Pour son troisième long métrage (non compris sa collaboration à la série "10%", coordonnée par Cédric Klapishc et le sketch du film collectif "X-femmes", interrogeant la sexualité féminine), Lola Doillon revient à ses premières amours, celles des enfants. Pour les exprimer elle a choisi d'adapter le livre de souvenir de Fanny Ben-Ami, qui a échappé à l'âge de douze ans à la barbarie nazie en s'enfuyant en compagnie d'une bande de gamins plus jeunes qu'elle encore à travers la France.

Le cinéma a largement pris sa part dans le débat de la question irlandaise, une part houleuse ranimée par la sortie du "Vent se lève", ouvertement anti-Britannique, tant la Couronne y impose violemment sa loi. Les accents patriotiques du "Michael Collins" du réalisateur irlandais Neil Jordan témoigne qu'aborder la question irlandaise reste toujours sujet à polémique. Pourtant, la lutte pour l'indépendance, la blessure de la partition, les luttes armées qui ont perduré, l'immigration transatlantique constituent de formidables thématiques cinématographiques.

Pour un coup d'essai, Laurent Larivière a tout simplement livré l'un des plus films français de la saison. Un film noir d'aujourd'hui avec des personnages au destin englué, qui nous offre un très beau face-à-face entre Louise Bourgoin et Jean-Hugues Anglade, qui trouvent conjointement ici l'un de leurs plus rôles. Elle incarne une jeune femme au bout du rouleau, qui butte contre les parois d'une société fermée. Il est son oncle, propriétaire d'un chenil dont les coulisses ne sont guère ragoutantes.

L'oeuvre de François Ozon attire indubitablement l'attention. Parce qu'elle est foisonnante, le cinéaste parvenant tant bien que mal à nous livrer un nouveau film chaque année, quelle que soit l'ambition du projet. Mais aussi parce qu'elle est des plus variées, Ozon alternant volontiers des oeuvres grand public, qui d'ailleurs cartonnent sans se faire prier, avec des films plus fragiles, souvent plus douloureux.

Philippe Lioret le dit une nouvelle fois dans les pages qui suivent : la mise en scène est belle quand on ne la voit pas. De fait, il fait partie de ces metteurs en scène dont on ne distingue pas la signature d'emblée, qui cherchent à s'effacer derrière un sujet, une émotion, ou des comédiens.

Parce qu'elle a longtemps contribué à l'écriture des films de son père, Gérard Oury, parce qu'elle veille depuis qu'elle est passée à la réalisation, avec "La Bûche", à conférer à ses films une certaine fantaisie, beaucoup considèrent Danièle Thompson comme étant avant tout au service de la comédie.

Expérimental, "Mon garçon" l'est sans le moindre doute. La façon dont s'est effectué le tournage, sans que le comédien principal, par les yeux duquel défile tout le film, et que nous ne quittons jamais, ne serait-ce que d'un iota, n'ait eu accès au scénario, découvrant au fur et à mesure ce que le personnage allait voir, est pour le moins peu commune. A y regarder de plus près c'est même à une expérience révolutionnaire que s'est livré Christian Carion qui, dans ses quatre films précédents, nous avait davantage habitués à un certain classicisme.

Un journaliste de guerre, dont l'ami photographe vient de mourir près de lui pendant un reportage, enquête à la demande du Vatican sur une apparition de la Vierge à une jeune fille de 17 ans, dans le Sud de la France. Le sceptique qui a tout connu approche un continent qu'il ignorait. Après "Quand j'étais chanteur", "A l'origine", "Marguerite", qui évoquaient déjà les limites et les élans de la passion, du mensonge, du jugement des autres, Xavier Giannnoli nous parle de la dialectique de la mystification et du Mystère...

Le critique Yves Alion s'est départi des remous de l'affaire Weinstein pour livrer la critique du dernier opus de Woody Allen, "Wonder Wheel". Selon le critique, le film recèle tous les mécanismes qui fait la patte du réalisateur. Le spectateur y retrouve New York, les affres des relations familiales, des gangsters et un très beau portrait de femme.

Nous avons adoré il y a quatre ans le court métrage qui devait remporter un César, avant d'être nominé aux Oscars, "Avant que de tout perdre". L'histoire d'une femme et de ses deux enfants, pressés de quitter le domicile familial pour aller se réfugier en lieu sûr, à la barbe du maître des lieux. Une opération commando menée tambour battant, distillant un suspense digne d'Hitchcock sans jamais nous faire perdre de vue l'humanité des personnages. "Jusqu'à la garde" est clairement la suite de ce coup de maître.

Certains s'en réjouissent (pas tous), la politisation souvent spectaculaire qui s'était emparée de chaque secteur de la société française après mai 1968 subit un reflux qui peut sembler inexorable. Fenêtre ouverte sur le monde, le cinéma témoigne volontiers de cette propension à désormais regarder ailleurs ... Il reste pourtant quelques résistants qui, régulièrement, nous rappellent que l'homme ne vit pas que d'amour et d'eau fraîche et qu'il s'inscrit dans un rapport de classes qui survit autrement à la disparition progressive de l'identité ouvrière classique.

