Prix Albert-Londres, Luc Bronner enquête depuis 2005 sur les banlieues françaises pour Le Monde, son livre La Loi du ghetto aborde de front les règles et la violence de ces contre-sociétés.

Un an après les émeutes qui ont enflammé les banlieues françaises et mis le pays en face de rudes réalités, rien n'a changé. Un éditorialiste algérien le déplore avec virulence et nous prédit des lendemains explosifs.

Une "Documentation photographique" sur la géographie de la France. "Enfin !" diront certains. Confié à Magali Reghezza-Zitt, maître de conférences en géographie à l'Ecole normale supérieure, ce dossier se veut à la fois une méthode et une synthèse.

Les banlieues, un sujet de désintérêt national.

Le 27 octobre 2005, la mort de Zyed et Bouna, électrocutés dans un transformateur EDF lors d'une poursuite avec la police, avait engendré plusieurs semaines d'embrasement dans les banlieues françaises. Dix ans après, où en est la jeunesse avec la police ? Retour en Seine-Saint-Denis, où les jeunes racontent vexations et brutalités policières à répétition.

Le 31 mai 1995, coup de tonnerre au festival de Cannes : "La Haine", de Mathieu Kassovitz, invite la banlieue sur le tapis rouge. Vingt ans plus tard, l'orage gronde toujours.

Le ghetto linguistique est peut-être pire que le ghetto urbain, car il poursuit en tout lieu celui qui y habite. Les élèves de banlieues en sont conscients et vivent cette réalité comme une fatalité.

Durant l'automne 2005, une partie des banlieues françaises s'est embrasée sous l'effet d'une vague de violences urbaines sans précédent. La France est-elle en train de voir émerger un phénomène comparable à celui des ghettos américains ? La ségrégation ethnique prenant le relais ou se combinant avec la ségrégation socio-spatiale, jamais la comparaison entre les situations américaine et française n'a paru aussi nécessaire. Assiste-t-on à une américanisation au moins partielle de la question des banlieues ?

Mehdi et Badrou, ex-Kids de France Inter, arrosent à la rentrée avec un documentaire sur la banlieue plein de fraîcheur et un livre implacable sur la violence du monde du travail.

Les dernières élections présidentielles ont fait émerger l'importance du vote FN dans les espaces ″périurbains″. L'angle territorial permet-il à lui seul de comprendre ce vote, et ne faut-il pas l'associer aux questions économiques et sociales, voire sortir du ″périurbain″ pour parler, plus globalement, d'″espaces périphériques″ (non métropolitains), dont les habitants ont de plus en plus l'impression de ne pas être ″là où il faut″ ?.

La lecture ″spatiale″ du vote en faveur du Front national a eu tendance à assimiler périurbain et populisme, et a fait le bonheur des médias. Or, une telle approche tend à stigmatiser des populations en raison de leur mode de vie, au risque de faire équivaloir choix résidentiels et choix électoraux, en disqualifiant ainsi un outil - la carte - qui peut pourtant apporter beaucoup - mais pas tout - à l'analyse politique.

Le Langage est cru, à l'image de la réalité qu'il dépeint. Dans "French Deconnection au coeur des trafics", le journaliste - prix Albert-Londres, 2014 - décrit le quotidien des dealers à Marseille, "l'ambition, la fumette, la flambe et surtout la servitude". Le 13 janvier 2016, il publiera "La Fabrique du monstre", une enquête dénuée de complaisance mais pas d'empathie.