La sortie du premier volume de l'intégrale Costa Gavras vient combler une lacune importante de l'édition DVD-Blu-ray. Non seulement parce que les films ont fait l'objet d'une restauration méthodique, mais parce que chacun d'eux est accompagné d'une batterie de suppléments que vient compléter un entretien fleuve avec Edwy Plenel et un livret rédigé par celui-ci.

C'est dans un film emblématique du jeune cinéma belge, "Toto le héros" de Jaco Van Dormael (1990), qu'apparaît pour la première fois Bouli Lanners sur grand écran. Il a alors 25 ans, une scolarité interrompue aux Beaux-Arts de Liège et une succession de petits boulots à son actif. De régisseur, il devient acteur, un peu par accident, puis prend goût à cette activité. Les court-métragistes et les réalisateurs de télévision puis de cinéma le sollicitent. Il se prend au jeu et s'essaie à son tour à la mise en scène.

Mort le 1er janvier 2016, le chef opérateur Vilmos Zsigmond était venu à Paris en juin précédent afin d'y présenter la version restaurée de "The Rose" de Mark Rydell (1978) dans le cadre du Champs-Elysées Film Festival. Il achevait alors le tournage d'un documentaire que lui a consacré Pierre Filmon, "Close Encounters With Vilmos Zsigmond, produit par Marc Olry, que nous devrions découvrir dans le courant de cette année.

Dans l'Amérique des pionniers, des chasseurs blancs s'apprêtent à lever le camp à la suite d'une partie de chasse dans une nature sauvage et encore très hostile, lorsqu'un des trappeurs est attaqué par un grizzly qui sent sa progéniture menacée. Le combat est inégal. Le fauve furieux s'acharne sans relâche sur sa proie impuissante. L'homme se défend tant bien que mal contre la bête qui lui arrache une partie de la peau avec une facilité déconcertante et une sauvagerie terrifiante.

Avec "Qu'un seul tienne et les autres suivront", la réalisatrice Léa Fehner avait obtenu le Prix Louis-Delhuc du premier film en 2009, en imposant une vision complexe du monde à travers de multiples personnages imbriqués dans une ronde ténébreuse et labyrinthique. Et puis, comme si elle était enfermée dans une pièce sombre et avait voulu en sortir pour voir le soleil, dans le nouveau "Les Ogres", elle suit au quotidien la trace d'une troupe de théâtre itinérante et s'attache à une communauté de coeur et d'esprit qui vibre au rythme des mêmes émotions, côté cour et côté jardin.

Dans son quatrième long métrage, et alors même que le suivant, "Loving", en voie de finition pourrait se retrouver à Cannes, le réalisateur de "Take Shelter" et de "Mud, sur les rives du Mississippi" s'interroge une nouvelle fois sur l'influence de la tradition dans l'Amérique profonde, à travers l'irruption d'un être surgi de nulle part qui cristallise toutes les passions sur son passage et devient l'enjeu des causes qui le dépassent.

Ken Loach dénonce la situation absurde de ces chômeurs déclassés auxquels on impute des défaillances d'une administration devenue une machine infernale.

Devenu en quatre films l'un des cinéastes américains majeurs de sa génération, Jeff Nichols s'attache ici à la romance d'un homme blanc et d'une femme noire dans l'Amérique de 1958. Cette histoire authentique s'inscrit dans le contexte du combat pour les droits civiques et l'égalité raciale qui coûtera la vie à Martin Luther King, mais aboutit une décennie plus tard à déclarer anticonstitutionnelle la loi scélérate qui interdisait le mariage aux couples mixtes.

"Silence" ressemble au troisème mouvement d'une symphonie mystique en trois actes qui aurait débuté pour Martin Scorsese avec "La Dernière tentation du Christ" (1988) et se serait poursuivie avec "Kundun" (1997). Un exercice acrobatique de grand écart entre christianisme et bouddhisme qui traduit un feu intérieur particulièrement intense. La genèse de ce projet remonte à une trentaine d'années, mais ce n'est pas un hasard si le réalisateur s'y est attelé à ce moment précis de son oeuvre.

Douze ans après Bon voyage, Jean-Paul Rappeneau signe une comédie de moeurs trépidante et réunit un aéropage de choix autour de Marine Vacth, véritable centre de gravité d'un film choral qui s'inscrit dans la plus pure tradition française, telle que l'illustrèrent Marivaux, Balzac ou Jean Renoir. Avec, en prime, un plaisir communicatif qui passe à la fois par une écriture virevoltante, une interprétation hors pair et une mise en scène qui a le bon goût de ne jamais se montrer ostentatoire.

Sur un script des frères Coen inspiré d'une affaire emblématique de la Guerre froide, Spielberg s'attache dans cette reconstitution tirée à quatre épingles à des personnages qu'il se garde bien de juger. Il livre à cette occasion la reconstitution saisissante d'une époque de grande confusion, en confiant à Tom Hanks un nouvel emploi d'idéaliste confronté à des intérêts qui le dépassent.

Chronique d'une passion prohibée entre deux femmes dans l'Amérique puritaine de l'Après-guerre, le nouveau film de Todd Haynes transcende les codes hollywoodiens du cinéma de l'âge d'or en magnifiant le contraste de ses deux interprètes : Cate Blanchett et Rooney Mara.

Avec "Argentina", à l'aube de ses 84 ans, Carlos Saura ajoute un nouveau chapitre à la vaste encyclopédie musicale chantée et dansée qu'il a entrepris avec "Noces de sang", en 1981. Simultanément est édité un coffret de DVD de neuf de ses meilleurs films des "années rebelles", celles qui ont façonné les débuts de ce cinéaste pétri de convictions, à travers des chroniques familiales et intimes où affleurait une critique subtile du franquisme dans des bouffées de nostalgie.