Tout le monde s'accorde pour dire que "Burning" est l'un des grands oubliés du palmarès du dernier Festival de Cannes. C'est pourtant un film magnifique, qui nous séduit, avant de nous entraîner par monts et par vaux, parfois sur de fausses pistes, qui fait mine de se livrer pour mieux nous échapper dans la séquence suivante, qui nous intrigue et nous fascine.

Adapté du roman éponyme de Romain Gary, "La Promesse de l'aube" est assurément l'un des films les plus attendus de cette fin d'année. Eric Barbier et ses producteurs ont mis la barre haut concernant l'un des films les plus coûteux de la saison, mais qui évidemment nous en met plein la vue, nous entraînant depuis les années 20 jusqu'aux lendemains de la guerre à travers plusieurs pays, et même plusieurs continents. Il est vrai qu'avant d'être l'objet d'un roman, la vie de Romain Gary fut des plus romanesques.

En ce mois de novembre 2017, le 37e Festival d'Amiens célèbre Alain Cavalier dans une large rétrospective. Depuis son premier long métrage, "Le Combat dans l'île" en 1962, son oeuvre est marqué par une exigence formelle toujours plus grande. Et, malgré cette intransigeance, ou plutôt grâce à elle, il a obtenu un reconnaissance internationale incontestable dès le triomphe de "Thérèse" à Cannes en 1986. Dans son bureau, (faut-il dire atelier ?

Le cinéma français a réussi à débaucher trois flics pour son usage exclusif : Michel Alexandre, à qui l’on doit (entre autres) les scénarios de "L.627", "Le Cousin" et "Les Voleurs" ; Simon Michael, qui a beaucoup œuvré pour Claude Zidi (à commencer par "Les Ripoux") et Pierre Jolivet ; et Olivier Marchal aussi à l’aise devant et derrière la caméra (et à l’occasion sur les planches). Avec "Carbone", Marchal nous livre son cinquième long métrage (sans compter films de télé et séries).

Il est de tradition de ne pas rendre compte dans une revue ou un journal des ouvrages signés par un collaborateur. C'est le prix de l'objectivité. Que l'on nous permette de faire une exception (en réalité, c'est la seconde fois, puisque nous avions il y a peu rendu compte du superbe album de Gérard et Julien Camy sur le sport au cinéma) tant la bio de Jean Rochefort par Jean-Philippe Guerand nous semble incontournable. Au travers des 600 pages (dont 500 de texte , un texte dense) du livre, c'est évidemment un destin hors du commun qu'il nous est donné de revisiter.

Les histoires d'amour (qui finissent mal en général si l'on en croit le titre du premier film d'Anne Fontaine) concernent au sens large et chaque année une portion importante de la production cinématographique. Mais pour un film qui nous fait réellement battre le coeur, combien de comédies formatées dont on sait tous les rebondissements dès les dix premières minutes ?

Il y a quelques mois, Jean-Pierre Bacri faisait feu de tout bois dans "Le Sens de la fête", le petit dernier du tandem Toledano / Nakache. Il y incarnait le patron d'une boîte d'évenementiel chargé du bon déroulement d'un mariage un peu huppé. "Place publique" se déroule également presque exclusivement dans le cadre d'une fête, en l'occurrence une pendaison de crémaillère. Où Jean-Pierre Bacri prête ses traits à un animateur radio sur le déclin. Et c'est justement son statut que le film va interroger, entre autre.

Les histoires d'amour (qui finissent mal en général si l'on en croit le titre du premier film d'Anne Fontaine) concernent au sens large et chaque année une portion importante de la production cinématographique. Mais pour un film qui nous fait réellement battre le coeur, combien de comédies formatées dont on sait tous les rebondissements dès les dix premières minutes ?

Il y a quelques mois, Jean-Pierre Bacri faisait feu de tout bois dans "Le Sens de la fête", le petit dernier du tandem Toledano / Nakache. Il y incarnait le patron d'une boîte d'évenementiel chargé du bon déroulement d'un mariage un peu huppé. "Place publique" se déroule également presque exclusivement dans le cadre d'une fête, en l'occurrence une pendaison de crémaillère. Où Jean-Pierre Bacri prête ses traits à un animateur radio sur le déclin. Et c'est justement son statut que le film va interroger, entre autre.

La Quinzaine des réalisateurs a 50 ans. Enfin pas tout à fait. La Quinzaine est née en 1969, elle n'a donc que 49 ans. Mais l'édition 2018 marque bien son cinquantième. Enfin pas tout à fait. Car la Quinzaine n'a adopté cette appellation qu'à partir de 1970, la première sélection ayant été baptisée Cinéma en liberté. Mais reconnaissons que tout cela importe assez peu et que l'occasion était belle de souhaiter un joyeux anniversaire à la section parallèle, sans laquelle Cannes ne serait plus Cannes.

