C'est l'histoire d'une marginale. En France, la poésie n'a pas de place, ou si peu, dans les médias ni le débat public. Alors que s'ouvre le "Printemps des poètes", qui chaque année rappelle combien ce genre littéraire est pourtant bien vivant, on se demande d'où peut venir ce désamour au pays de Baudelaire, de Rimbaud et d'Aragon... Sommaire. A la recherche de la poésie perdue. Le poème, pour agrandir notre présent. Le goût de la craie.

Un livre récent éclaire l'amour pur et impossible entre Friedrich Hölderlin et Suzanne Gontard.

Olivier Barbarant révèle la stylistique élaborée de "La Mort d'Agrippine" écrit par Cyrano de Bergerac.

Olivier Barbarant met en lumière les écrits des auteurs allemands Volker Braun et de la jeune Nadja Küchenmeister mêlant littérature et poésie.

Nous traversons une étrange période, dont nous avons cru qu'il ne s'agirait d'abord que d'une saison ou d'une année, avant de constater tristement qu'il faudrait doubler nos décomptes ; une période dont nous voudrions penser que la médecine finira par triompher, sans pouvoir complètement nous affranchir de la crainte qu'elle ne révèle une nouvelle condition de l'Humanité.

C'est, à réception du livre, la beauté de l'objet qui a retenu Olivier Barbarant : le grain du papier, l'image occupant toute la couverture de ses gris et jaune, l'écho du titre, "Le Fauteuil jaune" de Stephen Romer, et de ce que l'oeil voyait en même temps qu'il lisait (une table de salon d'un noir de charbon, des fruits presque de la même teinte - mais pas tout à fait - que le fauteuil en arrière-plan, légèrement coupé par la tranche du livre... ).

Sur fond d'un mur gris où les ombres font des taches, entre un pot à eau ventru, resserré à la taille, et une casserole bleue montrant son ventre vide, au centre, un peu plus incertaine, moins brisée aux angles, sculpturale pourtant, une bougie suspend le triangle de sa flamme étrangement blanche au sommet d'un bougeoir aux boucles compliquées... Avec "La Casserole émaillée" de février 1945, Picasso donnait à voir la puissance des choses ordinaires, de ces présences muettes qui nous entourent et n'ont jamais cessé de retenir l'attention des hommes.

L'étude de la correspondance de Paul Claudel donne accès à la genèse de l'oeuvre théâtrale et constater quelle large part ont le désir et les émotions dans la vie de l'homme de lettres français.

Pour essayer de penser ce que fut 1968 en poésie, il est à craindre surtout qu'une vision trop étroitement française ne s'égare avec myopie dans un champ beaucoup trop restreint.

Bien s’exprimer est depuis longtemps un signe de distinction sociale et un outil de pouvoir. En vogue aujourd’hui, l’apprentissage de la parole en public affiche des objectifs divers, de la célébration du bagou à la recherche d’une expression libérée de ses empêchements, en passant par l’efficacité managériale.

En juillet 1919, une jeune femme abandonnée sans ressources, confrontée aux difficultés et à l'injustice de sa condition, prend l'initiative d'écrire à un poète pour lui dire combien ses textes, depuis la lointaine découverte du « Livre des images », l'accompagnent et la réconfortent : « Je devrais me taire et me contenter de la musique de vos chants, dans lesquels résonnent la douceur des nocturnes de Chopin et la force contenue des largos de Beethoven.

Depuis sa solidification dans les dictionnaires et sa fabrication dans la rue, jusqu’aux spécificités de la phrase française, racontées par un de ses pratiquants actuels, en passant par la résistance du vouvoiement et le pouvoir de la voix, "Marianne" célèbre la langue française. Laquelle traverse une période de bouillonnement qui rappelle la Renaissance ou l’Encyclopédie. Cette tempête linguistique bouscule l’usage, mais reste canalisée par un attachement viscéral à la norme. Sommaire. Y-a-t-il encore un pilote de la langue française ? Il était une fois la phrase française.

Le dernier livre d'Alain Badiou, philosophe fou de poésie -sa fascination pour le concept rivalisant avec sa ferveur pour le poème -, traduit une connaissance profonde et une compréhension admirative de celui qu'il appelle "caméléon génial", Louis Aragon. Un essai aussi bienvenu que brillant.

Olivier Barbarant livre sa réception de l'ouvrage de Lydia Tchoukovskaïa intitulé "Entretiens avec Anna Akhmatova".

Dans les premières décennies du XXe siècle, loin de l'image convenue d'un pays archaïque fait de terres sèches et d'arriération religieuse, circulait entre Madrid et l'Andalousie une intense modernité. Créée en 1910, la Résidenoe des étudiants de Madrid, fondée sur un projet d'ouverture interdisciplinaire et de dialogue international, accueillit ainsi l'élite intellectuelle et littéraire de la jeunesse espagnole, qui pouvait y rencontrer Unamilllo, Manuel de Falla, Ortega y Gasset, Eugenio d'Ors, où y inviter pour des conférences Valéry, Stravinsky, Keynes, Calder, Bergson, Le Corbusier...

Rien semble-t-il n'aurait permis de rapprocher deux hommes aussi dissemblables : l'un nerveux, électrique, surchargé de travail, courant d'un texte à un film, d'une caméra à une polémique, sans cesse intervenant, avec rage et frénésie, dans le champ public ; l'autre immobile, ne voyageant jamais que du regard, tapi au fond de la bibliothèque où il travaillait, soucieux du temps plus que de l'histoire, du paysage plus que de la cité, et presque inconnu.

« On a dit que Mme Valmore, dont les premières poésies datent déjà de fort loin (1818), avait été de notre temps rapidement oubliée. Oubliée par qui, je vous prie ? » s'indignait "La Revue fantaisiste" en 1861. Et Baudelaire - puisque c'est lui qui tient la plume, et l'on ne saurait rêver plus grand avocat en matière poétique - de répondre à sa question : « Par ceux-là qui, ne sentant rien, ne peuvent se souvenir de rien. [...] Aucun auteur ne cueille plus facilement la formule unique du sentiment, le sublime qui s'ignore.

Il n'est pas défendu de commencer par la fin. En 2000, "New Addresses", l'avant-dernier recueil de Kenneth Koch, deux ans avant sa mort, renoua explicitement avec la poésie de l'apostrophe qu'il dit hériter de l'« Ode au vent d'Ouest » de Shelley, pour interpeller aussi bien « la langue française » ou « la psychanalyse » que « ma vingtaine » ou « la judéité ».

Qu'est-ce qu'un poète national ? Avant même de tenter d'y répondre, la question d'emblée dérange celui qui s'y risque, regrettant aussitôt de s'aventurer sur un sol aussi incertain : un fond de vase instable, voire un terrain miné...

L'Algarve est la région la plus méridionale du Portugal, une sorte de rectangle peu épais, une avancée au-delà du détroit de Gibraltar bordée des deux côtés par les eaux de l'Atlantique, au plus bas de l'Europe, au seuil de la terre et de l'océan, au bout d'un continent. Qu'y pouvait apprendre du monde un garçon né en avrill949, sous le long et sinistre règne de Salazar, dans le bourg de Mexilhoeira Grande, toponyme où l'adjectif s'avère incontestablement compensatoire ?