En 2023, alors que "Mission : Impossible - Dead Reckoning, partie 1" envahissait les écrans mondiaux, "Pathaan", de Siddharth Anand, devenait le plus gros succès de l'année en Inde. Remarquablement réalisé, mélange de "James Bond" et de "Mission : Impossible", "Pathaan" fait s'affronter Shah Rukh Khan, sans doute la plus grande vedette mondiale, et John Abraham, en méchant de service, le tout sous les yeux de la divine Deepika Padukone, sans laquelle Shah Rukh Khan ne semble plus pouvoir tourner.

L'oeuvre de Sergueï Bondartchouk a été entreprise en Russie, de 1962 à 1966, en réaction au "Guerre et Paix" ("War and Peace", 1956) de King Vidor, qui avait connu un succès considérable en URSS, en rassemblant 31 millions de spectateurs, et que le réalisateur russe considérait comme une réduction infidèle du roman de Léon Tolstoï. En 1961, Sergueï Bondartchouk avait adressé une lettre à la profession cinématographique dans laquelle il déclarait notamment : "Nous-mêmes, ne serions-nous pas capables d'adapter l'oeuvre de Tolstoï ? C'est une honte devant le monde !".

Pour éliminer un collaborateur gênant comme Trotsky, Staline le faisait effacer des photos de groupe. En Chine, un acteur secondaire a entièrement été coupé au remontage d'un film, pour avoir décrié Xi Jinping. Mais la censure peut s'exercer de bien des manières, par exemple en limitant ou en annulant la distribution d'une oeuvre.

Depuis le début des années 1990, Santosh Sivan est devenu l'un des plus remarquables directeurs de la photographie indiens, entre autres grâce à sa collaboration régulière avec Mani Ratnam, le meilleur réalisateur tamoul. Originaire du Kerala, au sud-ouest du pays, Santosh Sivan a essentiellement travaillé sur des productions des États méridionaux, Tamil Nadu, Kerala, Karnataka, qui sont aujourd'hui plus importantes en nombre que celles du Bollywood de Bombay en langue hindi.

Quand Yakima Canutt fut engagé pour diriger la course de chars de "Ben-Hur", dans la version de William Wyler, il était le réalisateur de seconde équipe spécialisé dans les chevaux le plus célèbre du cinéma américain. Le projet de "Ben-Hur" était colossal afin de répondre à la définition de ce qu'on appelle aujourd'hui un 'blockbuster'. Sorti en novembre 1959, ce péplum, qui a récolté pas moins de onze Oscars, a tenu ses promesses en remportant un succès international, et en rapportant plus de dix fois le budget qu'il avait coûté.

Dans l'histoire cinéma indien, en particulier du cinéma baptisé "de Bollywood" par les Occidentaux, Mani Kaul (1942-2011) est une personnalité singulière. Auteur radical, il appartient au nouveau cinéma indien né dans les années 1970 et anticipé, au Bengale, par Mrinal Sen qui représente d'une certaine manière la gauche intellectuelle.

Attendu depuis plus de dix ans, ("Avatar" est sorti en 2009), "Avatar : La Voie de l'eau" est une oeuvre unique qui ne doit que peu de choses à ce que nous connaissons et avons pu expérimenter au cinéma. L'extraordinaire succès du premier opus (presque 3 milliards de recettes dans le monde ; plus de 15 millions de spectateurs en France) a engendré la conception du deuxième volet de la saga non comme une suite mais comme un autre récit avec les mêmes personnages, dans les mêmes dimensions de la science-fiction, et qui prolonge parfois certaines situations du premier film.

"J'aime juste raconter des histoires". Cette simple phrase décrit sûrement ce qui caractérise le mieux Henry King, et la manière dont il a été perçu. Elle explique aussi en partie qu'aujourd'hui, il ne soit pas considéré comme un des plus grands cinéastes hollywoodiens, au même titre que Raoul Walsh (pour ne citer qu'une référence). On voit en lui un réalisateur commercial plutôt qu'un artiste : distinction inopérante dans le cinéma d'un pays comme les Etats-Unis où, bien plus qu'ailleurs, l'économie a formé les structures.

