La publication des "Ecrits complets" de Bazin est un événement considérable. Par son ampleur tout d’abord : deux mille huit cents textes ; trois gros volumes (dont un d’index), réunis sous coffret. Poids total : trois kilogrammes. Et pour le maître d’œuvre, Hervé Joubert-Laurencin, vingt-cinq ans de travail.

Jean Narboni est d’abord un critique de cinéma et un essayiste. Collaborateur des "Cahiers du cinéma" à partir de 1963, il en devient le secrétaire de rédaction puis, en 1968, le co-rédacteur en chef avec Jean-Louis Comolli. En sa qualité d’éditeur aux "Cahiers du cinéma", il publie Roland Barthes, Serge Daney, Jean Louis Schefer dans la collection «Cahiers du cinéma/Gallimard», ainsi que des textes critiques d’André Bazin, Roger Leenhardt et Eric Rohmer.

Entré en 1966 à l’Ecole normale supérieure, où il enseigna dès la fin de son cursus et fit toute sa carrière, Michel Charles dirige la revue "Poétique" depuis 1979. Il a publié dans la collection du même nom au Seuil trois ouvrages parus à près de dix ans d’écart chacun : "Rhétorique de la lecture" (1977), "L’Arbre et la Source" (1985) et "Introduction à l’analyse des textes" (1995).

A la sortie du cimetière de Glendale (Californie) en décembre 1947, pour un dernier adieu à celui qui fut son seul maître, Billy Wilder fut pour une fois à court de bons mots. Il se contenta d’un sobre : «Plus de Lubitsch.» «Pire que cela, rétorqua son ami William Wyler, plus de films de Lubitsch» C’est un sentiment du même ordre qu’ont éprouvé les amis, élèves et lecteurs de Gérard Genette en apprenant sa disparition le 11 mai 2018.

Prenant acte de ce qu'il appelle d'entrée de jeu la fin de la "croyance révolutionnaire", Jean-Claude Milner y voit une invitation, non à la ranger comme tant d'autres au cimetière des illusions du passé, mais bel et bien à enfin penser ce qui fut à la fois un paradigme et un événement unique en ces matières, à savoir la Révolution française.

Marc Cerisuelo relit "Le Lièvre de Patagonie", ce qui permet de mettre en lumière le travail et la vie de Claude Lanzmann.

"Roubaix, une lumière" est un drame réel plutôt que réaliste ou naturaliste. Arnaud Desplechin organise d'évidence le déploiement du film sur un territoire connu, et déjà maintes fois sollicité dans son oeuvre mais, outre que ce sont d'autres aspects et quartiers de la ville que l'on pouvait voir dans ses films depuis "La Vie des morts" (1991), c'est bel et bien la trame du réel qui donne son aplomb au film.

C'était tout de même un peut étonnant cette histoire (le film a pour sous-titre : "A Bob Dylan Story")... Presque quinze ans après "No Direction Home", Martin Scorsese a éprouvé le besoin de revenir à son cher sujet en centrant son propos sur une tournée bien particulière de Mr. Tambourine Man. Le moment : automne 1975. Le lieu : le nord-est des Etats-Unis (Etat de New York et Nouvelle-Angleterre).

Le nouveau long métrage de Martin Scorsese, "The lrishman", est un film de grande envergure, par la période historique enlacée, par la variété des personnages, individuels ou en masse, par sa prestidigitation technique. Il marque un retour aux volets antérieurs d'une oeuvre à la saveur unique, une récapitulation poignante où la nostalgie s'inscrit dans une réflexion émouvante sur la brièveté de la vie. Sommaire. Peintre en bâtiment. Dans le calme de la nuit.

Connaissez-vous vraiement Noah Baumbach ? Il n'est pas seulement l'auteur de "Frances Ha" (2012), le compagnon de Greta Gerwig après avoir été le mari de Jennifer Jason Leigh, le scénariste de deux bijoux de Wes Anderson ("La Vie aquatique" et "Fantastic Mr. Fox"), le fils d'universitaires, critiques et francophiles, et le père d'un garçon prénommé Rohmer... A la fois drôle, touchante et profonde, son oeuvre mérite une attention renouvelée à l'heure du passage difficile que représente dans son parcours "Marriage Story".

Si "Le Sel des larmes" partage la même facture esthétique que les films réalisés par Philippe Garrel depuis "La Jalousie" (2013), c'en est sans aucun doute - avec "L'Ombre des femmes" (2015)- l'un des plus inspirés et frémissants (et ce n'est pas les ineptes accusations de misogynie entendues çà et là pendant la Berlinale qui y changeront quelque chose). Sans doute parce que le film, se donnant comme un adieu au père (Philippe Garrel a aussi perdu son père, Maurice Garrel), explore des territoires psychiques douloureux et inconscients.

"L'Amant d'un jour" forme un diptyque avec "L'Ombre des femmes" (2015) : les deux films sont écrits par le même carré magique composé de Philippe Garrel et Caroline Deruas, Jean-Claude Carrière et Arlette Langmann ; le cinéaste et sa compagne, une collaboratrice de longue date et un nouveau venu illustre dans l'univers garrélien.

Après avoir permis aux spectateurs français de redécouvrir la sémillante Ninon Sevilla (voir no 761-762, p. 160), Les Films du Camélia proposent un programme de quatre films "noirs". Les guillemets indiquent une relative réserve concernant l'un d'entre eux, ce qui n'entraîne de ma part aucune censure : l'épithète a fait suffisamment couler d'encre pour que l'on puisse s'en saisir, surtout à des fins de regroupement.

"Le Théorème de Marguerite" n'est pas un film "sur" les mathématiques ; c'est une oeuvre consacrée à la passion, à la jeunesse et à la recherche de la vérité.