Des boutiques pour touristes et des théâtres programmant des comédies musicales familiales. Difficile d'imaginer aujourd'hui que cette artère new-yorkaise fut dans les années 1970 un haut lieu de l'industrie du sexe. Une rue et une époque que ressuscite la série événement de David Simon. Diffusée en France depuis lundi, "The Deuce" - d'après le surnom de la 42e - replonge le spectateur dans cette ambiance des sex-shops, peep-shows et cinémas pornos. Un lupanar à ciel ouvert, aperçu dans "Taxi Driver" ou "Macadam Cowboy", que la Mafia avait transformé en enfer.

Il s'est astreint à peindre avec les orteils pour "My Left Foot", à dépecer des animaux pour "Le Dernier des Mohicans", à forer à la recherche de pétrole pour "There Will Be Blood"... Depuis ses débuts, Daniel Day-Lewis pousse la pratique de son art à l'extrême, s'appropriant ses personnages par une maîtrise totale de leurs gestes. Un investissement si éprouvant que le Britannique espace les tournages et pense à chaque fois raccrocher. A 60 ans, son rôle d'un grand coututier dans "Phantom Thread" pourrait lui valoir un quatrième Oscar. Et une retraite définitive... ou pas.

Pas assez grand, pas assez beau. Complexé, Dustin Hoffman s'imaginait une carrière laborieuse. En 1967, le succès inattendu du "Lauréat" rend célèbre du jour au lendemain cet acteur toujours persuadé, cinquante ans plus tard, d'être une erreur de casting. A 80 ans, l'Américain est à l'affiche de "The Meyerowitz Stories", de Noah Baumbach, diffusé sur Netflix à partir du 13 octobre 2017. Un rôle qui le confronte à sa propre peur de la mort.

A Hollywood, elle est un cas à part : femme, cinéaste, oscarisée et auteure de films d'action. "Point Break", "Démineurs", "Zero Dark Thirty"... La réalisatrice américaine revendique ce cinéma sous testostérone, qui lui a valu plus d'un procès en légitimité. Comment une femme peut-elle filmer la violence ? Avec "Detroit", son dernier film, qui relate les émeutes raciales de 1967, c'est sa couleur de peau qui a été au Coeur du débat. Une Blanche peut-elle filmer le racisme ? Autant d'objections qu'elle balaye. La seule chose qui compte pour elle, c'est d'aller au bout de sa volonté.

Sa marque de fabrique à l'écran, c'est la folie. Guère étonnant pour un homme qui a passé son enfance sous le double patronage de Dieu - il se destinait à devenir pasteur - et d'un père incarcéré pour meurtre. Début septembre, le Festival de Deauville a rendu hommage à l'acteur américain Woody Harrelson et à sa longue carrière - plus de 70 films, dont "Tueurs nés", "Larry Flynt" et "Hunger Games". Le dernier, "Le Château de verre'', sort en salle le 27 septembre.

Elle fut la belle au bras de ''Scarface'', ''Catwoman'' chez Tim Burton, Mme de Tourvel dans "Les Liaisons dangereuses'' ... Mais au milieu des années 2000, l'Américaine Michelle Pfeiffer a quasiment disparu. Un sort réservé à bien des actrices passé 40 ans, qu'elle déjoue désormais en acceptant des seconds rôles. Comme dans "Le Crime de l'Orient-Express'', de Kenneth Branagh, en salle le 13 décembre 2017.

Un père toxicomane, une taille handicapante, des débuts peu glorieux... la partie s'annonçait difficile. A 38 ans, l'acteur de stand-up est pourtant devenu l'un des rois américains du rire grâce à son humour décapant et ses shows grandioses. Le comédien est à l'affiche de ''Jumanji. Bienvenue dans la jungle", en salle le 20 décembre 2017.

Révélé en 2009 par son rôle de soldat accro à l'adrénaline dans "Démineurs", Jeremy Renner est à l'affiche du thriller "Wind River", pour lequel il a passé plusieurs semaines dans une réserve indienne. Entre deux tournages, c'est dans de luxueuses demeures qu'il rénove de fond en comble que l'acteur américain de 46 ans a l'habitude d'élire provisoirement domicile.

Pour disparaître derrière ses personnages, l'acteur de Batman est capable de tout. Se transformer en brindille pour jouer un ancien boxeur accro au crack ~ans "Fighter" comme se forger le physique d'athlète du tueur d'"American Psycho". A 45 ans, celui qui a été découvert, enfant, par Steven Spielberg, est de nouveau méconnaissable dans "Vice", d'Adam McKay, en salle le 13 février 2019. Il y incarne le très corpulent ancien vice-président des Etats-Unis Dick Cheney. Un rôle qui lui a valu un Golden Globe et d'être nommé pour l'Oscar du meilleur acteur, le 24 février.