Retour sur le cinéma au mois de septembre 2020 dans un contexte de crise sanitaire.

Depuis quelques années, des sociétés chinoises investissent dans le financement de films américains. Cela peut paraître surprenant alors qu'un nouveau type de guerre froide semble opposer les Etats-Unis et la Chine, mais cette hostilité n'est pas nouvelle et essentiellement unilatérale, à l'initiative de Donald Trump. Dans un autre domaine, depuis des années, beaucoup de zones portuaires américaines sont gérées par des sociétés chinoises. Les ports avaient besoin de capitaux, et les compétences des Chinois en matière de gestion portuaire sont mondialement reconnues.

Un enfant porte sur ses épaules un de ses camarades, malade. Il gravit une montagne dans l'espoir de le guérir. De là-haut, il pourra lui permettre de voir la mer. L'escalade est longue et difficile, car il n'y a pas de chemin naturel. La pente est de plus en plus abrupte, et les forces de l'enfant, déjà diminuées par le poids de son compagnon, s'épuisent. Magnifiquement filmée, cette séquence nous fait sentir, par des cadrages rapprochés, à la fois la fatigue de l'enfant et son opiniâtreté.

Après "A Touch of Zen" ("Hsia Nu", 1975) les temps ont été difficiles pour King Hu. Le film, sorti dans sa version intégrale, a été un échec. Les deux parties imposées ensuite par le producteur taïwanais ont été tout aussi désastreuses. Le cinéaste a dû revoir ses ambitions budgétaires pour "L'Auberge du printemps" ("The Fate of Lee Khan/Yingchune zhi fengbo", 1973) et "Pirates et Guerriers" ("The Valiant Ones/Zhong lie tu", 1975).

"Balloon" ("Qiqiu") est le septième long métrage de Pema Tseden. Déjà en 2009, Eithne O'Neill signalait dans son compte rendu de Locarno la complexité narrative de "The Search" ("Xunzhao zhimei gengdeng"), son deuxième film, avec « trois niveaux de mise en abyme » dans « un paysage sublime »... Sommaire. Beaucoup de choses ici-bas sont inexplicables. Au-delà de l'affrontement entre tradition et modernité, entretien avec Pema Tseden.

Après les confinements européens du printemps dus au coronavirus, l'édition 2020 du festival Il Cinema ritrovato s'est déroulée dans une ambiance particulière. Parmi les professionnels, de nombreux étrangers n'avaient pu faire le voyage, notamment les Américains, les Anglais et les Asiatiques. Malgré une sécurité sanitaire parfaitement organisée, les spectateurs ne se pressaient pas dans les salles pourtant abondantes afin de multiplier les séances et compenser les suppressions de fauteuils.

Si, cette année, la météo était tempérée à Bologne pendant les journées de Il cinema ritrovato, l'activité du festival était comme d'habitude surabondante. Entre les quatre salles habituelles et les lieux de projection ou de conférence supplémentaires, le seul problème du festivalier était celui des choix et des frustrations qui en découleraient. Voir un long métrage chinois ou un muet de Luigi Maggi ? Un film peu connu de John Stahl ou revoir un mélo mexicain de Gavaldon !

Plusieurs films chinois récents vus dans les festivals de Cannes, de Berlin ou de Venise, puis sortis en France ou sortant prochainement, nous incitent à apporter un éclairage sur ces oeuvres qui ne représentent qu'une petite partie de la création chinoise actuelle. La Chine, pays dont la population est presque équivalente à celle de l'Inde pour un territoire plus vaste, produit aujourd'hui la moitié de ce que produit sa voisine, une progression constante depuis une dizaine d'années. En raison de volontés expansionnistes, elle intervient même largement dans la production américaine.

Huang Gongwang (1269-1354) est un des maîtres de cette peinture de paysage que la langue chinoise nomme "peinture de montagne et d'eau" ; le rouleau "Séjour dans les monts Fuchun", parfois intitulé en français "Habiter dans les monts Fuchun" ou "Maisons dans les monts Fuchun" porte horizontalement une série de dessins de ce type. Hubert Niogret a noté l'importance de cette référence dans son compte rendu de Cannes (voir no 701-702, p. 78). Sommaire. Décentrement du site, critique du film. Comme le rouleau d'une peinture chinoise. Entretien avec Gu Xiaogang.

