Le cinéma de Benoît Jacquot est tendu d'un côté vers la littérature, matière d'une grande partie de ses films - outre les livres nourrissant la plupart de ses scénarios, ses traitements de l'Histoire ou de la passion amoureuse sont profondément romanesques-, et de l'autre vers un mode et un rythme de production qui tenteraient de s'approcher de ceux d'un réalisateur de studio, enchaînant rapidement les projets, s'adaptant à tous types de budgets ou de conditions de tournage.

Le Collectif Jeune Cinéma, première coopérative de cinéastes française, est né il y a exactement cinquante ans, en juin 1971. Depuis, il joue un rôle central dans la diffusion du cinéma expérimental en France. En 1999, il crée le Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris, dont la 23e édition se tiendra en octobre 2021. Cet anniversaire est l'occasion de nous pencher non seulement sur le passé et le présent du CJC, mais également, à travers lui, sur l'histoire et l'évolution du cinéma expérimental français depuis un demi-siècle.

"La Fièvre de Petrov" est de ces films inconfortables qui imposent d' emblée leur logique sans prolégomènes ni mode d'emploi. On y est plongé de la première à la dernière seconde dans un flux intense de plans qui se déploient au rythme effréné des monologues et périples de personnages en perpétuels déplacements physiques et mentaux. Les décors s'ouvrent, se transforment, s'emboîtent de couloirs en portes, comme des malles de prestidigitateur, matérialisant les différentes couches de conscience que les personnages traversent. Sommaire.

"Fermer les yeux" commence par un autre film intitulé "La mirada del adios" (Le Regard de l'adieu). Un film dans le film, inachevé après la mystérieuse disparition de son acteur principal, Julio Arenas (José Coronado) en plein tournage. Sommaire. Sans peur et sans espoir. Cinéphile pratiquant : entretien avec Victor Erice.

Jacques Rozier, disparu le 31 mai à 96 ans, était l'un des plus grands cinéastes français de l'aprèsguerre, si essentiel pour les Cahiers que son premier long métrage, Adieu Philippine, fit la couverture du numéro consacré à la Nouvelle Vague en 1962 (no 138). Après lui avoir consacré un ensemble en novembre 2021, à l'occasion d'une rétrospective à la Cinémathèque française, c'est le coeur serré que nous revenons vers ce génial auteur dont le cinéma est l'antithèse de la mort.

Ce n'est pas une actualité particulière qui nous a menés vers Patricia Mazuy, mais la meilleure des raisons: notre admiration pour ses films et pour la place très singulière qu'elle occupe aujourd'hui dans le cinéma français. Le confinement n'était pas au programme de cet entretien et pourtant, la conversation a parfois fait écho à d'autres articles de ce numéro : la circulation et la restauration des films, l'économie fragile de la distribution, le statut incertain des créateurs...

Bruce Baillie, mort le 10 avril 2020 à l'âge de 88 ans, fut l'une des plus grandes figures du cinéma expérimental américain, l'un de ses pionniers les plus géniaux et influents, au même titre que Stan Brakhage,Jonas Mekas ou Kenneth Anger. Mais on ne dit pas grand-chose en disant cela tant le terme vague « expérimental » recoupe des techniques, des formes et des approches différentes. Sommaire. Fondu dans la lumière. For Bruce.

Une même raison pourrait combler ou au contraire décevoir les admirateurs de David Cronenberg face à son nouveau filin, réalisé huit ans après le précédent ("Maps to the Stars") : au premier abord, "Les Crimes du futur" semble être une compilation de tout son cinéma, en particulier de toute sa veine SF, qui va de "Stereo" (1969) à "eXistenZ" (1999). Mais il serait cependant dommage de ne voir dans la dimension rétrospective de ce dernier film qu'un auto-remake de sa filmographie ou, pire, le symptôme d'un manque d'inspiration ou d'une incapacité à se renouveler. Sommaire.

Serge Bozon étonne à chaque nouveau film, désarçonnant parfois jusqu'à ses admirateurs. Précieuse qualité, que "Don Juan" inscrit dans son déroulement même, imprévisible, entropique, parfois contradictoire. Sommaire. L'homme orchestre. Pas le temps de rêver : entretien avec Serge Bozon.

La beauté de "Frère et soeur", en compétition dans la Sélection officielle cannoise et en salles le 20 mai, a rendu urgent notre désir de rencontrer Arnaud Desplechin, avec qui les "Cahiers" ne s'étaient pas entretenus depuis 2008. C'était au moment d'"Un conte de Noël", jalon de la veine familiale de son cinéma avec laquelle son dernier film renoue tout en y apportant une frontalité et une luminosité inédites.