Il n'a pas écouté ceux qui prédisaient au cinéma d'animation un potentiel limité. Bien lui en a pris. Star du studio Pixar depuis ''Ratatouille'' et ''Les Indestructibles'', le cinéaste sort le second volet des aventures de sa famille de superhéros. A 60 ans, il ne désespère pas de réaliser son rêve : un dessin animé entièrement fait main.

Sa filmographie, aussi européenne qu'hollywoodienne, est remplie de personnages sombres, de "Jambon, Jambon" de Bigas Luna à "Biutiful" d'Alejandro Gonzalez lnarritu. Une noirceur évidente pour l'acteur espagnol de 49 ans, issu d'une lignée de comédiens marquée par le souvenir de la dictature franquiste. Le cinéma lui permet de se réconcilier avec ses fantômes. C'est ce qu'il fait dans "Everybody Knows", de l'Iranien Asghar Farhadi, présenté en ouverture du Festival de Cannes.

En 1968, "2001 : l'Odyssée de l'espace" révolutionnait la science-fiction, laissant le public médusé. Ce choc esthétique et sensoriel, Christopher Nolan l'éprouva enfant lorsqu'il visionna, à son tour, le chef-d'oeuvre de Stanley Kubrick sur grand écran. Imprimée à jamais sur sa rétine, l'expérience suscita la vocation du réalisateur d"'lnterstellar". Et en fit le cinéaste naturel pour superviser, cinquante ans après, la restauration de la version d'origine, en 70 mm, projetée le 12 mai 2018 à Cannes.

Il y a quatre ans, "12 Years a Slave" décrochait l'Oscar du meilleur film et faisait de lui le premier réalisateur noir à remporter la statuette. Le Britannique Steve McQueen à la fois artiste contemporain et cinéaste, est de retour avec "Les Veuves" récit sur un groupe de femmes qui deviennent braqueuses.

Il a tourné dans les derniers westerns de Howard Hawks et joué dans ''Le Parrain'' de Francis Ford Coppola. A 78 ans, est nostalgique du temps où il montrait ses fesses à Marion Brando et mangeait du homard avec John Wayne. L'acteur américain n'en continue pas moins d'inspirer les cinéastes. Il est à l'affiche de ''Holy Lands'' d'Amanda Sthers.

En avril 1987, Gary Hart se voit déjà à la Maison Blanche. Favori de la primaire démocrate, les sondages lui prédisent une victoire à la présidentielle l'année suivante. Mais tout s'effondre en deux semaines après la révélation de ses infidélités par la presse. L'événement, qui inspire le film "The Front Runner", en salle le 16 janvier 2019, peut sembler anecdotique à l'ère de Trump. Mais il a marqué un tournant dans le journalisme politique américain, lancé depuis dans une course au sensationnalisme.

Onze ans après le carton de "Paranormal Activity", Jason Blum est, à 49 ans, le producteur de films d'épouvante le plus en vue à Hollywood. Un genre qui permet à ce démocrate de faire passer des messages politiques dénonçant la vente libre des armes ("American Nighmare"), le libéralisme forcené ( "Sinister") ou le racisme, comme dans le très remarqué "Get Out" l 'année dernière. Il récidive avec "Halloween", nouvelle version du classique de John Carpenter.

A 54 ans, Matt Dillon n'en attendait pas tant : être choisi par Lars Von Trier pour incarner le tueur en série de "The house that Jack built", en salle le 17 octobre 2018. Car l'adolescent découvert par Francis Ford Coppola et promis au plus bel avenir hollywoodien n'a pas fait la carrière prédite. Cette trajectoire, faite de longs moments d'absence ponctués d'apparitions inoubliables, l'Américain a fini par en prendre son parti.

Tout le monde connaît la suite, rares sont ceux qui se rappellent les prémices. Il y a trente ans, en septembre 1988, Salman Rushdie sort son nouveau roman. Alors que l'auteur britannique d'origine indienne en assure la promotion, la polémique autour de l'aspect blasphématoire des "Versets sataniques" s'enclenche sans que personne n'en prenne véritablement la mesure. De demandes d'interdiction en autodafés, la tension monte jusqu'à la condamnation à mort de 1'é crivain lancée depuis l'Iran par l'ayatollah Khomeiny le 14 février 1989.

Avec "Uncut Gems", les réalisateurs Josh et Benny Safdie plongent dans l’univers des diamantaires new-yorkais. Un milieu extrêmement fermé qu’ils ont côtoyé enfants. Leur film est autant un portrait du diamond district que du personnage principal, un joaillier accro au jeu, interprété par Adam Sandler.

Bryan Stevenson n’est pas un avocat comme les autres. Depuis trente ans, il consacre sa vie à une seule mission : la défense des détenus afro-américains lourdement condamnés. Dans un pays où les décisions judiciaires sont entachées de distorsions raciales, son combat, aujourd’hui médiatisé, parvient à faire bouger les lignes. Après le succès de ses Mémoires, sa vie est portée à l’écran par l’acteur Michael B. Jordan.

