pas 100, 500... 1 000 ? Non, notre liste s'arrête à 50. 50 références qui ont fait l'histoire - celle du disque, de l'interprétation - hier, aujourd'hui, et qui continueront sûrement. Le critère est précis, mais nous revendiquons une belle part de subjectivité dans cette liste, où les présents s'imposent mais où tant d'absents souffrent déjà de n'y être pas ! Resserrer une telle proposition autour de 50 références relève du jeu, du pari intenable. Pourtant la sélection est bel et bien là, choisie, défendue par notre équipe de critiques.

Cette oeuvre de jeunesse inspirée de Gounod et négligée par le compositeur lui-même en dit pourtant long sur son génie en puissance. Quel chef saura exhaler la fraîcheur de cette inspiration débordante ?

L'oeuvre charrie un fort sentiment nationaliste exalté par l'enthousiasme qui anime alors le compositeur. Quels interprètes réussiront à célébrer ses danses paysannes, ses mélodies rêveuses et ses sortilèges nordiques?

Où l'on perçoit le farniente méridional au coeur de l'Europe centrale, une lumière puissante mâtinée d'ironie légère. Quel chef saura le mieux exhaler la nature autrichienne et celle, protéiforme, du compositeur allemand ?

Popularisée par son "Adagietto" omniprésent dans le film "Mort à Venise" de Visconti, la très célèbre Cinquième relève du voyage initiatique semé d'embûches. Ou l'art de déboussoler les chefs qui s'y risquent.

Etranger au monde, le génie polonais adresse ses chants aux étoiles. Dans l'effacement d'un souffle malade et l'abîme d'une âme effondrée avec la chute de Varsovie, sa véritable patrie n'est ni la Pologne, ni Paris, ni les bras de l'hôtesse de Nohant, mais la musique. Marqué par l'exil et l'isolement, ce caractère mélancolique trouve son havre de paix et de création dans l'intimité et la quiétude d'une présence amicale. Une vie comme un crépuscule, où avec les heures, la lumière s'estompe, mais non pas la beauté.

« Strauss, cet homme qui semblait éloigné du temps dans lequel il vivait et que l'avenir ne concernait pas, recueillera un jour, du fait de la nouvelle orientation de cet avenir, plus d'admiration qu'il n'en a jamais connu de son vivant ». écrivit Glenn Gould. L'avenir, c'est maintenant. Et la prophétie sans nul doute s'est réalisée, si l'on en juge par les innombrables disques, concerts et productions lyriques où sont jouées les oeuvres de celui qui fut le dernier représentant de la haute tradition musicale occidentale, singulièrement allemande.

Composé entre le 15 août et le 8 octobre 1943 puis créé au Carnegie Hall de New York le 1er décembre 1944 par son commanditaire, Serge Koussevitzki. à la tête du Boston Symphony Orchestra, le "Concerto pour orchestre" est la première des quatre paritions que Bela Bartok va produire sur le sol américain.

On beaucoup glosé sur le rapport conflictuel que Beethoven entretint avec le(s) pianoforte(s). « Que le géant parmi les pianistes », selon Vaclav Tomasek, ait sans cesse exigé des claviers plus perfectionnés rend passionnante l'écoute du répertoire sur les instruments d'époque, en constante évolution, irremplaçables pour en restituer la saveur. Déjà Scarlatti et Bach s'étaient épris des nouveaux vevenus, signés Cristofori et Silbermann, susceptibles de dynamiques "piano" et "forte".

"Ah ! je ris..." Gounod, Marguerite au miroir, le rire est dans les mots, mais la musique ? Interjection tenue sur un long trille que clôt une petite fusée en doubles croches liées - sans les notes piquées d'une hilarité ostensible. Y pourvoira Manon chez Massenet, prétendant mourir un jour "dans un éclat de rire", avant d'ouvrir l'éventail du style pour évoquer, dans son Fabliau, l'écho des bois qui riait avec elle.

En 1903, Claudine (alias Colette) assiste à un concert qui la révolte. "Nous écoutons, pour la dernière fois, le triste orchestre qui joue tout le temps fortissimo." Triste réputation d'une nuance qui n'est pourtant pas que raffut, qui a ses lettres de noblesse, sa belle histoire liée à la taille des salles, à la facture des instruments, aux progrès de la rumeur industrielle, à l'image du monde, du cosmos, de Dieu quelquefois.

Qu'ils rampent, qu'ils volent ou qu'ils sautillent, les insectes sont depuis toujours un formidable sujet d'observation. Ils peuplent fables ("La Cigale et la Fourmi" de La Fontaine a inspiré Offenbach, Manziarly ou Poulenc), contes (Pouchkine convoque dans son "Conte du Tsar Saitan" un bourdon dont Rimski-Korsakov fera ses délices) mais aussi nouvelles et romans : Levinas et Shore transportent à l'Opéra, l'un "La Métamorphose" de Kafka, l'autre "La Mouche" de Langelaan, Chostakovitch emprunte un cafard aux "Démons" de Dostoïevski pour son "Opus 146".