L'oeuvre d'un écrivain a tout d'un nuancier, avec sa palette de couleurs. Ainsi, vingt-cinq ans après "Les Rivières pourpres" (et près de vingt ans après "La Ligne noire"), Jean-Christophe Grangé nous propose aujourd'hui "Rouge karma". En un peu plus d'un quart de siècle, cet ancien journaliste a imposé sa patte, et prouvé qu'en France on pouvait signer d'ambitieux thrillers horrifiques, dans la lignée du "Silence des agneaux" de Thomas Harris - un registre très loin des codes du polar et du noir local, tel qu'on le connaissait jusque dans les années 1990.

Douglas Kennedy, derrière le rire, une inquiétude qui le pousse à s'inventer des doubles

L’auteur des "Bienveillantes" laissait planer le doute sur la poursuite de son oeuvre romanesque. Tout à trac, il publie un récit où, dans un espace cubiste, un narrateur se métamorphose et reprend tout à zéro, à sept reprises.

"Patria" narre, à hauteur d'hommes, les fractures nées de la lutte armée d'ETA au coeur d'un village, et dénonce l'imaginaire romantique lié au terrorisme.

Ecologiste, allergique à l’autorité et à l’effort "rentable"... Né en 1957, le personnage de Franquin concentre tous les partis pris défendus onze ans plus tard en Mai 68. Et inspire un film, à l’affiche le 4 avril 2018.

L’omniscience par Google ! L’ubiquité grâce à Facebook ! Tout tout de suite via Amazon ! Ils sont arrivés avec leurs sourires californiens et leurs inventions prodigieuses et ont participé à faire de nous des hommes augmentés. Nous avons mis un certain temps à comprendre que ces technologies véhiculaient de vieilles idéologies – la pensée libertarienne – et inventaient une étrange économie, où le consommateur converti en données devenait lui-même produit. Les Gafa pensent l’avenir à notre place et le disent haut et fort. N’est-il pas temps de leur envoyer un message ? Sommaire.

Le maître de l’espionnage, qui a les honneurs d’un "Cahier de L’Herne", publie un excellent nouveau roman. Il y soumet les agissements des services secrets d’hier – et ses romans passés – au jugement du présent.

En France, il est connu pour sa capacité à enclore un univers en moins de 200 pages - le réchauffement climatique et les tourments d'un prix Nobel amer, dans "Solaire" ; les tabous d'avant la révolution sexuelle et la nuit de noces tragicomique qui en résulte dans "Sur la plage de Chesil". Mais si ces miniatures littéraires l'ont rendu célèbre chez nous, le Britannique Ian McEwan, 75 ans cette année, n'est pas l'homme d'une seule forme : au contraire, pour lui, chaque fiction semble l'occasion d'une petite réinvention de son art. Il publie aujourd'hui un roman total : "Leçons".

Trois romans d’épouvante venus d’Amérique du Nord viennent nous prouver l’efficacité redoutable du genre. Une exploration du mal entre polar, fantastique et effroi.

"Dracula" entre dans La Pléiade alors qu’est enfin traduite une biographie monumentale de H. P. Lovecraft. Qu’il paraît loin le temps où l’épouvante était considérée comme un sous-genre pour adolescents. Le registre fait maintenant partie de plein droit de l’histoire des imaginaires. Bien plus : cet univers maudit, en nos temps anxiogènes, est en passe de prédominer, en littérature comme au cinéma. Sommaire. Plaidoyer pour le droit à l'horreur. Un vampire aux dents longues. Opéra cosmique. King size. Souffler le show et l'effroi.

Un peu moins de parutions que l’an passé, mais que de belles découvertes ! On attendait beaucoup d’"Orléans" de Yann Moix, du "Coeur de l’Angleterre" de Jonathan Coe et d’"Eden" de Monica Sabolo, et nous n’avons pas été déçus. Mais la surprise est venue d’inconnus. Telle Sigrid Nunez, Américaine de 68 ans dont "L’Ami" nous a éblouis, ou encore l’Espagnol Manuel Vilas et son bouleversant "Ordesa". Sommaire. Ecriture au féminin, brelan de dames. Histoire, passé recomposé. Rentrée française, jamais sans famille. Queer, en genre et en nombre. Migrations, mers et murs.