Marco Bellocchio va présenter à Cannes sa première série, "Esterno notte", où il revient sur l'affaire Aldo Moro, déjà abordée en 2003 dans "Buongiorno, notte". L'an passé, nous découvrions sur la Croisette le très beau, et toujours inédit en France, "Marx peut attendre", documentaire consacré au suicide de son frère jumeau Camillo, et aux effets de cette mort sur sa famille et son oeuvre.

"Old", l'un des plus beaux films de l'année 2021, n'a pas contredit le grand attachement que les "Cahiers" ont toujours eu pour M. Night Shyamalan. Par sa façon de travailler très directement sur l'imaginaire et le mythe tout en restant fidèle à son goût de la litote et du réalisme, soit à contre-courant de la surenchère spectaculaire et du recyclage mercantile, il continue à occuper une place très singulière, et même salutaire, au sein du cinéma américain.

"Plumes" a été l'une des grandes découvertes, peut-être la plus grande, du dernier festival de Cannes, où il a reçu le Grand Prix de la Semaine de la critique (notons que les quatre meilleurs films de cette sélection sortent tous ce mois-ci, puisque "Bruno Reidal", "Rien à foutre" et "Petite nature" en faisaient également partie). Ce premier long métrage de l'Egyptien Omar El Zohairy présente quelque chose de plus rare qu'un très bon film supplémentaire : un sentiment d'inédit. Sommaire. Pondu au noir, la critique du film. Un Sisyphe, entretien avec Omar El Zohairy

La ressortie en salles de sept films de Jacques Doillon ("Les Doigts dans la tête"," La Femme qui pleure", "La Drôlesse", "La Vie de famille", en mars ; "La Vengeance d'une femme", "Le Petit Criminel", "Amoureuse", en avril en 2022) offre une belle occasion de retrouver ce cinéaste majeur que les "Cahiers" n'ont cessé de suivre. Il nous a chaleureusement accueillis dans sa maison normande pour évoquer son parcours, mais aussi "CE2", son dernier film, actuellement bloqué pour des raisons qu'il explique ici.

Un ample et passionnant numéro (le 120) de plus de 260 pages, célèbre à la fois les 30 ans de la revue "Trafic" et sa fin. Ou du moins sa mutation. Retours subjectifs sur cette revue essentielle. L'article se conclut par l'analyse de Simon Pageau, auteur d'un mémoire sur "Trafic" et critique à la revue "Apaches", intitulée "Influence de "Trafic"".

Avec "Petite Solange", Axelle Ropert fait preuve d'une double audace : filmer un drame en apparence petit, banal, et le faire au premier degré, au ras des sentiments. C 'est l'histoire courante d'un divorce, mais tel qu'il est vécu par une adolescente, Solange, 14 ans (Jade Springer), découvrant le désamour progressif de ses parents, subissant leur séparation puis la vente de la maison familiale.

A l'occasion de la rétrospective intégrale proposée par la Cinémathèque française jusqu'au 28 février 2022, ainsi que de la ressortie en salles (depuis décembre et jusqu'en avril) et en DVD et Blu-ray de quatre de ses films - "La Petite Voiture", "Le Lit conjugal", "Le Mari de la femme à barbe", "Dillinger est mort" -, retour sur ce grand cinéaste inclassable qui fit un pont entre la comédie italienne et la modernité la plus iconoclaste.

Peut-on faire le remake de l'irréparable ou du définitif ? "Au hasard Balthazar" apparaît comme l'un de ces gestes qui n'appellent aucun post-scriptum, aucune reprise : le film de Robert Bresson semblait lui-même fermer les yeux avec son âne tutélaire, mourant silencieusement dans un champ. Comme l'écrivait André Bazin, on ne meurt pas tous les après-midis. En remettant un âne sur la route des avanies, Jerzy Skolimowski ne serait-il qu'un équarrisseur "arty" en mal d'inspiration, se payant sur la bête de Bresson ?

S'il est difficile, devant tout premier long métrage, de résister à la tentation de chercher des influences, c'est particulièrement le cas pour "Astrakan", tant David Depesseville ne dissimule pas son héritage. Sommaire. "L'enfance mue" présente la critique du film par Fernando Ganzo. "Une certaine famille", entretien avec David Depesseville.

Propositions déroutantes, durées atypiques et pas de côté de la part d'auteurs attendus : la 81e Mostra de Venise aura au moins eu le mérite d'intriguer.