Célèbre en Israël depuis une trentaine d'années, Eran Riklis s'est fait un nom sur le plan international avec des films comme "La Fiancée syrienne" (2004), "Les Citronniers" (2008), "Le Voyage du directeur des ressources humaines" (2010), "Playoff" (2011) et "Zaytoun" (2012) qui sont autant de questionnements sur la société israélienne et ses paradoxes communautaires. Dans "Mon fils", il s'attache aux problèmes identitaires d'un jeune Arabe prêt à tout pour s'intégrer, y compris à se faire passer pour un autre...

Une jeune fille raconte à une femme vêtue d'une tenue médiévale et coiffée d'un chapeau pointu qu'elle a rêvé avoir enfin rencontré son prince charmant, elle qui confesse n'avoir jamais aimé personne. Il suffit d'une séquence à Agnès Jaoui pour nous entraîner dans un autre monde où l'on n'a pas toujours les pieds sur terre, quitte à revenir aussi vite à la réalité. Son quatrième film se caractérise par une incursion dans l'imaginaire à laquelle nous a rarement convié un cinéma français trop cartésien.

Il fut un temps où les jeunes réalisateurs français entraient dans la carrière en puisant dans leur vécu et en inscrivant celui-ci dans le cadre de ce qu'on a pu qualifier de cinéma de chambre, voire de chambre de bonne, parce qu'il restreignait son cadre à un simple décor, pour des raisons davantage économiques qu'artistiques. « Les Lendemains » assume de la plus belle manière qui soit cet héritage de la Nouvelle Vague, en prenant le pouls de notre époque à travers ce qui ressemble à une chronique de la fragilité ordinaire.

C'est ″Jules et Jim″ version trash. Deux hommes et une femme partagent leur intimité et leur insouciance sous le soleil de Californie, dans une promiscuité sans ombre, grâce au confort matériel que leur a valu la culture industrielle de cannabis rapportés d'Afghanistan à la faveur de l'intervention militaire américaine. Jusqu'au jour où ils attirent l'attention d'un puissant cartel de narcotrafiquants mexicains bien décidé à mettre la main sur leur pactole et leur clientèle...

Parce qu'il a raté son train, une nuit dans une ville de province endormie, un fonctionnaire du trésor public en mission rencontre une femme qui disparaît comme elle était venue. Avec le temps, comme pour oublier, il se résout à en épouser une autre et embarque pour un bonheur tranquille, lorsqu'il découvre que sa belle-soeur n'est autre que la mystérieuse inconnue, fort heureusement partie vivre au bout du monde. Jusqu'au jour où elle revient...

La ressortie dans les salles de l'excellent "Au nom du pape roi", fleuron de la comédie italienne, nous donne une nouvelle occasion de louer le génie de Nino Manfredi, comédien frégolique s'il en est. Mais aussi de nous pencher sur la figure pontificale au cinéma. Pour en conclure que celle-ci est loin de ne pas faire que de la figuration...

Dans l'anonymat de la mégalopole new-yorkaise, Brandon a pris l'habitude de vivre reclus sur lui même et de cultiver un jardin secret où ne pousserait que du chiendent. Alors, quand il voit sa soeur débarquer pour une durée indéterminée, son intimité se trouve directement menacée par cette intrusion qui va le contraindre à sortir de son isolement pour se révéler à lui-même et aux autres. Parce que cet homme bien sous tous rapports est un obsédé sexuel dont l'addiction a fini par envahir les jours et les nuits.

En vingt ans, de ″Bar des rails″ aux ″Regrets″, et de ″L'Ennui″ (qui lui a valu un Prix Louis Delluc et dont le découpage, comme ″Bar des rails″ fut publié par ″L'Avant-Scène Cinéma″) à ″Roberto Succo″ et ″Feux rouges″, Cédric Kahn a imposé sa petite musique, celle d'un auteur exigeant qui observe le monde autour de lui à hauteur d'homme et ne se lasse pas d'en explorer les moindres recoins, avec une prédilection pour les personnages aux abois.

Dans cette réplique spirituelle à ″2 Days In Paris″, la cosmopolite Julie Delpy exprime sa passion pour Big Apple et égratigne avec humour les petits travers des Français et des Américains.

Le succès international récent de ″The Artist″ a posé la question récurrente d'un retour possible au cinéma des origines, celui-là même qu'exaltait simultanément Martin Scorsese dans ″Hugo Cabret″ en rendant hommage à Georges Méliès. Voeu pieux qui fait davantage fantasmer les cinéphiles que les producteurs, d'abord soucieux de leur retour sur investissement. Il a fallu huit ans au réalisateur espagnol de ″Torremolinos 73″ pour réaliser à son tour un film muet en noir et blanc, projet donc bien antérieur à celui de Michel Hazanavicius.

Il a beau sortir de plus en plus de documentaires sur grand écran chaque semaine, trop peu d'entre eux témoignent d'un véritable point de vue, ni surtout d'une ambition cinématographique digne de ce nom. Ces deux qualités fondamentales sont pourtant à l'affiche de « Comment j'ai détesté les maths », oeuvre aussi vertueuse qu'ambitieuse qui s'interroge sur une phobie largement partagée.

En pleine confusion mentale, Julie Bertuccelli a passé une année scolaire dans une classe de primo-arrivants. Vingt-quatre élèves et autant de nationalités confrontés à un défi crucial : s'intégrer dans un pays qui deviendra le leur.

Pierre Salvadori est un auteur, un vrai. Pour lui, la substantifique moelle du cinéma se trouve dans l'écriture. Sans une histoire digne d'être racontée, l'hypothèse de réaliser un bon film n'est même pas envisageable pour cet artisan du langage qui n'apprécie rien tant que les personnages, de préférence saugrenus.