Après un demi-siècle de règne sans partage, les rois de la distribution alimentaire sont victimes de l'engouement français pour le commerce spécialisé, les magasins de proximité et les géants du Web. Le réveil est brutal.

De nombreuses start-up du e-commerce réinventent la vente des produits de tous les jours, depuis les pantalons jusqu’aux chaussettes en passant par les brosses à dents et les casseroles. Ces dernières s'appuient sur un modèle économique "direct to-consumer" ("directement au consommateur", ou "DTC") et représentent aujourd'hui une concurrence inquiétante pour les groupes de grande distribution traditionnels en livrant leurs produits directement chez le client après commande sur le site. Cependant les détaillants de la grande consommation préparent la riposte. Décryptage. Pas de chiffres.

En difficulté depuis la chute des cours du brut, qui affecte la consommation des ménages, le distributeur se prépare à l'arrivée annoncée de Carrefour et d'Auchan.

Les espaces de restauration au coeur des grandes surfaces françaises sont de plus en plus nombreux en 2019. Le concept de "distiration", soit la combinaison de la restauration et de la distribution, se généralise au coeur des points de vente. Les distributeurs veulent ainsi accompagner un mouvement de la restauration hors-domicile en pleine progression chez les consommateurs, en croissance de 1,8 % à 55,6 milliards d'euros en 2017. Les hyper et supermarchés sont concernés, mais également les commerces de proximité, qui s'adressent davantage à une clientèle urbaine.

Le groupe de grande distribution français Casino a atteint son objectif, fin janvier 2019, en vendant en seulement quelques mois pour 1,5 milliards d'euros d'actifs, dans le cadre de son plan de désendettement. Les murs de dizaines de magasins en France ainsi qu'une partie de la foncière Mercialys ont été cédés pour générer des liquidités. Et dans l'optique d'améliorer son profil financier, des magasins Géant non rentables doivent être cédés à E. Leclerc. Etat des lieux des cessions. Quelques données chiffrées.

Encore inimaginables il y a quelques années, les corners d'enseignes ne cessent finalement de se multiplier en 2019 dans la distribution française. Les enseignes prêtes à en accueillir d'autres, parfois concurrentes, dans un coin de leur magasin sont de plus en plus nombreuses. Les hyper et supermarchés se servent du concept pour ne plus avoir à prendre en charge certains produits techniques, comme l'électroménager, et font confiance à des spécialistes. Cela permet aussi de réduire le nombre de références à gérer et de se recentrer sur son coeur de métier.

2018 aura été un exercice réussi pour le distributeur français Système U, qui a terminé l'année à 2,3 % de croissance et 19,94 milliards d'euros de CA hors carburant. La stratégie de mettre en avant les métiers frais et traditionnels, comme les poissonniers, les bouchers ou les fromagers dans ses supermarchés a porté ses fruits, les ventes progressant de 3,2 % sur ces segments. Les produits émanant de PME ou de TPE, et donc souvent locaux ou plutôt de niche, remportent ainsi l'adhésion avec une progression de 7,2 %. Système U souhaite continuer dans cette voie pour les années à venir.

Afin de devenir auto-suffisants en électricité, de plus en plus de grandes surfaces françaises s'intéressent à l'énergie photovoltaïque en 2019. Dernier exemple en date, le partenariat passé par Carrefour avec le spécialiste Urbasolar, pour l'installation de 36 centrales photovoltaïques servant à alimenter les magasins de l'enseigne. De telles opérations offrent aux distributeurs des gains énergétiques pouvant grimper jusqu'à 20 %, mais participent aussi à transmettre au public une image d'entreprise engagée dans les problématiques environnementales.

L'an passé, le groupe marocain associé à Carrefour a battu son record d'ouvertures de points de vente. 2019 devrait confirmer son appétit dans le royaume et sur le continent.

La concurrence s'intensifie dans la distribution bio en 2019. Les enseignes spécialisées, qui ont longtemps affiché la plus forte croissance du secteur, se voient rattrapées voire dépassées par la grande distribution, très active dans le bio afin de conquérir des consommateurs aux fortes attentes sur ce segment. Carrefour a lancé Carrefour Bio, E.Leclerc ses Marché Bio, Intermarché a pris une participation au capital des Comptoirs de la bio. Sur l'ensemble du secteur bio, les grandes surfaces s'attribuent 46,1 % de parts de marché, devant les spécialistes à 36,3 %.

Carrefour poursuit la transformation de son groupe, en 2019, avec des objectifs revus à la hausse, après avoir publié des résultats financiers 2018 en légère amélioration. Son CA a augmenté de 1,4% en comparable pour atteindre 84,9 milliards d'euros au niveau mondial. Mais la situation de la France reste plus compliquée, avec un CA en légère baisse de -0,6% à 35,6 mds EUR. A l'avenir, Carrefour vise à s'appuyer sur de moins grands hypermarchés mais davantage de magasins de proximité.

L'année 2018 a été difficile pour la filiale Auchan Retail du groupe de grande distribution nordiste Auchan, avec une perte de 1,1 milliard d'euros liées à des dépréciations d'actifs. Ces résultats sont très insuffisants a révélé Edgard Bonte, le nouveau président de la filiale et président du directoire d'Auchan Holding - qui regroupe l'immobilier (la foncière Ceetrus), la banque Oney (bientôt vendue à la BPCE) et la distribution - lors de la présentation des résultats 2018 du groupe, le 8 mars 2019.