D'abord distribué en 2004 avec deux autres courts métrages signés respectivement par Antonioni et Soderbergh, "The Hand" de Wong Kar-wai revient sur les écrans, seul, dans sa forme longue et restaurée.

Parmi les cinéastes qui ont placé l'Afrique sur la carte cinématographique du monde, on trouve le Mauritanien Med Hondo. Sans doute, l'homme n'est-il pas le plus connu des réalisateurs surtout si on compare sa réputation à celle du Malien Souleymane Cissé, celle des Sénégalais Ousmane Sembène et Djibril Diop Mambéty.

Rarement un cinéaste se sera autant réinventé au fil de ses films, avec une prise de risques toujours renouvelée, avec une soif d'explorer toujours régénérée. Sa liberté, Alain Cavalier l'a conquise par la remise en question constante des codes du métier et la critique amusée des conventions de la production cinématographique. Pour lui, sa mue d'artiste est intimement liée à la mutation des appareils de prises de vues. De la Mitchell à la Panavision, du Hi-8 à la caméra numérique, comment ces appareillages monstrueux se sont-ils transformés en alliés organiques ?

Si la séquence d'ouverture de "L'Arbre aux papillons d'or" commence à Saigon, il ne faut pas croire pour autant que le beau premier long métrage de Thiên An Pham plongera dans l'ambiance trépidante de la capitale vietnamienne. Au contraire, alors que tout semble inviter à une telle interprétation - l'architecture des bâtiments, les lumières d'un café, les nombreux consommateurs sur la terrasse, la musique, les ronflements des moteurs -, on sent déjà, de la part du jeune réalisateur, une volonté de rompre avec un programme trop bien établi.

Tout recommencer à zéro, de gré ou de force. Tout recommencer à zéro, une fois que les eaux ont recouvert le monde et détruit l'humanité. Les récits antiques narrent de telles apocalypses : Gilgamesh, Deucalion et Pyrrha, Noé et son arche... Ce dernier cas inspire particulièrement Caleb, le père de Rag, quand il s'allonge auprès de sa fille pour lui conter l'histoire de Goldie, une renarde obligée de monter dans un radeau de fortune pour échapper à la noyade.

Séquence d'ouverture : des voitures surgissent de la nuit romaine à tombeau ouvert, freinent, s'arrêtent sur le pont Saint-Ange et libèrent aussitôt des passagers qui se précipitent pour lancer des cordes par-dessus le parapet, certaines reliées entre elles par un siège de fortune ... Sans tarder, deux hommes descendent en rappel, puis, après avoir rejoint leur position assise, commencent à tracer, à grands coups de pinceaux, de larges bandes rouges qui s'avéreront former le titre original, "Il sol dell'avvenire".

Lorsque le premier long métrage d'Arthur Harari, "Diamant noir", est sorti en 2016, "Positif" a aussitôt remarqué sa singularité. Le réalisateur y reprenait les codes du film noir, tout en insufflant une modernité qui en faisait une entreprise singulière. Avec "Onoda", son nouveau projet, Arthur Harari ne déçoit pas les attentes. Au contraire, l'ambition de son scénario et la précision de sa mise en scène épurée prouvent que le cinéma français a désormais affaire à une personnalité et à un talent avec lesquels il faut compter. Sommaire.

Basque de naissance, Galicienne d'adoption, de père péruvien et de mère catalane, Jaione Camborda incarne la diversité culturelle de l'Espagne d'aujourd'hui. En octobre 2023, elle a remporté le Coquille d'or du Festival de cinéma de San Sebastian avec son second film, "O corno, une histoire de femmes", devenant la première réalisatrice basque à recevoir ce prix, qui plus est avec un film tourné en galicien et en Galice.

Adepte (non exclusif) du plan-séquence, le cinéaste ukrainien Sergei Loznitsa commença par nous dérouter par ses fictions énigmatiques ("My Joy", 2010 ; "Dans la brume", 2012), avant de nous surprendre par ses documentaires minimalistes ("Maïdan", "Sobytie/The Event", "Austerlitz"). Après l'accueil mitigé du puissant mais inégal "Une femme douce" (2017), adaptation de Dostoïevski aux antipodes de celle de Bresson, Loznitsa nous livre avec "Donbass" une saisissante synthèse de son oeuvre et de sa réflexion sur l'histoire récente de son pays.

Lancée par le ministre Jean-Michel Blanquer dès son entrée en fonction, la réforme qui se met en place dans les lycées suscite de vives inquiétudes, notamment chez les enseignants de sections cinéma audiovisuel (CAV) qui oeuvrent depuis une vingtaine d'années pour donner à cet art la place qui lui revient dans l'Education nationale.

Le temps de l'adolescence est assurément celui du "Blé en herbe". A la suite de Colette - à laquelle on a emprunté la formule - ou de Robert Mulligan, réalisateur du si subtil "Un été 42" ("Summer of '42", 1971), chaque adulte y voit rétrospectivement un moment privilégié au cours duquel il a découvert, au-delà du conflit de générations, le bonheur et la douleur d'aimer. Gudmundur Arnar Gudmundsson, jeune réalisateur islandais semble s'inscrire dans cette logique.

En avril 1945, Marcel Pagnol adressait une lettre à son "cher Prévert" afin de défendre le rôle du scénariste contre celui du réalisateur. S'il y reconnaissait les qualités respectives de Renoir, de Clair, de Duvivier, de Carné, il prenait soin de souligner, qu'à ses yeux, ils n'étaient que "des exécutants comparables aux chefs d'orchestre", avant de préciser que "leur création n'(était) que secondaire" puisqu'ils avaient "besoin du manuscrit d'un autre pour commencer leur oeuvre". Prévert était-il d'accord avec une telle position ?...

Focus sur le Free Cinema, né de l'école documentariste de Grierson, qui imprègne le cinéma anglais de réalité politique et sociale au tournant des années 50/60. Illustration à travers les travaux de Tony Richardson et Karel Reisz.

"Oslo, 31 août", le second long métrage de Trier accompagnait un homme tellement las d'exister qu'il ne songeait plus qu'à en finir. "Thelma" constitue, par certains aspects, son contraire.

En suivant le parcours amoureux d'Isabelle, incarnée par Juliette Binoche, Claire Denis donne à voir dans "Un Beau soleil intérieur" un catalogue moderne des sentiments.

C'est entendu : Jacques Doillon est un cinéaste qui aime ancrer ses histoires dans le réel et leur donner la couleur d'une époque. Il suffit de regarder les vêtements, les coiffures, les véhicules, les objets du quotidien, les attitudes voire les corps des acteurs pour comprendre que les événements se passent à tel ou tel moment de notre histoire. Parfois, le contexte socio-économique même constitue un arrière-plan indispensable.

Elle avait remporté le Grand Prix à Cannes en 2019 pour son premier long métrage "Atlantique", elle est repartie cette année couronnée de l'Ours d'or de la Berlinale pour "Dahomey": Mati Diop a tout d'une virtuose ! "Positif" a eu envie de rencontrer la réalisatrice franco-sénégalaise à l'occasion de la sortie ce second long métrage, documentaire poétique et fantastique sur la restitution par la France de vingt-six trésors royaux du Dahomey au Bénin.

A peine descendues du car qui les dépose dans un quartier pauvre d'une bourgade côtière du nord de l'Angleterre, des familles syriennes sont prises à partie par un petit groupe de locaux ulcérés par cette "invasion".