"En guerre" ne nous prend pas par surprise. Tant sur le plan thématique que sur celui de la mise en scène, nous renouons avec ce qui avait fait le prix de "La Loi du marché", il y a trois ans. La guerre dont le titre nous avertit est une guerre contemporaine, une guerre civile, une guerre qui ne veut pas dire son nom, mais qui cause des dommages irréversibles. Une guerre en corrélation avec que l'économiste Viviane Forester avait présenté dans un livre resté célèbre, "L'Horreur économique".

Pour célébrer les 50 ans de Mai-68, la ressortie de "Cocktail Molotov", le second film de Diane Kurys, semble tomber à pic. Son premier, "Diabolo Menthe", réalisé deux ans plus tôt, avait fait forte impression et récolte le prix Louis Delluc. "Cocktail Molotov" n'avait sans doute pas provoqué le même engouement lors de sa sortie et n'était plus visible depuis longtemps (le DVD n'a jamais été édité). Notre désir était grand de voir s'il n'avait pas trop vieilli... La réponse est sans ambiguïté : c'est non.

Pour célébrer les 50 ans de Mai-68, la ressortie de "Cocktail Molotov", le second film de Diane Kurys, semble tomber à pic. Son premier, "Diabolo Menthe", réalisé deux ans plus tôt, avait fait forte impression et récolte le prix Louis Delluc. "Cocktail Molotov" n'avait sans doute pas provoqué le même engouement lors de sa sortie et n'était plus visible depuis longtemps (le DVD n'a jamais été édité). Notre désir était grand de voir s'il n'avait pas trop vieilli... La réponse est sans ambiguïté : c'est non.

La Quinzaine des réalisateurs a 50 ans. Enfin pas tout à fait. La Quinzaine est née en 1969, elle n'a donc que 49 ans. Mais l'édition 2018 marque bien son cinquantième. Enfin pas tout à fait. Car la Quinzaine n'a adopté cette appellation qu'à partir de 1970, la première sélection ayant été baptisée Cinéma en liberté. Mais reconnaissons que tout cela importe assez peu et que l'occasion était belle de souhaiter un joyeux anniversaire à la section parallèle, sans laquelle Cannes ne serait plus Cannes.

"En guerre" ne nous prend pas par surprise. Tant sur le plan thématique que sur celui de la mise en scène, nous renouons avec ce qui avait fait le prix de "La Loi du marché", il y a trois ans. La guerre dont le titre nous avertit est une guerre contemporaine, une guerre civile, une guerre qui ne veut pas dire son nom, mais qui cause des dommages irréversibles. Une guerre en corrélation avec que l'économiste Viviane Forester avait présenté dans un livre resté célèbre, "L'Horreur économique".

Benoit Jacquot est un grand amateur de séries noires, mais il n'avait pas pour autant le désir de concocter un film épousant toutes les règles du genre. Ce qui le passionne, encore et toujours, c'est de jeter sur la piste des personnages hors normes qui se livrent à quelques saltos parfois acrobatiques sur le plan des sentiments. Rien n'est jamais simple chez l'auteur des "Adieux à la reine", mais force est de reconnaître que les personnages qui se meuvent ici possèdent un mystère, une opacité sans doute exceptionnels.

Les Fantômes d'Ismaël, le dernier long métrage (à ce jour) d'Arnaud Desplechin a été présenté l'an passé en compétition au Festival de Cannes, avant de sortir dans la foulée dans les salles. Un beau film, tout à fait dans l'esprit de ceux qui année après année s'agrègent à l'oeuvre du cinéaste, pour former un tout aussi cohérent qu'intrigant. Les Fantômes d'Ismaël mettait en scène un trio amoureux, un homme et deux femmes. Lui avait aimé la première, qui avait disparu depuis très longtemps, avant qu'il ne rencontre la seconde.

Les cinéastes sont parfois confrontés au syndrome de l'arroseur arrosé : des biopics les concernant directement commencent à voir le jour. Mais plutôt de l'autre côté de l'Atlantique... Pour ce qui est du cinéma français, Jean-Luc Godard semblait incontournable. Parce que cet homme a construit, parfois à son insu, parfois en connaissance de cause, son propre mythe.

Le palmarès du dernier Festival de Cannes en a surpris plus d'un. Tout le monde ne donnait pas "120 battements par minute" gagnant, mais ses thuriféraires étaient néanmoins nombreux. Et pour cause, le film accompagne des personnages qui jamais n'essayent de jouer au plus malin avec nous, dans leur déchéance. Il revient sur les années où le sida faisait des ravages effrayants au sein de la communauté homosexuelle.