Sa beauté singulière, son aura sulfureuse et ses choix de carrière audacieux font de Chloë Sevigny une actrice à part. Depuis ses débuts dans "Kids", de Larry Clark, jusqu’à "The Dead Don’t Die", de Jim Jarmusch, en ouverture du Festival de Cannes, l’Américaine poursuit une trajectoire atypique dans le cinéma indépendant. à 44 ans, celle qui a commencé dans un milieu pré-#metoo joue de son rapport à son corps, tournant dans des films jugés choquants, et posant volontiers pour des magazines de mode. Une indépendance qu’elle continue de revendiquer, à contre-courant d’Hollywood.

Mai 1968, la France est en éruption. Le Festival de Cannes est annulé à mi-chemin. Un an plus tard, une étrange ambiance règne. Alors que la campagne présidentielle pour succéder à Charles de Gaulle bat son plein, le monde du cinéma, guidé par le président du jury, Luchino Visconti, réclame aussi du changement. Une compétition parallèle, la Quinzaine des réalisateurs, fait son apparition. Et le palmarès consacrera un cinéma contestataire, entre radicalité et esprit hippie, dont les films "Z" et "Easy Rider" sont les emblèmes.

Cinéma, peinture, littérature, musique... L’histoire de l’art est marquée par des disparitions d’oeuvres légendaires. "M" part à leur recherche. En 1942, le deuxième film d’Orson Welles, "La Splendeur des Amberson", sort dans une version remontée par la maison de production sans l’aval du réalisateur. De quoi alimenter la curiosité des cinéphiles qui pensent trouver la copie d’origine au Brésil.

de "Frances Ha", de Noah Baumbach, à "To Rome with love", de Woody Allen, ou "Damsels in distress", de Whit Stillman, elle fut l’une des figures du cinéma d’auteur des années 2010. mais Greta Gerwig ne s’est jamais contentée d’être au service des hommes qui la faisaient tourner. Scénariste accomplie, notamment des films de son compagnon Noah Baumbach, la Californienne de 36 ans est une réalisatrice de talent. Après son premier film, "Lady Bird”, en 2017, nommé aux Oscars, “Les filles du docteur March” sera en salle le 1er janvier.

En cinquante ans de carrière, le jeune homme fauché est devenu une légende d’Hollywood. Un personnage de la pop culture. Sylvester Stallone a le visage et les muscles de Rocky et de Rambo. Deux héros qui incarnent les forces et les faiblesses de l’Amérique, comme celles de l’acteur. À 73 ans, avec “Rambo : Last Blood”, en salle le 25 septembre, il redonne vie au vétéran du Vietnam qu’il affectionne tant.

Même génération, mêmes origines italiennes, même jeunesse new-yorkaise agitée. Il y a presque cinquante ans, le réalisateur Martin Scorsese trouvait en l'acteur Robert de Niro un alter ego à l'écran. Un lien fusionnel indéfectible qui, de "Taxi driver" à "Raging bull", "Les Affranchis" ou "Casino", les a propulsés au sommet du cinéma. A plus de 75 ans, les deux géants ont de nouveau œuvré en totale complicité dans "The Irishman", diffusé sur Netflix à partir du 27 novembre 2019.

Il était un comique adulé dans l'Hexagone grâce à ses rôles dans "La grande vadrouille" ou "Les gendarmes". Mais, dans les années 1970, Louis de Funès veut cesser d'incarner cette France désuète et bourgeoise et être enfin reconnu par ses pairs. Cette mue, la star de 50 ans passés l'accomplit en beauté en 1973 grâce aux "Aventures de Rabbi Jacob" de Gérard Oury. L'acteur atteint le sommet de son art. Et l'homme découvre un monde juif qui fait tomber ses préjugés.

Quentin Tarantino réunit pour la première fois au cinéma Leonardo DiCaprio et Brad Pitt dans "Once Upon a Time... in Hollywood", en salle le 14 août 2019. Deux acteurs aux profils plus contrastés qu’il n’y paraît. Comédien depuis l’adolescence, star mondiale grâce à "Titanic", le premier a connu un parcours sans faute. Pour le second, la voie a été moins facile et les doutes plus présents. Pourtant, à 44 ans, Leonardo DiCaprio paraît en retrait face à un Brad Pitt, de onze ans son aîné, à la décontraction frappante.

Il y a quarante ans, François Truffaut connaissait son plus grand succès public avec “Le dernier Métro”. A bien des égards, cette histoire d’amour entre Depardieu et Deneuve, confinés dans un théâtre sous l’occupation, est un film à clés. Le cinéaste de la nouvelle vague, qui allait disparaître quatre ans après ce triomphe, y a mis en scène des motifs très personnels.

En quarante ans de carrière, il a été le distributeur de dix Palmes d’or et prévoyait de frapper fort avec la sortie, le 18 mars, du "Pinocchio" de Matteo Garrone. Face à la fermeture des cinémas, le patron du Pacte en a vendu les droits à Amazon Prime. Un sacrifice que cet amoureux des salles obscures n’a pas hésité à consentir pour assurer la survie de son entreprise.