Pierre Lunel, ex-président de Paris-VIII, dans un livre coup de poing, propose une révolution dans l'université française. Rencontre avec un iconoclaste.

A la fin du XIXe siècle, la France décide de faire renaître l'Université, d'en faire un temple de la science et de la culture. C'était compter sans les grandes écoles.

Notre sondage est sans appel : il n'est pas facile d'avoir 20 ans en France en 2005. Le chômage frappe les 18-30 ans de plein fouet, l'université crie misère, et l'incompréhension monte entre les jeunes et les entreprises.

Au moment où les campus reprennent vie, un coup de projecteur s'imposait sur les faiblesses, nombreuses de l'université. Sans catastrophisme, car dans le paysage kaléïdoscopique qu'offre l'université française, des mutations positives sont déjà en cours.

Peu d'étudiants savent que l'université française moderne est née de la défaite de 1871, due en large partie au manque de scientifiques.

Aux grandes écoles la formation des ingénieurs issus des classes préparatoires, aux universités la recherche et la formation des enseignants. Un scénario qui prévalait jusqu'à la création d'établissements recrutant juste après le baccalauréat.

Côté enseignement et côté étudiant, deux spécialistes se penchent sur le fonctionnement du monde universitaire hexagonal. Marie Duru-Bellat, de l'Iredu, pose en termes économiques la question de l'allongement des études quand, chercheuse à Sciences Po, Christine Musselin s'intéresse aux professeurs français et les compare aux Allemands et aux Américains.

Temple du savoir et de la connaissance, l'université est aussi le lieu de tous les trafics... où l'on s'échange sous le manteau quantité de petit matériel volé. Qui sont les revendeurs ? Nasser Tafferant, sociologue, a suivi le parcours de ces étudiants dits "biznessmen".

Après deux mois de mobilisation intense, les lycéens et les étudiants rentrent dans le rang, les responsables politiques aussi. La crise ayant une fois de plus mis au jour les dysfonctionnements de l'enseignement supérieur, le gouvernement entend lancer un grand débat sur l'université et ses liens avec le marché du travail.

Dans un rapport, des juristes universitaires examinent leurs atouts et leurs faiblesses pour affronter la concurrence, jugée inévitable, des grandes écoles et des instituts d'études politiques. Compte rendu de leurs recommandations.

Après des années d'immobilité, la recomposition du paysage universitaire semble engagée.