Grand amoureux des films criminels d'antan, dans lesquels les gangsters agissaient selon un code d'honneur auxquels ils sacrifiaient parfois leurs intérêts, Alain Corneau acheva sa carrière en 2007 par une flamboyante adaptation du "Deuxième Souffle" de José Giovanni, qui succédait à celle de Jean-Pierre Melville. Lors de la sortie du film, le cinéaste déclarait à Positif :" Il fallait prendre le risque d'un regard neuf sur des mythologies anciennes".

Après avoir présenté ses premiers films au festival de Cannes, puis acquis une reconnaissance internationale avec "Beijing Bicycle", long métrage délibérément plus social, Wang Xiaoshuai a entrepris, ces dernières années, des oeuvres qui remettent en question la Chine et sa politique, notamment "Une famille chinoise", "Red Amnesia" et "11 Fleurs", signe d'un mûrissement narratif et stylistique qui va vers plus de profondeur et de dépouillement. "So Long, My Son", film bouleversant, a été remarqué au festival de Berlin 2019 avant de sortir en France (voir no 701-702, p. 110).

Après "Ilo Ilo", Caméra d'or à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes en 2013, Anthony Chen a tenté de bâtir une production anglo-saxonne depuis Londres, mais l'entreprise n'a pas encore abouti. Dans "Wet Season", son deuxième film, il revient à ses racines : Singapour, petit territoire isolé, mais un des plus riches au monde, multiethnique, multilingue, multireligieux. Des personnages solitaires, parce que abandonnés, s'y croisent et tentent de communiquer.

Anurag Kashyap s'est fait connaître en France avec "Gangs of Wasseypur", sa dixième réalisation présentée à la Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes en 2012. "The Mumbai Murders" ("Raman Raghav 2.0" ou "Psycho Raman", 2016) est son dix-huitième film et précède les quatre qu'il a réalisés depuis. Son activité est débordante : scénariste, comédien, réalisateur, producteur.

Hubert Niogret livre la critique du film de Bong Joon-ho, "Parasite".

Roman Polanski et Costa-Gavras ont été, dès leurs débuts, dans les années 1960, remarqués pour leur talent et continuent d'être toujours, cinquante ou soixante ans plus tard, sous les pleins feux de l'actualité. Le compositeur Alexandre Desplat qui met en musique leur dernier film, "J'Accuse" et "Adults In The Room", s'en explique.

Pour faire suite à la critique de "The Laundromat : L'Affaire des Panama Papers" parue dans notre numéro de novembre 2019, voici un entretien que nous avons réalisé avec un cinéaste auquel nous sommes fidèles depuis ses débuts : Steven Soderbergh. Sa relation particulière avec les chaînes câblées et les plateformes type Netflix rend ses propos particulièrement d'actualité, si le sujet même du film ne suffisait pas. Par ailleurs, ce léger décalage avec la sortie du film lui permet d'aborder un point de scénario dont la révélation pourrait gâcher le plaisir des premiers spectateurs.

Diplômé de la Fémis en 1994, Yorick Le Saux a éclairé et cadré de nombreux films de cinéastes cinquantenaires : Xavier Giannoli, Erick Zonca, Claire Denis, Jim Jarmusch, François Ozon et Olivier Assayas dont il a été plusieurs fois le collaborateur. Deux longs métrages portant sa signature sortent ce mois-ci, "Cuban Network" d'Olivier Assayas et "Les Filles du Docteur March" de la jeune réalisatrice américaine Greta Gerwig.

Sorti en Chine en septembre 2018, après son passage à la Mostra de Venise, puis en Asie, et dans très peu d'autres pays, "Shadow" est l'avant-dernier film de Zhang Yimou.

Peter Morgan est l'architecte principal de cette série télévisée d'une qualité incomparable, évoquant la royauté britannique. Il en a assuré le concept, l'essentiel des scénarios de chaque épisode (avec quelques collaborations très réduites, notamment pour l'épisode au pays de Galles, largement en gallois) et la production générale qu'il partage avec Stephen Daldry, le réalisateur des premiers épisodes.