Le doute n'est plus permis, le commerce est en pleine mutation en 2019. Sous l'impact du digital, il se transforme afin de répondre aux nouvelles pratiques et attentes des consommateurs. Les repères historiques sont mis à mal par les nouvelles habitudes de consommation et les évolutions des désirs des clients. La défiance de ces derniers envers la grande distribution et leur propension à se tourner vers l'achat en ligne rebattent les cartes.

Peut-on afficher des valeurs humanistes et diriger un géant de la grande distribution ? Portrait de Michel-Edouard Leclerc, un homme tiraillé par ses contradictions.

La FNSEA, Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, est le premier syndicat agricole français en 2019. Il défend les agriculteurs et fait en sorte qu'ils ne soient pas trop lésés par les distributeurs lors des négociations commerciales. Lors des Etats généraux sur l'alimentation, il a ainsi largement pris part aux consensus qui ont été trouvés entre chaque partie.

Pour Michel Biero, directeur exécutif achats et marketing du distributeur Lidl France, la loi Egalim passée en 2018 dans le but d'améliorer les relations entre agriculteurs et distributeurs n'est pas à la hauteur. Il estime que les premiers vont continuer à être mal rémunérés par les seconds. Les mesures prises concernant les prix bas et les promotions ne lui semblent pas assez fortes, d'autant plus qu'elles reposent généralement uniquement sur le bon vouloir des distributeurs.

En proie à une importante déflation de près de 5 % par an depuis plusieurs années, la filière laitière française pourrait stopper cette hémorragie suite aux décisions prises lors des EGA, Etats généraux de l'alimentation. A cette occasion, plusieurs accords ont en effet été trouvés entre les distributeurs et les industriels afin de mieux rémunérer les éleveurs et agriculteurs. Les prix pourraient grimper de 10 % par rapport aux précédents contrats.

Chaque année, 3 milliards de coupons de réduction sont émis par les distributeurs et industriels sur le territoire français, et 350 millions sont utilisés par les consommateurs. En 2019, avec le passage de la loi Egalim sur la régulation des promotions, ces coupons prennent une nouvelle valeur et deviennent un moyen encore plus intéressant pour fidéliser les clients et continuent à leur proposer des prix attractifs. A peine trois mois après le début de l'application de la loi, le nombre de bons référencés avait déjà progressé de 15 %.

Ce juteux marché, jusqu'ici aux mains de quelques spécialistes, est aujourd'hui convoité par les enseignes traditionnelles.

11% des sites logistiques sont automatisés dans le secteur de la distribution, en France, en 2019 selon Scallog. L'automatisation gagne ainsi du terrain et pas uniquement dans le domaine du e-commerce. Cette évolution concerne aussi les approvisionnements des magasins, y compris dans le secteur alimentaire, bien que le déploiement des outils soit rendu plus difficile par la nature des produits.

Coconstruire des entrepôts robotisés avec ses clients. Tel est l'axe stratégique à travers lequel le cybermarché britannique Ocado développe sa nouvelle entité Ocado Solutions, chargée de commercialiser les solutions d'entrepôt et de livraison clé en main du pure player britannique. Le premier contrat a été signé en novembre 2017 avec le groupe Casino, pour lequel l'activité commencera en 2020. Depuis, des contrats ont été conclus avec Kroger, aux États-Unis, Sobeys, au Canada, ICA en Suède et, prochainement, Marks&Spencer, en Angleterre.

Après plusieurs années de profusion dans les enseignes françaises de la grande distribution, l'heure est aujourd'hui à la rationalisation des assortiments de produits de grande consommation (PGC) dans les points de vente. Une mauvaise nouvelle pour les industriels qui tirent leur croissance des innovations et des nouveautés. Pour s'en sortir, ils jouent la carte de la différenciation avec des produits novateurs attractifs et répondant aux nouvelles attentes des consommateurs. Par exemple dans l'alimentaire, les produits sains ont le vent en poupe.

L'industrie agroalimentaire française a terminé l'année 2018 sur un CA de 176,1 milliards d'euros, en croissance de 1,5% par rapport à 2017. 3288 entreprises ont été créées, pour un total de 17 253 établissements, employant 427 59 personnes. A l'occasion de la présentation du bilan économique 2018 du secteur, l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) a dénoncé des négociations commerciales 2019 désastreuses et une guerre des prix toujours vives entre les enseignes.

Malgré la loi Egalim, passée en 2018 sur les relations entre les secteurs agricoles et alimentaires, plusieurs députés trouvent toujours, en 2019, que l'équilibre entre fournisseurs et industriels n'est pas respectée. Les seconds, notamment les grands distributeurs, bénéficieraient toujours d'une latitude trop large, par exemple sur les réductions de prix dont souffrent ensuite les agriculteurs. Une commission d'enquête a été créée à l'Assemblée Nationale afin de se pencher sur les pratiques de la grande distribution et ses relations avec les fournisseurs.