« A quoi nous ont-elles servi les théories des philosophes ? Nous ont-elles aidé à faire un pas en avant ou en arrière ? Où est "l'avant" où est "l'arrière" ?... Ce que nous voulons maintenant c'est la spontanéité. Non parce qu'elle est plus belle ou meilleure qu'autre chose.

ll y a quelque chose d'éminemment rêveur dans les récits de Jean Roudaut, comme si ce qui est relaté n'avait pas vraiment eu lieu, ou alors dans un autre monde, mais dans lequel ce monde-ci se serait parfois reflété comme par inadvertance ("Vivre, c'est par moments", écrivait Georges Perros).

C'est en plongeant que l'on entre dans "Les Larmes" de Pascal Quignard et comme souvent chez lui, la tête la première. Ici, le poète – insistons sur ce qualificatif – nous propulse, non sans remous, dans deux épisodes du grand récit national : la naissance de la langue de France et celle de sa littérature. Mais les eaux de ces larmes inendiguables ne fluent jamais dans un seul sens ; et la grandeur du récit historien est ici malmenée, renversée, pulvérisée.

On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, lit-on deux fois le même livre ? Il existe une réponse (allégorique) à cette question dans un conte célèbre de Borges. La nécrologie d'un obscur polygraphe nîmois y comporte, outre la liste de divers opuscules publiés, la mention d'une oeuvre secrète, à la fois immortelle et invisible : quelques fragments d'un Don Quichotte, "verbalement identique" à celui de Cervantès et néanmoins autre puisque rédigé par un symboliste français trois siècles plus tard.

Il existe, comme le note Michel Charles, avec ironie et une certaine dose d’autodérision, deux types de chercheurs, ceux qui avancent et ceux qui creusent. Le parcours de sa propre recherche montre qu’il fait incontestablement partie de la seconde catégorie puisqu’il a publié jusqu’ici une dizaine d’articles et quatre livres tous consacrés à une seule question. La formulation de cette question est essentielle, mais très difficile, et on la résumera, pour commencer, sous cette forme : qu’est-ce qu’une lecture professionnelle ?

Entré en 1966 à l’Ecole normale supérieure, où il enseigna dès la fin de son cursus et fit toute sa carrière, Michel Charles dirige la revue "Poétique" depuis 1979. Il a publié dans la collection du même nom au Seuil trois ouvrages parus à près de dix ans d’écart chacun : "Rhétorique de la lecture" (1977), "L’Arbre et la Source" (1985) et "Introduction à l’analyse des textes" (1995).

Issue d'une famille modeste des bords de Loire, Marielle Macé a trouvé dans la pensée une arme contre la résignation et dans la poésie l'art de saisir tous les possibles du monde. Sommaire. Vers les aubes nouvelles. Toute la vie possible, entretien avec l'autrice.

À l’occasion du centenaire de la naissance de l’écrivain italien, paraît sa passionnante "Correspondance", impressionnant panorama de la riche vie culturelle et politique transalpine de l’après-guerre à 1985.

Après l'attaque au couteau qui a failli lui être fatale en août 2022, l'écrivain se recentre sur l'essentiel : le bonheur et l'écriture. En profitant de la seconde chance que lui offre la vie.

Deux ouvrages sur Claude Simon viennent de paraître et réaffirment l'importance d'une oeuvre littéraire que l'on ne peut réduire à un formalisme aride, entièrement soumise aux théories de Jean Ricardou et du Nouveau Roman. Récompensé par le prix Nobel en 1985, célébré à l'étranger où sont traduits ses livres dès les années 1960, l'écrivain a dû affronter de nombreuses critiques de la part du lectorat français. Jugée souvent difficile, son écriture témoigne pourtant d'une fascination pour le visible et le concret, mettant aussi à l'honneur la mémoire et le passé.

Les lettres de Chantaume, publiées en 1856 à son retour de la guerre de Crimée, relèvent du même « droit de raconter » qu’évoque Michel Foucault à propos des mémoires de Pierre Rivière. Tâtonnant dans l’écriture, propagandiste dans le propos, elles composent une écriture populaire de soi.