Le métier de directeur de casting, relativement méconnu, relève a priori, dans la phase préparatoire d'un tournage, d'un processus de sélection. Mais Stéphane Batut, qui l'exerce depuis vingt-cinq ans, préfère lui substituer la notion d'élection.

Maurice Pialat reste incontestablement l'un des cinéastes les plus connus en France. Mais de quelle manière ? Aujourd'hui peut-être moins pour ses films que comme un nom que l'on cite à tout bout de champ pour évoquer son prétendu héritage abusivement qualifié de "naturaliste", ou pour d'innombrables anecdotes de tournage qui ont rendu le mythe plus important que sa création.

La parution dans sa traduction française d'"Il était une fois à Hollywood", remake littéraire de "Once Upon a Time... in Hollywood", est d'abord l'occasion de revenir sur un film que les "Cahiers" ont à sa sortie trop négligé, et qui s'avère être tout simplement l'une des plus grandes oeuvres américaines de ces dix dernières années.

Inexplicablement absent de la dernière compétition cannoise, Tromperie s'impose comme un des meilleurs films français de l'année et une des plus grandes réussites d'Arnaud Desplechin. Du brillant roman de Philip Roth, apparemment impossible à adapter (une longue suite de dialogues aux protagonistes difficiles à identifier dans des lieux non décrits), le cinéaste crée une oeuvre étonnante d'intelligence et de vérité psychologique. Denis Podalydès, dans un rôle inhabituel, est entouré d'une pléiade d'actrices éblouissantes pour donner corps à ces scènes de la vie extraconjugale.

Pour son troisième long métrage, après le singulier documentaire "Retour à Kotelnitch" (2003) et l'adaptation tardive de son propre roman - jugé inadaptable - "La Moustache" (2005), Emmanuel Carrère mêle réel et fiction en adaptant l'ouvrage retentissant de Florence Aubenas, "Le Quai de Ouistreham". Le projet porté par la volonté de Juliette Binoche permet au romancier cinéaste de s'approprier le sujet, en y greffant un des thèmes récurrents de son oeuvre romanesque : la mise en abyme de la création elle-même.

Dans toutes ses sélections, Cannes 2022 a rassemblé l'essentiel des acteurs du cinéma français : stars internationales (Tahar Rahim, Marion Cotillard, Léa Seydoux, jusqu'à Isabelle Adjani chez Nicolas Bedos ou l'apparition inattendue d'Isabelle Huppert dans "EO" de Jerzy Skolimowski), acteurs populaires (Gilles Lellouche, Jean Dujardin, Omar Sy), figures depuis longtemps connues (Louis Garrel, Melvil Poupaud, Benoît Magimel, Sandrine Kiberlain), d'autres enfin dont les choix suscitent un intérêt renouvelé (Adèle Exarchopoulos, Anaïs Demoustier).

Chef opérateur de long métrage depuis 1985, Denis Lenoir a notamment travaillé avec Olivier Assayas, Patrice Leconte, Raoul Ruiz, Rolf de Heer, Anne Fontaine, François Ozon, Catherine Breillat, Wash Westmoreland, Mia Hansen-Le>ve ... et avec quantité de comédiens dont ceux évoqués ici.

"Si tu devais mourir, tu préfères qu'on te prévienne ou que la mort arrive tout à coup ?", demandait Anna Karina à Jean-Pierre Léaud dans "Made in USA" avant de lui tirer dessus. Souverain jusqu'au bout, Jean-Luc Godard aura accompli ce geste cinématographique : choisir le moment précis où ça doit s'arrêter. S'il rechignait tant à se retourner sur son passé et à parler des événements de sa vie, c'est précisément parce qu'il voulait que l'on n'en retienne que son travail, ce qu'il avait choisi, inventé, conduit.

Depuis son premier long métrage, "Augustine" (2012), "Positif s'intéresse au parcours singulier d'Alice Winocour, qui mêle l'originalité de ses projets et de leur traitement (une forme de radicalité frontale voire brutale) à une vraie confiance dans le pouvoir de la fiction (le récit, les stars, les genres). Après l'audacieuse réussite de "Proxima" (2019), "space movie" intimiste à la française avec Eva Green et Matt Dillon, elle a galvanisé le public de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes avec son quatrième opus, "Revoir Paris".

La paranoïa est un mot ancien qui, chez les tragique grecs, désignait déjà un coup de folie, mais plus étymologiquement une sorte de pensée décalée, une cause traversant le sujet sans lui appartenir, comme venue d'ailleurs, obsédante à force de lui tourner autour. Comme nous y invite par son titre le dernier film d'Albert Serra, il y aurait tout lieu de s'interroger sur ses rapports à la fiction, tant elles présentent une analogie de structure. Sommaire. La ligne d'ombre, la critique du film par Mathieu Macheret. Bons baisers de la spirale, entretien avec Albert Serra par Yal Sadat.

Si la nudité fait partie du vocabulaire courant de la sculpture et de la peinture, sa figuration au cinéma ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes. Les prétextes mythologiques ou allégoriques qui justifiaient l'absence de vêtement ne sont plus opérants dans le cas du 7e art, pour lequel le nu n'a rien de naturel. Dès les années 1930, il s'est heurté à un tir de barrage pudibond, avec l'adoption du code Hays aux États-Unis. Pendant trois décennies, filmer le nu a obligé à louvoyer, entre contorsions scénaristiques et paravents opportuns, y compris dans le cinéma d'animation.

Neuvième long métrage de Nuri Bilge Ceylan, "Les Herbes sèches" achève en apothéose un cycle de trois films consacrés à trois âges de la vie d'intellectuels condamnés à attendre un sursaut du destin dans des régions reculées de Turquie. Après avoir étudié les regrets de la vieillesse dans "Winter Sleep" (2013), les aspirations de la jeunesse dans "Le Poirier sauvage" (2018), le cinéaste turc s'intéresse cette fois aux émois d'un enseignant quadragénaire qui se demande s'il n'est pas en train de passer à côté de son existence.