Grand connaisseur de l’URSS, l’écrivain américain écrit une fable cruelle dans laquelle Staline joue le rôle d’un ogre. Une splendide réussite.

Recluse une nuit au musée, l’autrice reste de marbre devant les oeuvres, qui lui inspirent néanmoins un texte sublime sur la noblesse de l’échec.

Formidable outil, l’intelligence artificielle soulage déjà nos intelligences naturelles en bien des domaines. Avant même son avènement, elle a suscité des mythes et des fictions littéraires. À travers elle, se dessinent les espoirs et les craintes de nos sociétés futures. Sommaire. Une intelligence très artificielle. Société du futur. « Intelligence »... mais en quel sens ? « A l’hôpital, le contact humain est essentiel », entretien avec Bernard Nordlinger. Le libre arbitre de l’IA. Dis moi qui tuer ? ou qui aimer ? Usages et préjugés. Qui doit craindre pour son emploi ?

Contempteur de la déliquescence des années 1980 et 1990, l’auteur de Moins que zéro revient avec un essai sur l’actuelle bien-pensance sous antidépresseurs.

Dans "Le Royaume désuni", on retrouve tout le talent de l'auteur britannique, qui cette fois nous entraîne à Bournville, cité des chocolats Cadbury, chez une famille anglaise suivie sur quatre générations. Assurément l'une des oeuvres littéraires les plus marquantes de cette année 2022.

En quoi la nécessité d'étudier le mal pour l'affronter nous met-elle en danger ?

A l'occasion de la parution de deux essais inédits du Prix Nobel péruvien Mario Vargas Llosa, il convenait de s'interroger sur ce fameux mouvement de la littérature latino-américaine - dont il est l'un des représentants - et sur sa turbulente postérité.

"Oui-Oui" dans "Lire Magazine littéraire" ? Et pourquoi pas? N'avons-nous pas découvert l'héroïsme chevaleresque dans "Le Club des Cinq" avant de le retrouver dans les chansons de geste? N'avons- nous pas rencontré le merveilleux dans "Oui-Oui", longtemps avant d'ouvrir nos premiers contes fantastiques? Diffusées à des centaines de millions d'exemplaires, les œuvres d'Enid Blyton (1897 1968) ont formé des générations de lecteurs.

S'ils comptent à nos yeux comme deux ouvrages importants de l'année 2020, "Histoires de la nuit", de Laurent Mauvignier, et "Et toujours les Forêts", de Sandrine Collette - roman salué par Le Grand Prix RTL-Lire - ont, en apparence, peu en commun. L'un est un thriller écrit de façon remarquablement détaillée, où le temps se manipule comme une glaise, qui conte une terrifiante prise d'otages. L'autre, un roman post-apocalyptique mené par un style bellement elliptique, qui relate, après la fin du monde, sa lente renaissance.

Des femmes disparaissent dans le chaos final de la Commune de Paris en 1871. Une enquête est ouverte, dans une ambiance de révolte et de fin de siècle.

Plongée au coeur d’une famille pauvre du sud des Etats-Unis et dans l’oeuvre intense d’une jeune romancière encore méconnue en France.

Depuis "Sourires de loup", le roman de son éclosion prodigieuse, les livres de la Britannique Zadie Smith forment un genre littéraire à eux seuls, où le don du rire n’empêche pas d’aborder de graves sujets, où l’accessibilité du style n’interdit pas de savants jeux de structure, et où l’attention portée aux personnages – qu’ils soient un tenancier de pub pakistanais tourmenté par la question du bacon ou un Anglais tenté par le suicide – produit de superbes effets de réalisme. Après avoir été comparée à Salman Rushdie à 24 ans, elle aurait pu dormir sur ses lauriers.

"Un Jour d'avril" célèbre l'amour et l'amitié au temps du covid.

Ils incarnent nos pulsions inavouables, nous rendent à nos terreurs premières, pointent notre insignifiance, et pourtant, des premières narrations aux derniers romans de Stephen King, nous persistons à chercher leur compagnie. Tentons d'expliquer notre tératophilie. L'enquête se conclut par l'interview de la dessinatrice américaine Emil Ferris qui déclare : "Comme Karen, je voulais moi aussi ressembler à un loup-garou".